Critiques

Backxwash

HIS HAPPINESS SHALL COME FIRST EVEN THOUGH WE ARE SUFFERING

  • Ugly Hag Records
  • 2022
  • 38 minutes
8
Le meilleur de lca

Peut-être que Backxwash ne savait pas encore au moment de créer God Has Nothing Do With This Leave Him Out of It qu’elle pondrait une trilogie conceptuelle, mais au moment de lancer His Happiness Shall Come First Even Tough We Are Suffering, c’est clair. C’est aussi limpide pour l’auditeur qui est déjà familier avec son univers. Sans le savoir, ce troisième opus est la conclusion qui était attendue.

Après avoir passé à travers un premier album gothic et par moment un peu cryptique, Backxwash était à fond dans la colère sur I Lie Here Buried With My Rings and My Dresses. Sur His Happiness, la proposition est moins agressive, un peu plus mélancolique. Ce n’est pas léger ou doux pour autant. Il y a encore de ces moments de puissances qui rendent Backxwash si intéressante. C’est le cas sur MUZUNGU qui reprend des discours de pasteurs qui rappelle que Dieu t’invite à t’aimer comme tu es. Elle en profite pour détourner le discours d’une allocution, portant simplement sur l’acceptation de ses traits ethniques, pour aussi l’appliquer au genre et à la sexualité.

Les références religieuses sont légion sur ce nouvel album qui propose parfois des textes complets autour de concepts tirés de la bible. C’est le cas particulièrement sur ZIGOLO où l’on peut entendre des échantillons d’un pasteur qui parle du péché originel et de la responsabilité d’Ève. Backxwash est rejoint sur la pièce par Sadistik et Censored Dialogue. Même si la colère est moins centrale sur His Happiness, Backxwash ne devient pas douce pour autant. JUJU est un bel exemple de ce feu qui brûle toujours en son sein.

Par contre, l’idée de fin de cycle fait son apparition. Particulièrement musicalement. Sans délaisser le horrorcore fortement influencé du métal, il y a des essais dans de nouvelles zones musicales. C’est le cas sur MULUNGU qui est un peu industrielle, mais qui emprunte aussi dans la pop contemporaine. C’est aussi vrai sur MUKAZI qui pige dans le Motown. Celle-ci débute d’ailleurs avec les lignes suivantes :

I wanna tell you that you made it alive
I wanna tell you no more places to hide
I wanna tell you that even though it was hard
You really know who you are, no need to don a facade

MUKAZI

La pièce fait table rase pour une Backxwash qui a trouvé une certaine quiétude à travers une pratique artistique novatrice. Maintenant que le plus gros de la souffrance a été mis en mots et musique, la question qui reste est : où aller maintenant ? Quel sera le prochain chapitre? Comment le projet va-t-il évoluer? Si toutes ces questions sont envoyées dans les airs avec His Happiness, l’album conclut bien cette trilogie coup de poing qui aura tracé dans une ligne dans le sable pour l’horrorcore.

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