Il y a des choses que l’on peut tenir pour acquises dans la vie, comme le retour du printemps après l’hiver ou encore la douceur du soleil qui se couche sur le Saint-Laurent. De la même manière, on sait qu’Avec pas d’casque livre des albums honnêtes qui bercent à la fois par la poésie et par une légère pointe d’humour accompagnées d’un country-folk aux arrangements magnifiques. Mais comme nous le rappelle Stéphane Lafleur sur Rivages. Rien n’est éternel. Et prendre pour acquis vient avec une certaine dose de remords.

Oui, je m’en veux de croire que vous serez là toujours
— Rivages

Si trop regarder loin dans l’avenir est un jeu dangereux, on peut dire que le présent est un peu plus léger avec Cardinal d’Avec pas d’casque qui se pose aujourd’hui. On retrouve le groupe là où nous les avions laissés à la fin de Nos corps — en ré bémol. Avec quelques années de plus dans la besace, avec quelques nouvelles réflexions, mais toujours avec cette manière de se livrer entièrement en chanson.

Il y a un appel à de la légèreté sur Cardinal. Flamboyons évoque les plus belles journées où le bonheur est à portée de main sur une musique qui pourrait servir d’exemple typique de ce qu’est Avec pas d’casque : des paroles poétiques avec un petit sourire en coin de Stéphane Lafleur, une batterie jazzée de Joël Vaudreuil et des arrangements nuancés et magnifiques de Mathieu Charbonneau et Nicolas Moussette qui ajoute de la chair autour de la trame. Cette quête de légèreté est aussi présente Sortir de la fête, une recherche de calme en dehors du bruit propre comme figuré.

Pour enregistrer Cardinal, les quatre membres d’Avec pas d’casque ont travaillé de concert, en jouant live les pièces. Ça s’entend dans la cohésion des chansons de Cardinal. Ça donne parfois aussi de beaux moments musicaux qui prennent le galop comme à la fin de Collision alors que la slide-guitare ajoute une touche de magie western.

Pendant les 8 ans qui se sont écoulés, Stéphane Lafleur n’a rien perdu de sa plume :

Parfois on croise des regards qui nous percent
Des gens qu’on aime avant même de les connaître
Il faut accepter le mystère
— Accepter le mystère

Dans la même chanson, il cherche le soleil qui se tient à l’ombre. Vraiment, Lafleur a le moyen de créer des images qui sont à la fois poétiques et amusantes. On ne rit pas à gorge déployée, mais on affiche un sourire assurément. C’est vrai aussi pour Mâcher tes bottes, D’autres messages suivront ou encore Le soleil se cherche du stationnement dans l’horizon.

Il y a peut-être peu de choses éternelles, mais les pièces d’Avec pas d’casque ont tous les ingrédients pour traverser l’épreuve du temps pour réchauffer nos cœurs pendant de longues années.