Critiques

Beach House

7

  • Sub Pop Records
  • 2018
  • 47 minutes
7,5

Depuis 2004, le duo formé de Victoria Legrand et Alex Scally propose toujours des créations intéressantes. Avec un grand disque à son compteur – le génial Teen Dream paru en 2010 – Beach House a depuis fait paraître quelques albums qui ont réussi à solidifier sa « fanbase » sans plus. Bloom (2012) et le dynamique Thank Your Lucky Stars (2015) font partie des bons coups réussis par la formation au cours des dernières années.

La semaine dernière, Beach House présentait 7; un septième album studio caractérisé par un changement majeur dans la recette habituelle de la formation. Le réalisateur attitré, Chris Coady, ne fait plus partie de l’équation. Il est désormais remplacé par le batteur de tournée de la formation, Paul Kember, alias Sonic Boom. Qui dit changement derrière la console, dit aussi changement de méthode de travail. Cette fois-ci, le tandem s’est échiné pendant près de 11 mois dans leur studio personnel, avec Kember derrière la console, afin de produire de nouvelles chansons « réinventées ». Un brassage d’idées fortement désiré par la formation, semble-t-il.

Les extraits lancés au cours des dernières semaines laissaient présager le meilleur, particulièrement la frémissante Dark Spring. Une pièce plus directe et moins « rêveuse » que ce que le tandem avait l’habitude de présenter. Sur ce nouveau disque, Scally et Legrand exploitent, non sans une certaine forme de lyrisme, les thématiques de l’empathie, de la résilience ainsi que les hauts et les bas d’un mode de vie « glamour »… avec à l’arrière-plan ce goût amer qu’a laissé l’élection du beau Donald.

Musicalement, l’aspect immatériel qui caractérisait le son de Beach House fait place à une approche plus pop. Honnêtement, l’admirateur pur et dur du duo pourrait être quelque peu désarçonné aux premières écoutes de ce 7, mais lentement, les mélodies font sournoisement leur place. Le changement de cap tant espéré par Beach House est réussi… sans que ce soit la révolution, tant s’en faut !

Les six premières chansons de ce disque sont absolument magnifiques. De Dark Spring à Dive, la satisfaction est indéniable. À partir de Black Car jusqu’à la conclusion de ce 7, Beach House replonge dans ses vieilles pantoufles laissant l’auditeur avec une impression de redite, de déjà entendu. Une exception : la conclusive Last Ride, qui se termine avec un superbe feedback, redonne du lustre à cette fin d’album.

Parmi les autres bons coups ? Les synthés bondissants caractérisant Lemon Glow, le passage en français dans L’inconnue, assez représentatif des thèmes évoqués un peu plus tôt dans le texte, est réussi et Dive évoque le meilleur des Raveonettes.

Verdict : un remuage sonore pertinent qui, sans atteindre les standards des premiers albums, confirme qu’il est toujours approprié de prendre le risque de modifier sa démarche créative. Un risque peut-être un peu trop calculé dans le cas de ce 7, mais un risque qui mérite quand même d’être souligné.

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