Critiques

Ada Lea

What we say in private

  • Saddle Creek
  • 2019
  • 37 minutes
7

Entre mélancolie et sentiment de renouveau, on se perd et on se trouve dans le cheminement introspectif d’une jeune femme qui, pendant 180 jours, a puisé aux sources de son ressenti, nourrie par le criant besoin d’échapper à la fin d’une relation amoureuse.

What we say in private, premier album d’Alexandra Levy, mieux connu sous son nom de scène Ada Lea, c’est de la pop instinctive qui s’écoute comme si on lisait le journal d’une femme qui mobilise ses émotions les plus sombres comme les plus lumineuses pour servir une ligne directrice à toutes ses remises en question. Même en ayant une vision extérieure des montagnes russes d’émotions de celle qui les transpose dans l’oeuvre, on y demeure accroché sans en perdre l’essence . 

En portant attention à la réalisation dans son ensemble, on remarque qu’au-delà de l’idée d’un journal, l’atmosphère cinématique prédominante transpose l’auditeur au cœur d’un typique film d’adolescent. Ce qui en découle n’a cependant rien d’hollywoodien, puisque la production est simple sans être léchée et les émotions ainsi que le message sont véhiculés avec véracité. Il n’y a donc rien d’éclatant, mais l’ensemble s’éloigne de toutes quétaineries et tout y est pour comprendre et ressentir avec aisance les différentes vagues traversées par la chanteuse. 

L’un des fondements principaux de cette dite atmosphère repose dans la poésie lyrique employée par Levy. À l’écoute de l’album, on y ressent avec passion la démangeaison d’une perte importante qui a mené la chanteuse à réaliser quelque chose d’encore plus déplorable; s’être soi-même laissé de côté. Cet album ne parle donc pas que de cicatrices à guérir et de dépression, mais également d’une incessante quête de reconnecter avec soi. Ce passage de la chanson what makes me sad l’exprime d’ailleurs sans détour :

  « We stared so hard at each other

   We lost all sight of ourselves

   And now I’m feeling vacant from myself »

what makes me sad

L’idée d’un album aux teneurs cinématiques se maintient également dans the dancer lorsque la chanteuse scande : “Somedays I am the daisy, somedays I am the foot”. Ada Lea joue ici avec le concept de la légèreté de la marguerite en la comparant à l’idée que son corps s’alourdit, imageant l’envie d’éclore à travers la lourdeur de ses émotions. 

En plus des paroles, what we say in private s’appuie sur une grande variation de tonalités vocales pour agrémenter sa richesse singulière. Ne soyez donc pas surpris d’entendre Ada Lea chanter doucement, puis crier, puis simplement parler sur un doux riff de guitare et même entendre sa voix subir une réverbération. 

On passerait à côté de quelque chose en oubliant de mentionner l’efficacité des transitions autant dans les chansons qu’entre celles-ci, puisqu’elles aident à mieux ressentir ce qui se passe dans la tête de l’interprète. Insérer des sons captés ailleurs comme la voix d’une petite fille ou le gazouillement d’oiseaux aident notre oreille à se rapprocher de la réalité.

What we say in private n’est pas, somme toute, l’album qui marque l’année 2019 par de nouvelles idées, mais s’inscrit tout de même dans un registre d’albums sur lesquels on se doit de porter attention. Les élans créatifs, mélangés aux émotions d’Ada Lea, se juxtaposent harmonieusement pour créer une entité plus que satisfaisante.

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