Atari Teenage Riot
Reset
- Digital Hardcore Recordings
- 2014
- 43 minutes
D’abord, il y a eu trois albums sortis en rafale de 1995 à 1999.Trois manifestes anarchistes incroyablement déchaînés qui ont représenté pour plusieurs une coupure définitive avec la musique techno telle qu’on la connaissait auparavant. Ensuite, il y a eu la mort par overdose du bien nommé Carl Crack et la séparation. Ensuite, j’ai passé dix ans à chercher le nouveau Atari Teenage Riot. En vain.
À la surprise générale, les terroristes berlinois sont réapparus avec un nouveau MC (Cx Kidtronix), après une décennie et des poussières de sommeil cryogénique. En 2011, ils ont sorti un album retour (Is This Hyperreal?) très satisfaisant et ils sont venus foutre le feu aux Foufounes Électriques pareil comme si on était en 1998. À tout le moins, cette soirée ressemblait beaucoup à la description du show que Claude Rajotte avait vécu dans ce temps-là. De loin, mon moment favori, parmi les milliers d’heures que j’ai perdus dans ce bar-là. J’ai même fini la soirée en demandant à Nic Endo si Alec Empire et elle avaient dormi dans la glace toutes ces années…
Hélas.
En 2014, le temps a bel et bien rattrapé ATR. Certes, on retrouve ici et là quelques échos de leur glorieux et turbulent passé, mais en gros Reset fait l’effet d’un énorme pétard mouillé. Ce nouvel effort remplace les explosions de violence par des beats dance beaucoup moins hyperactifs. Les textes à la sauce «Big Brother is Watching You» qui étaient également exploités sur le disque précédent commencent à nous mettre la puce à l’oreille: le groupe n’a plus grand-chose de nouveau à raconter. La plupart des nouvelles pièces sont instantanément oubliables, ce qui est quand même étonnant étant donné qu’il s’agit à quelques différences près de la même formation responsable des tonnes de briques que sont Delete Yourself (meilleur titre d’album de tous les temps), The Future Of War et 60 Seconds Wipe Out.
Le disque n’est pas entièrement mauvais, mais presque. Modern Liars est intéressante en raison du contraste entre son gros riff menaçant et son refrain que n’aurait pas renié Cindy Lauper (!!!) et Transducer est indéniablement le clou du spectacle, le seul moment qui nous rappelle pourquoi on était si en amour avec ATR au départ: parce qu’ils nous ont prouvé que le hardcore-punk et la techno peuvent parfois se mélanger sans que ce soit ringard, que c’est comme ça que The Prodigy aurait dû sonner et que ça restera toujours primordial de jaser politique en musique… même si cette jasette ressemble davantage à une bonne grosse engueulade ponctuée de claques su’ a yeule.
Ma note: 4,5/10
Atari Teenage Riot
Reset
Digital Hardcore Recordings
43 minutes
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_ab7Dksqfnw[/youtube]