Baroness
Gold and Grey
- Abraxan Hymns
- 2019
- 60 minutes
On devait être dans la première moitié de l’an 2007 quand mon voisin de l’époque m’a prêté deux nouveaux CD qui venaient de sortir. Un album post-metal instrumental de Maserati et le premier LP de Baroness, Red Album. Aujourd’hui, je ne pourrais plus fredonner un air de celui de Maserati mais je peux facilement te chanter tous les riffs et les paroles de ce premier et imbattable effort du groupe de John Dyer Baizley, principal auteur-compositeur et illustrateur du projet.
Après ce premier disque légendaire, les membres du personnel entourant John ont changé souvent et Peter Adams a été le seul membre à être resté dans le groupe suite à l’accident d’autobus qui a failli décimer le quatuor en 2012, pendant la tournée de Yellow & Green. Pete était également présent sur Purple, quatrième et plus populaire album du groupe. C’est en juin 2017 qu’il a annoncé son départ et aujourd’hui, le groupe est complété par la présence de la guitar héroïne Gina Gleason, qu’on a vue avec le Cirque du Soleil, en tournée avec les Smashing Pumpkins et en tant que principale guitare de Misstallica, hommage entièrement féminin à Metallica.
Enfin bref, les fans attendaient Gold & Grey depuis un bon moment. Pour ma part, la courbe de mon appréciation de l’œuvre du groupe ne fait que descendre depuis le premier album, même si j’y trouve habituellement mon compte. J’aime le son de batterie très «In Utero» du Blue Album, la sensibilité à fleur de peau de Yellow & Green ainsi qu’une partie du rock plus accessible proposé par Purple. Est-ce que j’allais trouver chaussure à mon pied avec Gold & Grey, album censé mettre fin au cycle de couleurs entamé dès le premier album?
Malheureusement, je ne peux pas répondre à cette question avec un enthousiasme contagieux. Ce 5e album me laisse plutôt de glace. Il y a bien sûr quelques très bonnes idées qui en ressortent, mais en général, c’est un disque qui revisite un peu tout ce que le groupe sait faire de mieux, mais en n’y apportant rien qui puisse transcender le catalogue antérieur du projet de John. Les critiques lues avant la sortie de l’album parlaient de la puissance des harmonies vocales de John et Gina en évoquant Alice in Chains et je n’ai rien entendu de cette supposée force du disque. Il y a bien sûr quelques bonnes idées distillées ici et là. Toutefois, les chansons plus rock sont gâchées par un mix vraiment trop lourd qui craque dès qu’on monte le son et plusieurs pièces agissent à titre d’agent de remplissage et sont instantanément oubliables. Après quelques écoutes, on arrive facilement à repérer nos préférées (Front Toward Enemy, Seasons, Cold : Blooded Angels, Borderlines) mais on trouve souvent le temps long entre celles-ci.
Évidemment, le groupe a relégué son passé sludge et ses racines métalliques aux oubliettes. Je n’en ai jamais fait un drame, mais c’est la première fois que je m’ennuie aussi fermement du son des premiers EP et du premier album, que je revisite d’ailleurs régulièrement. Je ne crois pas que mon plaisir d’écoute de Gold & Grey croisse avec l’usage. Malheureusement.
Cela dit, j’ai un respect sans limites pour John Baizley et je pourrais passer plus de temps à admirer la magnifique pochette de ce dernier album qu’à l’écouter.