Andy Stott
Faith In Strangers
- Modern Love
- 2015
- 54 minutes
Andy Stott est un sitedemo.caucteur de musique anglais qui a fait ses premiers pas en techno house avec Merciless (2006), et le minimaliste Unknown Exception (2008). C’est à partir de Luxury Problems (2012) que les oreilles se tendent davantage en réalisant qu’il se passe quelque chose de plus que de la programmation informatique. Bien que la réverbération ait joué sa place sur les deux premiers albums, c’est à partir du troisième que Stott semble avoir réussi à faire respirer ses machines. Ce n’est plus qu’une suite de commandes numériques, mais bien une intelligence artificielle qui s’évade des haut-parleurs par vagues successives. On sent évidemment le subterfuge, mais c’est tellement plaisant qu’on lui accorde la même crédibilité qu’un orchestre acoustique.
C’est dans cet ordre d’idée que l’on accueille à bras ouvert Faith In Strangers, un chef d’œuvre de respiration et de spatialisation. La réverbération prend autant de place que l’instrumentation, et donne un effet contrasté hallucinant (on s’imagine des lieux) entre le proche et l’éloigné. Stott reprend l’approche minimaliste dans plusieurs pièces, surtout pour laisser le son s’évanouir, et balance la chose avec du gros électro sale, endommagé et filtré juste à point.
Time Away porte bien son nom, sur un bateau perdu au milieu de nulle part, avec des euphoniums qui traversent l’épais brouillard. C’est monumental. Violence donne le ton avec sa structure dub, sa chanteuse un peu cauchemardesque, et le rythme qui finit par rentrer, non pas dans le tapis, mais dans la structure en acier qui supporte l’immeuble. On Oath est plus aérienne, ailée par des échantillons de voix féminines en forme de new age. Science And Industry repose plutôt sur une base techno, avec des percussions asiatiques et une basse monophonique.
No Surrender débute sur une descente au synth un peu simple, mais est suivie par un montage rythmique au mixage absolument jouissif. How It Was reprend quelque part entre du techno et du dub, avec échantillons de voix et rythmiques en boucle. Damage continue dans une veine plus dubstep. Faith In Strangers se démarque complètement du reste de l’album avec sa forme darkwave, sa chanteuse un peu enfantine et son beatbox. Une belle surprise. Missing termine l’œuvre de façon rock gothique. C’est vraiment étrange à la première écoute, mais ça devient plus concluant une fois que l’on se fait une idée globale de l’album.
Faith In Strangers n’a pas les mêmes moments forts que Luxury Problems, et c’est parfait comme ça. Stott nous laisse l’impression que la musique va tomber dans le vide, mais il la ramène respirer près de nos oreilles tout de suite après. La distance entre le plus petit chuchotement et le beat le plus lourd se rapproche également de l’infini. C’est ce contraste qui donne vie au dernier disque de Stott, et nous fait visiter des lieux vastes, probablement remplis d’étrangers.
Ma note: 9/10
Andy Stott
Faith in Strangers
Modern Love
54 minutes
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