Critiques

Animal Collective

Time Skiffs

  • Domino Recordings
  • 2022
  • 47 minutes
7,5

Les Américains weirdos d’Animal Collective sont fiables : c’est depuis maintenant 20 ans que Avey Tare, Panda Bear, Geologist et Deakin travaillent ensemble et sortent fréquemment des œuvres intéressantes. La composition du groupe ne change pas, tout comme son style pop psychédélique moderne caractéristique qui est toujours présent sur le tout dernier album Time Skiffs. Pas aussi accrocheur que le célèbre Merriweather Post Pavilion, mais plus accessible que le particulier Tangerine Reef, le nouvel album offre des mélodies et des rythmes typiquement inhabituels et agréablement déconstruits sans essayer de paraître différents juste pour être différents.

On sait rarement à quoi s’attendre avec Animal Collective : voix modulées, bruits de criquets et de feuilles mortes, xylophone en milieu aquatique, pop dansante, mais jamais clichée… Avec Time Skiffs, le groupe ne présente pas sa musique la plus surprenante, mais sert tout de même des chansons satisfaisantes et faciles d’approche (pour du Animal Collective).

La touche expérimentale propre au groupe se fait entendre dès la première chanson Dragon Slayer : des synthétiseurs à l’avant-plan, des bruits étranges omniprésents, des chœurs dans les refrains, une orgie d’instruments moins communs, et surtout une jolie mélodie cachée derrière cet agréable fouillis qui se comprend mieux après quelques écoutes.

Entouré d’un début et d’une fin inquiétants, le simple Prester John se fait attendre, mais devient rapidement l’une des chansons les plus accrocheuses de l’album. Malgré son aspect initial confus, la chanson respecte une progression simple, mais originale : une douce voix suivie d’un chant fulminant répétitif et le tout sur un rythme à la basse bien mis en valeur. Pour sa part, l’autre simple Strung with Everything met également en vedette une basse et des percussions qui font bouger les fesses. De différentes voix combinées, aux envolées vocales abruptes en apparence aléatoires, en passant par l’occasionnel piano endiablé, les tournures étonnantes donnent encore une fois l’impression d’une mélodie sans queue ni tête, mais dévoilent tranquillement un résultat bien entraînant et convaincant.

Certains moments passent plus inaperçus à force de ressembler à tout le reste, mais la plupart des chansons ont un petit attrait particulier : la courte, amusante et groovy Walker qui est accompagnée d’un xylophone possédé, la douce et légèrement folle Cherokee, ou bien la langoureuse et planante PasserBy, un style qui se retrouve également sur la jolie conclusion bienveillante Royal and Desire. Bref, l’ensemble donne souvent l’impression d’exister pour faire planer : des moments parfois exaltés, parfois relax, toujours excentriques, mais surtout une énergie euphorique jamais effrayante.

Comme la plupart des albums d’Animal Collective, Time Skiffs semble d’abord indomptable, mais s’apprivoise et s’apprécie assez rapidement. Cependant, le groupe répète une recette gagnante qu’il a déjà réalisée à plusieurs reprises dans le passé. Pour cette raison, la pertinence de Time Skiffs n’est pas évidente, mais sa musique constamment éclatée et accrocheuse fonctionne tout de même bien.

Alors que certains artistes évoluent tranquillement d’un style expérimental à un plus accessible, Animal Collective navigue entre ces deux extrémités à sa guise, plus selon ses envies que les tendances du moment heureusement. Le groupe a en effet l’air de faire de la musique sans aucune restriction; cette liberté et imprévisibilité font partie de son charme ainsi que du plaisir de découvrir sa nouvelle musique.

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.