Adele
30
- Columbia Records
- 2021
- 58 minutes
Un album d’Adele fait toujours beaucoup de bruit. Pour ce quatrième album, elle récolte un peu partout les fleurs. Permettez-moi d’être le pot. S’il y a une chose de sûre sur 30, c’est que de nombreuses mélodies sont ampoulées, l’instrumentation, elle, frise souvent le cliché et le show de boucane des capacités vocales d’Adele ne suffit pas à camoufler le ton mélodramatique de ses chansons. On dirait un long plaidoyer de quelqu’un qui a fait un mauvais coup et qui essaie de nous faire croire qu’elle est la victime.
Parmi les coups les plus pendables de 30, l’instrumentalisation de son enfant pour en faire du capital de sympathie sur My Little Love est particulièrement agaçante. On y retrouve une collection de faux enregistrements. Hubert Lenoir a utilisé ce genre de procédé plus tôt cette année, mais il a eu la décence d’utiliser de réels enregistrements et non des mises en scène où elle passe son message de manière trop évidente. Tout se termine avec une Adele complètement dépassée par les événements qui nous braille ça sur enregistrement. J’ai envie de dire : ceci aurait vraiment pu rester dans ton jardin secret, chère Adèle.
Les arrangements quétaines se suivent et s’enchaînent sur 30. Entre la mélodramatique Go Easy On Me où Adele nous rappelle de faire attention à elle, car ce n’est visiblement pas de sa faute… jamais et Can I Get It qui réussit à faire un genre de clin d’œil semi-convaincant à Faith de George Michael et des sifflements qui sentent le réchauffé, on ne s’en tire pas aisément sur 30. Même sur To Be Loved, sur laquelle collabore Tobias Jesso Jr., on se retrouve dans le cliché du piano-voix alors qu’Adele perd toute possibilité d’être touchante puisqu’elle semble plus occupée à nous montrer tout ce qu’elle peut faire avec sa voix. C’est un peu plus convaincant dans les derniers instants lorsqu’elle s’emporte, mais la route est longue pour s’y rendre. Vraiment, 30 est une lente complainte où les clichés de la pop se rencontrent pour offrir un album somme toute anodin. C’est bien produit, mais pas marquant du tout.
Ça ne veut pas dire que tout est mauvais. Oh My God est un exemple de ce qu’Adele peut faire quand elle utilise ses capacités vocales pour créer des jeux ludiques de voix. De plus, elle est beaucoup moins dans le ton pleurnichard qui prévaut sur une bonne partie de l’album. Au niveau des chansons plus intimes, Woman Like Me fait aussi belle figure en se reposant sur une instrumentation nuancée et sobre qui donne la place centrale à sa voix. D’ailleurs, celle-ci a été créée avec Inflo, celui qui est derrière le son de Sault. Hold On qui la suit offre aussi quelques bons moments, même si on récupère de manière un peu superficielle des mélodies déjà entendues et des trucs habituels de la soul. Par moments, c’est efficace, par moments, un peu moins.
Bref, Adele possède un instrument impressionnant qui malheureusement, s’exprime trop souvent sur des pièces remplies de clichés. C’est très difficile de croire à l’honnêteté du témoignage de déchirement de la séparation quand une bonne partie de l’album sert surtout à nous montrer ce qu’elle peut faire avec sa voix. 30 n’apporte rien de nouveau à la table de la pop radiophonique malheureusement.
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