Zaho de Sagazan et Christian Sean au MTELUS le 8 avril 2025

Grande habituée de la scène montréalaise, Zaho de Sagazan poursuivait sa tournée nord-américaine avec trois concerts à guichets fermés au MTelus hier soir. Récemment sacrée Artiste féminine de l’année lors des Victoires de la Musique en février dernier, elle venait encore une fois confirmer à son public québécois son côté fédératrice en proposant un concert à son image : électrisant et bienveillant.

Christian Sean

C’est l’artiste montréalais Christian Sean qui ouvrait le bal. Entouré de ses deux musiciens, il venait présenter Hallelujah Showers, son premier album paru au début de l’année. Le groupe livre une prestation aux sonorités électro-pop expérimentales percutantes, avec de solides compositions qui ont tout de suite attisé mon attention. Un choix parfait de première partie locale pour mettre en haleine le public avec un univers rapproché de celui de l’artiste française.

Zaho de Sagazan

Je m’attendais à une entrée fracassante, mais c’est en toute humilité que Zaho de Sagazan arrive sur scène accompagnée de ses 3 « meilleurs copains » comme elle aime les appeler, venant s’installer derrière son piano pour interpréter La Fontaine de sang, qui ouvre également son album La Symphonie des Éclairs, amplement récompensé.

Elle poursuit avec le titre explicitement sombre Le dernier des voyages, dans une pop-électronique assez obscure et énigmatique qui lui est singulière. Sur Mon Inconnu, elle avoue avoir longtemps eu de nombreux coups de cœur sentimentaux sans vraiment les admettre et qu’elle finit toujours par mettre ses pensées en chanson.

Entre les chansons, l’artiste a le mérite d’interagir énormément avec son public pour expliquer chacun de ses titres. Je la sens cependant presque fatiguée de répéter les mêmes discours d’introduction, s’emmêlant un peu les pinceaux dans ses explications. Totalement valable lorsqu’on regarde le nombre de concerts donnés depuis la sortie de son album en mars 2023, faisant d’elle l’une des artistes les plus programmées de 2024.

Elle nous parle de son éternelle sensibilité qu’elle voyait longtemps comme un fardeau. Depuis qu’elle laisse ses émotions s’exprimer au piano, son discours a pris une autre direction, elle énonce comme une sorte de mantra :« Être sensible c’est être vivant, et nous ne sommes jamais trop vivants ». Tout ceci avant de lancer son titre phare : Tristesse.

Le public, attentif, peine à se mettre à danser. Mais pour les 20 dernières minutes du show, Zaho de Sagazan prévient de manière autodérisoire : « finis les petites chansonnettes » et invite la foule à un lâcher-prise complet. Avec Dansez, Hab Sex et Ne te regarde pas, l’artiste-compositrice-interprète et ses musiciens installent une tout autre ambiance : une dark techno dansante aux sonorités métalliques, faisant surchauffer les machines modulaires, synthétiseurs et percussions (jusqu’à la tôle d’acier en guise d’instrument) qu’on oubliait presque dans le décor de scène.

Ce seront 2 reprises qu’elle interprétera en guise de rappel, son fameux Modern Love repris de David Bowie ainsi que Ah que la vie est belle de Brigitte Fontaine, s’octroyant un dernier bain de foule avec son public.

C’est sur fond de Soulwax que le groupe quitte la scène de manière amusée, réussissant le pari remarquable de rassembler toutes générations confondues le temps d’un concert.

Encore 2 soirées avant la fin de ses dates nord-américaines, l’artiste clôturera sa tournée en remplissant 10 dates consécutives à l’Olympia de Paris en septembre 2025. Ses fans s’en viennent même à s’inquiéter de ce rythme effréné. Elle répond elle-même à un commentaire: « Usant pour qui ? Moi je vis ma plus jolie vie ! J’ai créé mon propre label et ma manageuse est ma meilleure copine de lycée. On est complètement indépendantes. Chaque date annoncée depuis 3 ans découle des mes envies et de ma volonté. Si cette tournée ne s’arrête pas, c’est que j’aime trop ça ! »