Critiques

Beach House

Once Twice Melody

  • Sub Pop Records
  • 2022
  • 85 minutes
7,5

Formé de Victoria Legrand et Alex Scally, Beach House a toujours revendiqué en toute liberté ses influences : The Cure, Cocteau Twins, Slowdive, This Mortal Coil, pour ne nommer que celles-ci. Un nouvel album de la part des porte-étendards de la dream pop est toujours attendu avec impatience par les fans. Malgré les évidentes ressemblances avec les artistes susmentionnés, le duo s’est démarqué par les nombreuses couches de claviers et de guitares qu’il greffe à ses chansons, mais aussi grâce à l’apport vocal de Legrand qui a toujours varié entre intimité et luminosité.

En 2018, Beach House avait remis son modus operandi créatif en question avec 7. En collaborant avec Paul Kember, alias Sonic Boom, les guitares de Scally avaient alors acquis plus de mordant sans perdre leur fort penchant vaporeux. Un excellent disque.

Pour ce 8e long format studio en carrière, le tandem a choisi de se faire confiance en se chargeant entièrement de la réalisation. Enregistré dans trois studios différents, faisant appel aux vaillants services du batteur James Barone et de l’arrangeur David Campbell, voici Once Twice Melody; une ambitieuse création réunissant dix-huit chansons en un peu moins de quatre-vingt-dix minutes. De novembre dernier jusqu’à aujourd’hui, ce nouvel album a été partitionné et révélé en quatre segments distincts afin d’en faire la promotion. Le processus de création menant à la naissance de ce nouveau-né a bien sûr subi les contraintes imposées par la désormais légendaire pandémie. Scally et Legrand ont pu alors passer plus de temps à peaufiner et à orchestrer leurs nouvelles chansons.

Contrairement à 7, il n’y a aucune surprise sur Once Twice Melody. Comme toujours, Legrand chante les paradoxes de l’existence et de l’amour, mais en y insufflant une forte dose d’empathie. Dans Many Nights, elle rectifie, avec une sincère tendresse, la perception qui peut parfois envahir l’être humain lorsque l’amour avec un grand A disparaît de son existence :

« Many nights
Spent our light
To a side
Do you recognize?

Many others
Little flowers

Many nights
By your side
Listen high
To suicide

With the stars above you
Do you really want to? »

– Many Nights

Ce disque est assurément le plus cinématographique de la carrière du groupe. Avec le subtil ajout des orchestrations de cordes aux habituels claviers immatériels, Beach House nous offre des chansons encore plus méditatives qu’à l’accoutumée.

Illusion of Forever et Only You Know auraient pu paraître sur Devotion (2008) ou encore sur le sublime Teen Dream (2010). L’inévitable slide guitar fait une réconfortante apparition dans The Bells. Dans Sunset, les synthés expansifs et la guitare acoustique, combinés à la batterie faisant son apparition en conclusion, provoquent une avalanche de frissons. L’album se conclut avec la superbe Modern Love Stories. L’une des meilleures pièces du répertoire de Beach House.

Étant donné la durée exceptionnelle de ce long format, le mélomane avide de structures chansonnières complexes, ou d’intensité sonore, pourrait aisément s’assoupir en écoutant ce disque contemplatif et riche à la fois. Voilà l’œuvre d’un groupe qui fait pleinement confiance au subtil magnétisme de ses chansons en sachant très bien qu’elles feront brillamment leur chemin au fil des écoutes… pour qui sait y accorder le temps nécessaire.

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