Beach House
Depression Cherry
- Sub Pop Records
- 2015
- 45 minutes
Beach House a trois albums plus que satisfaisants à son actif: Devotion (2008), Teen Dream (2010) et Bloom (2012)… particulièrement Teen Dream qui constitue, à notre humble avis, le summum créatif du groupe. Le rayonnement marqué de ces créations a contraint le duo Alex Scally/Victoria Legrand à élargir son amplitude sonore en ajoutant en concert une instrumentation plus variée, ce qui n’est pas tout à fait la marque de commerce qui caractérise normalement la musique de Beach House. Avec Depression Cherry qui paraît cette semaine, le tandem a eu envie de revenir au son plus minimaliste et intimiste des débuts, du moins aux dires de Scally.
Co-réalisé encore une fois avec l’intervention de Chris Coady, est-ce que ce cinquième album est à la hauteur des attentes? À vrai dire, au risque de décevoir certains adeptes de Beach House, on croit sincèrement que la paire amorce son déclin. Ce n’est pas un mauvais disque, tant s’en faut, mais la formule «boîte à rythmes/claviers/guitare» éthérée et nimbée de la voix languissante de Victoria Legrand commence à avoir fait son temps. Et en musique, comme dans la vie, ce n’est pas donné à tous de s’extirper d’une certaine zone de confort afin de se renouveler et faire place à de nouvelles idées… et ce n’est pas bien grave, il s’agit simplement d’assumer cette inaptitude.
Sur ce disque, on entend un groupe prisonnier de son procédé qui, par un manque flagrant de connaissances et de capacités musicales ou encore par simple paresse créative, propose un album linéaire qui ne comporte pas assez de chansons réellement émouvantes ou captivantes. En voulant se réapproprier une partie de son identité, la paire a oublié d’écrire des ritournelles de qualité. Bref, ça manque de sensibilité dans l’interprétation de Legrand et musicalement, ça manque de vigueur et de variations.
On se retrouve donc devant une conception sonore qui met l’accent démesurément sur le penchant immatériel si coutumier à Beach House et, combiné à une faiblesse mélodique évidente, on vient qu’à s’ennuyer ferme à l’écoute de certaines pièces. Space Song, Beyond Love, Wild Flower et Bluebird sont franchement quelconques. En contrepartie, on a adoré la guitare grinçante et la parcelle de singularité entendue dans Sparks ainsi que la vaporeuse/céleste Days Of Candy… et ce Depression Cherry obtient quand même la note de passage grâce à la sublime PPP ponctuée par une conclusion instrumentale répétée ad vitam aeternam et bonifiée par la «slide-guitar» de Scally. Une réussite!
On peut se fourvoyer (et dites-vous bien que ça nous arrive de temps à autre) mais Depression Cherry met en lumière les limites de Beach House. On croit (peut-être à tort) que le meilleur est derrière la formation. À moins d’un sérieux coup de barre imaginatif ou encore avec l’incursion d’un réalisateur assez persuasif pour faire évoluer Scally/Legrand, on assistera lentement, mais sûrement, à la lente agonie du groupe. Sinon, n’hésitez pas à me remettre cette prise de position sur le nez. On est capable d’en prendre!
Ma note: 6/10
Beach House
Depression Cherry
Sub Pop
45 minutes
http://www.beachhousebaltimore.com
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