Ariane Moffatt
Petites mains précieuses
- Simone Records
- 2018
- 41 minutes
Ariane Moffatt n’a pas l’habitude de faire du surplace musical et sur Petites mains précieuses, elle l’affirme de nouveau avec goût, raffinement et intelligence. Parce que Moffatt s’adapte régulièrement aux modes musicales du moment sans toutefois dénaturer son écriture. C’était le cas sur 22h22 et c’est encore ici le cas sur ce nouvel opus.
Cette fois-ci Moffatt plonge dans la disco-pop qui fait de plus en plus partie du paysage musical. On pourrait pointer du doigt Daft Punk pour le retour du style qui fait danser de nombreux jeunes dans les années 70, mais dans les dernières années, les groupes s’y frottant se multiplient : L’Impératrice à Paris, Mitski par moment, Le Couleur ici… bref, il y en a.
Eh puis Moffat dans tout ça? Eh bien, elle se débrouille comme un poisson dans l’eau avec les rythmes dansants, mais langoureux des pièces qui composent Petites mains précieuses. Pour toi est un bon exemple alors qu’on y entend la basse de Philippe Brault, seul collaborateur présent tout au long du processus. Même son de cloche de La Statue qui rappelle plutôt le début des années 90 en rajoutant une certaine dose de mélancolie et de profondeur dans les paroles.
Cyborg fait penser un peu à L’Impératrice avec ses rythmes dansants, sa mélodie aérienne et scintillante. C’est difficile à résister à l’air vocal de Moffatt qui finit en moment quasi Harmonium de voix douce qui s’élève avec des « oh ». Viaduc pour sa part fait référence de manière non subtile à Fever Ray. Même son de claviers, même esthétique sonore… même un peu trop. On dirait de l’emprunt plutôt que de l’inspiration. Par contre, le texte rattrape tout comme la mélodie vocale efficace.
Certaines chansons sont un peu moins efficace, notamment Pneumatique noir qui tombe un peu à plat. On a l’impression à quelques occasions que la pièce va s’emporter un tout petit peu et non, ça reste plutôt linéaire. Puis, à 3 minutes, ça part dans une belle envolée, mais c’est trop peu, trop tard. N’attends pas mon sourire laisse aussi un peu de glace par moment.
N’en demeure pas moins que Petites mains précieuses est un album réussit qui montre à quel point Moffatt avance bien en tant qu’auteure-compositrice-interprète à travers le temps. Elle se réinvente à chaque fois et trouve le moyen de ne pas se dénaturer en chemin. Petites mains précieuses donnent envie de danser et de tendresse. Un album parfait pour l’automne.