Critiques

Beatrice Dillon

Workaround

  • PAN
  • 2020
  • 42 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Il y a de ces albums qui ne passent pas inaperçus lorsqu’ils sont lancés dans l’univers, et c’est le cas de l’électro-acoustique Workaround de Beatrice Dillon, paru le 7 février dernier.

Formé de 14 titres à un tempo constant de 150 bpm, cet album de 42 minutes est considéré comme celui qui affirme les débuts prometteurs de la carrière de la jeune Londonienne et qui lui a valu des éloges en tant que nouvelle figure de la scène électro britannique. Et pour cause.

Enregistré à Londres, Berlin et New York, Workaround est le fruit mûr de trois années de travail à travers lesquelles Dillon a peaufiné avec une rigueur incontestable un style qui fusionne son intérêt pour le rythme, les musiques africaines et la musique de club. Il en ressort un heureux nectar rythmé et décloisonné à la fois qui captive et intrigue avec originalité et fluidité. Se considérant comme une fan d’albums ambitieux selon The Guardian, Beatrice Dillon s’est formée l’oreille pendant les heures où elle travaillait comme disquaire à Londres et, on ose croire qu’avec le recul que permettent les années que Workaround est à la hauteur de ses standards.

Après l’album Studies I-XVII for Samples and Percussion qu’elle a créée avec Rupert Clervaux en 2015, soit un an après Blues Dances (2014), c’est sans surprise que l’on constate que le rythme occupe de plus belle une place centrale dans Workaround, à mi-chemin entre l’expérimentation et la stabilité d’un groove auquel contribuent des influences afro-antillaises que l’artiste intègre ingénieusement.

Les rythmes hypnotiques se superposent parfois, ceux-ci sont régis par leur temporalité propre, créant une vague qui nous submerge alors qu’on flottait sur un ostinato de synthétiseur. Beatrice Dillon accorde une place importante aux instruments acoustiques comme le tabla (Kuljit Bhamra) et le violoncelle (Lucy Railton), ce dernier étant surtout utilisé de manière non conventionnelle pour en faire ressortir des qualités timbrales expérimentales (Workaround Five).

À ces instruments acoustiques s’ajoutent également des échantillons, la voix traitée de Laurel Halo (Workaround Two), et des lignes planantes aux synthétiseurs et à la guitare pedal steel. De cette instrumentation découlent des sonorités riches et organiques par rapport aux rythmes découpés et fixés au quart de tour.

Le mixage (James Randbrillant) est une ode à la spatialisation qui appuie l’expression et met de l’avant les variations rythmiques et timbrales. Munissez-vous d’une bonne paire d’écouteurs pour mieux apprécier les subtilités de Workaround, car on a affaire ici à un album marquant qui a beaucoup de caractère et qui nous fait danser dans la tête.

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