Alba Lua
Inner Seasons
- Roy Music
- 2013
- 37 minutes
D’origine chilienne, reconnu aux Etats-Unis (et avec un nom hispano-portugais), le groupe de rock alternatif français Alba Lua (la lune de l’aube) transcende toutes les frontières. Labellisé sur Roy Music pour son Inner Seasons, le groupe Bordelais avait déjà sorti un maxi en 2010 du nom de Ballad Of Joseph Merrick chez Sattelite Of Love.
En France, il y a un objectif ultime chez les groupes indépendants; un rêve. Une carotte à laquelle s’accrochent tous les chargés de communication de salle de concert: être cité par Pitchfork. Et ça, Alba Lua n’a pas dû s’en soucier longtemps. Très vite repéré outre-Atlantique par Stereogum et Pitchfork en 2012 pour son titre When I’m Roaming Free, le quatuor a pu parader avec une belle étiquette dans d’excellentes salles européennes.
Avec une réputation scénique solide et de nombreux papiers dans la presse spécialisée, Inner Seasons était très attendu… Et quelle avalanche d’éloges à sa sortie! Des magazines (Les Inrockuptibles ou Magic), jusqu’aux plus petits webzines ou blogues, il s’est établi un consensus autour d’Alba Lua. Les critiques positives se suivirent et se ressemblèrent… Mais ces éloges étaient-ils réellement justifiés?
Oui et non. Tout d’abord, il faut dire que Inner Seasons est terriblement racé. La sitedemo.cauction subtile met en valeur la très belle orchestration de l’album. Avec du gros travail sur la guitare solo, Alba Lua évolue dans un univers euphorique, faussement joyeux et rafraîchissant comme jamais; une ambiance à la Real Estate et une réalisation soignée en plus. Le bon refrain de Clandestine, la mélodie accrocheuse de Permanent Vacation… il y a toujours un élément qui nous fait revenir une deuxième fois sur cet album d’été. Les comptines électriques de Alba Lua, la voix très haut perchée de son leader Clément Alptram sont conçus pour plaire. Les premières écoutes semblent alors aisément confirmer le consensus des critiques.
Les titres possèdent une unité. L’univers du groupe est cohérent. La recette fonctionne… mais voilà, il semble que le même procédé soit utilisé tout au long de l’opus. L’album est lisse. Alba Lua donne l’impression de se satisfaire d’un riff et de la voix particulière de son leader. Le risque ne semble pas exister. Si on était dur, on reprocherait à Inner Seasons de se reposer sur ses acquis. De fait, l’émotion, dont nous voudrions être submergés, est à peine palpable. Les Bordelais semblaient promettre tellement plus qu’un talent certain pour faire de belles chansons.
Un titre s’avère néanmoins ambitieux et nous permet d’espérer un excellent second album. Au milieu du CD se cache Roots, tirant à la fois sur le post rock et la pop, et où Alba Lua semble se défaire des schémas habituels pour s’adonner à des plages musicales dissonantes et inspirées. Le post refrain s’inscrit dans cette logique et propulse ce titre au niveau des meilleures compositions françaises de l’année.
Alba Lua est beau… et le sera davantage dans quelques années, c’est sûr! En attendant, dégustons cette collection de bons titres.
Ma note : 7/10
Alba Lua
Inner Seasons
Roy Music
37 minutes
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