Beak>
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- Invada Records / Temporary Residence Ltd
- 2024
- 52 minutes
Beak> est un groupe fascinant. Ce projet de Geoff Barrow (Portishead) avec Billy Fuller et Will Young s’amuse à mélanger le krautrock, la musique électronique, le rock britannique et fusionne le tout dans un mélange toujours surprenant. Pour ajouter à la surprise, le groupe parachutait sans crier gare le 28 mai dernier. Un petit bijou comme le groupe sait faire.
Six ans se sont écoulés depuis la sortie >>>. Entre-temps, la formation a été active, signant notamment une trame sonore de film. Mais il manquait le matériel pur et dur de Beak> et c’est exactement ce que le trio livre sur >>>>. En s’inspirant des sonorités de son premier album, le groupe continue de creuser les contrées de la création musicale avec un courage peu commun.
Il y a tant à dire sur ce quatrième album. Strawberry Line ouvre l’album avec ses huit minutes de rock quasi progressif qui débute lo-fi et prend de l’ampleur au fur et à mesure que le temps avance. C’est magistral. Les chœurs vocaux sont fantomatiques pendant que les claviers se sauvent vers les étoiles comme des lucioles qui échappent à nos doigts par une chaude nuit d’été.
Le groupe propose un album, mais chacune des chansons semble avoir sa propre vie. Il y a de nombreux moments où la basse est tout simplement délicieuse. C’est le cas pour la groovy The Seal qui encore une fois devient de plus en plus nerveuse au fur et à mesure. La petite guitare nerveuse nous garde sur le fil tout au long de l’écoute, comme si les choses allaient exploser, mais finalement, tout avance magnifiquement. C’est aussi le cas de Secrets qui offre une basse bien coulante qui rappelle un peu le son de la English Rivera de Metronomy. Ce même genre de cool à l’anglaise qui joue bien sur les contrastes entre les attaques dynamiques et les moments qui s’étirent.
Ah Yeh joue sur des percussions franchement efficaces et une guitare qui les suit avec discipline. Hungry We Are vient offrir un moment plus mélancolique bienvenu à travers l’excellente collection de chansons. Un petit son rétro s’y glisse et la simplicité de l’instrumentation magnifie la voix qui est entourée d’une réverbération parfaite. Denim joue de sonorités plus étranges avec tout le talent qu’on connaît à Beak>, Windmill Hill offre une proposition plus musclée, Bloody Miles groove encore énormément et Cellophane termine l’album avec panache.
C’est l’une des meilleures sorties de l’année et je vous encourage fortement à ne pas bouder votre plaisir. Si le rock audacieux et aventureux avec une bonne dose de flegme britannique est votre tasse de thé, Beak> saura vous sustenter.