Bagarre
Club 12345
- Entreprise
- 2018
- 43 minutes
Je vais commencer par un aveu : je n’ai jamais été un très grand fan de Bagarre. En fait, pour pousser l’honnêteté à son paroxysme, j’avais un peu choisi de critiquer l’album en m’attendant à me morfondre et pouvoir enfin démentir la rumeur selon laquelle je donne de bonnes notes à tout ce que je critique. Mais je dois avouer finalement que je me suis fait prendre à mon propre jeu, jusqu’à un certain point, en me retrouvant devant un album étonnamment plus solide que ce à quoi je m’attendais. Suis-je sous le charme? Je n’irais pas jusque là, mais je suis un peu plus convaincu, suite à quelques écoutes.
Bagarre, que l’on avait pour plusieurs découverts avec leur EP Musique de club en 2015, poursuit pourtant sur sa lancée. Une musique électro bien compressée, rapide et exaltée et en français par-dessus le marché. Le genre de projets qu’on voit assez peu souvent apparaître, surtout en formule quintette. Mais là où leur précédent opus manquait cruellement de polissage, avec un mix que je trouvais décevant, CLUB 12345 vient sauver les meubles.
Si le groupe a sans nul doute gagné en habileté et en maturité, l’apport de Grand Manier (Yelle), Guillaume Brière (The Shoes) et Anyone (Aamourocean) n’a certainement pas nui. Le résultat est compressé à souhait, « boosté » aux basses et aux rythmes syncopés efficaces. C’est le genre de musique que tu peux facilement entendre dans un club « after-hour » vers 3 ou 4 du matin, alors qu’il ne reste que quelques personnes sur le plancher de danse, fort probablement tous en sueur, à moitié habillé et sur la grosse drogue. C’est donc bien efficace.
Si l’aspect technique est donc sur une pente ascendante bienvenue, la composition pose toutefois encore problème par moment. Les travaux du groupe se faisant sur un cadre égalitaire à cinq, il arrive au final que les chansons soient assez variables en termes de qualité. Des temps morts viennent ponctuer l’album, comme la psychédélique Honolulu, Vertige ou encore la décevante La louve. Ça contraste assez fort avec des « bangers » incontournables comme Écoutez-moi, Béton Armé ou Danser seul (ne suffit pas), qui viennent supporter au complet l’aspect vraiment « club » de l’ensemble. On peut aussi noter que l’album se décline un peu en deux temps, avec une première moitié plus forte que la seconde.
Au final, ce qu’on peut reprocher à Bagarre, ce n’est pas une absence d’inventivité ou un manque de talent, mais plutôt une tendance à un peu trop s’éparpiller entre des tentatives de chansons pop et l’esprit « club » auquel ils ne cessent d’essayer de faire équipe, sans pourtant agir nécessairement en conséquence. C’est une ligne directrice appliquée qui manque aux Français pour offrir une sortie réellement satisfaisante, mais il n’en reste pas moins que d’ici là, Club 12345 offre des compositions prometteuses pour l’avenir. Pour finir, c’est peut-être un peu plus d’humour qu’il faudrait au groupe, parfois trop « self-concious » selon moi. La formule marche présentement bien pour leurs compatriotes de Thérapie Taxi que je trouve somme toute bien rafraîchissants. Bagarre fait parfois preuve d’un peu d’humour, comme sur la conclusive Mourir au club, mais encore une fois de façon quelque peu inconstante, un vilain défaut sur lequel il est impératif de travailler à mon avis.