Anti-Flag
20/20 Vision
- Spinefarm Records
- 2020
- 31 minutes
Le 17 janvier dernier, le groupe de punk-rock originaire de Pittsburgh, Anti-Flag, faisait paraître son douzième album studio 20/20 Vision. Cet opus arrive trois ans après American Fall qui avait reçu un accueil plutôt favorable des fans, mais aussi de la critique, en dépit parfois d’un son un peu trop pop reproché par certains. Est-ce que l’entrée dans cette nouvelle décennie et le passage à la quarantaine a eu raison de la hargne et de la combativité des anti-drapeau?
Avant que ne démarre la première chanson de l’opus Hate Conquers All, celui-ci s’ouvre sur … un discours de Trump! On ne peut que rester pantois devant autant d’originalité. C’est vrai, depuis son élection, Trump a fait plus de featuring, malgré lui et sur de nombreux albums, que Pitbull dans toute sa carrière. Passé ce court moment, la première chanson prend place et on est alors face à du Anti-Flag « période 2000 » classique. Du mid-tempo, un riff accrocheur et un refrain qui revient comme la neige en hiver. Rien de neuf à proposer pour l’instant, mais il ne s’agit que de la première pièce, voyons donc la suite qui se matérialise par It Went Off Like a Bomb. Pour une chanson qui s’intitule comme telle, l’ensemble est assez mollasson, même si ça reste un titre assez accrocheur tout de même. Un sentiment confirmé par la suivante, pièce éponyme de l’album. Là, on frôle la pop adolescente, limite teenage-movie.
L’énergie reviendra avec Christian Nationalist qui est un brûlot contre les suprémacistes blancs. Le refrain est ultra-efficace et reste dans la tête pendant un bon moment. On passera rapidement sur Don’t Let The Bastards Get You Down, très similaire aux précédentes. En revanche, il convient de parler de Unbreakable qui se veut un hymne rassembleur et qui au final finit par ressembler à une chanson Disney, lorsque le personnage principal s’émancipe au milieu du film (en particulier lors du pont avec le chant en canon). On notera la pièce Un-American aux accents western. Voilà enfin une chanson qui vaut le détour, car elle insiste sur les contradictions de l’Amérique et son fameux rêve américain, et ce, avec l’aide de sonorités country/western, qui elles, symbolisent on ne peut mieux l’imaginaire collectif états-unien, l’image d’une Amérique grande et ancrée dans ses traditions. Jouer sur les contradictions pour évoquer des contradictions, c’est subtil et c’est très bien fait!
Au final 20/20 Vision, n’est pas un mauvais album ni même un bon, c’est un album classique d’Anti-Flag qui contentera aisément les fans les plus fervents du groupe. Cependant, on a l’impression que depuis l’élection de Trump, le groupe s’est recentré sur des problèmes de société uniquement américains. C’est-à-dire qu’on a l’impression qu’ils ont perdu quelque peu l’universalité de leur discours. Auparavant, ils abordaient des thèmes comme l’égalité des sexes, le harcèlement sous toutes ses formes, la cause animale, l’anorexie ou la neutralité des médias. Et c’est dommage, car au final, on a le sentiment que leurs revendications touchent moins de gens et se noient dans la masse des autres revendications de tous bords.
Alors, est-ce qu’au final, la contestation a fini par gagner les masses ou est-ce qu’Anti-Flag se laisse aller à la facilité en usant de ses vieux réflexes? Un peu des deux sans doute, mais on aurait aimé sûrement un peu plus de nuances et de subtilités de leur part cette fois-ci. Au moins pour être surpris…car avec ce 20/20 Vision, ben, on l’a vu venir de loin!