Critiques

André Bratten

Gode

  • Smalltown Supersound
  • 2015
  • 54 minutes
7,5

Andre BrattenGode. On pense d’abord à Dieu, peut-être à un «sex toy». Mais non, ce n’est pas la raison pour laquelle le sitedemo.caucteur norvégien André Bratten a intitulé son deuxième album ainsi. «Gode» en norvégien est un mot polysémique, et peut signifier «privilège» ou encore un instrument agraire des années 1900 (en plus de vouloir dire «bon»). Bratten a donc voulu faire le lien entre l’état privilégié de la société norvégienne actuelle et la précarité de la vie agraire des Norvégiens du début du vingtième siècle. De l’écoute de Gode se dégage une grande noirceur, une nostalgie aussi, et beaucoup de beauté.

André Bratten est un sitedemo.caucteur d’Oslo qui s’est fait connaître avec la pièce Aegis de son premier album Be A Man You Ant en 2013. Depuis, Bratten a fait paraître quelques EP, dont le remarqué Math IliumIon en juin 2015. Par rapport à ses efforts précédents qui étaient assez dansants, Gode se situe plutôt dans l’introspectif et dans l’ambiant. D’ailleurs, à propos de son disque, le sitedemo.caucteur écrit: «Gode is the record I always wanted to make, its where I feel at home and where I can be myself musically» (Gode est le disque que j’ai toujours voulu faire, il est celui qui me fait me sentir à la maison et où je peux être moi-même musicalement). Les synthétiseurs laissent leur place aux pianos préparés, violons, voix, bobines et échantillonnages maison. On se retrouve parfois en territoire techno, parfois en house ou même en néoclassique.

Intro/Cave offre une entrée en matière très douce et agréable, avec la voix de Bratten qui se fait instrument plus que porteur de paroles. Le rythme augmente à la troisième pièce, Philistine, la seule qui pourrait amener sur une piste de danse. Elle est probablement celle qui ressemble le plus aux œuvres précédentes d’André Bratten.

Bivouac commence de façon très expérimentale et se rapproche plus de la musique contemporaine que de l’électro jusqu’à la moitié de la troisième minute, où on revient vers une structure plus habituelle de la musique techno.

Un des moments forts de l’album se trouve dans le duo avec sa compatriote Susanne Sundfør pour Cascade Of Events, une pièce où les basses fréquences contrastent avec la voix fluette de Sundfør, le tout dans une rythmique industrielle.

À mi-parcours, un interlude de 1 minute 11 secondes intitulées Ins. met en scène des violons à la manière d’une lecture sur gramophone détraqué. Dans Space Between Left & Right, on entend des coups de feu, de l’agressivité et ensuite de la sensualité. La pièce la moins intéressante de l’album? La pièce titre malheureusement, assez convenue. Zero témoigne d’une noirceur totale, elle dégage quelque chose de glacial, mais d’obnubilant à la fois. Gode finit sur une pièce de piano qui reprend le titre de son dernier EP. Plus on approche de la fin et plus l’écho se fait prononcer sur la mélodie, terminant le tout dans un grand mélange sonore.

Tout au long de Gode, on ressent qu’André Bratten a un passé de technicien de son et de compositeur pour le théâtre. Un effort particulier est mis sur la balance des sons, sur les crescendos, sur l’émotion et la narrativité. L’album progresse de façon cohérente, sans avoir de temps mort, mais sans coup d’éclat non plus. Plusieurs écoutes permettent de dégager toute la finesse des arrangements. À garder proche des oreilles.

Ma note: 7,5/10

André Bratten
Gode
Smalltown Supersound
54 minutes

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