En cette veille du cinquième mois où la chaleur s’est montrée le bout du nez, l’animation des rues montréalaises faisait loi ; pimpants, tous se pavanaient dans les voies de la ville, à la recherche d’un lieu pour y célébrer leur joie de vivre. Plusieurs d’entre eux se sont arrêtés au Théâtre Fairmount pour assister au concert de Vendredi sur Mer. Fidèle à elle-même, Charline Mignot a charmé l’ensemble des spectateurs en interprétant un heureux mélange de ses deux albums. En première partie, c’est le duo Bronswick qui s’est chargé de donner le goût à nos corps de se dandiner.

Photos par Alexanne Brisson.

Bronswick

Au lendemain du lancement de leur plus récent album Entre mes insomnies, Catherine Coutu et Bertrand Pouyet, accompagné.es d’un troisième musicien à la batterie, ont offert un moment à la fois étrange et fort sympathique, aux lueurs des grandes capes rouges et noires desquelles ils étaient vêtus à leur arrivée. Marqué par plusieurs déplacements, plusieurs mouvements de corps (surtout ceux de Coutu qui, à un certain moment, dansait avec une lumière dans les mains), l’espace était bien occupé. Cela donnait le goût aux spectateurs de faire de même et une belle cohésion s’opérait entre la salle et la scène.  

L’expérience fut agréable, mais je n’ai pas été particulièrement impressionné. Plusieurs moments musicaux ont fait vibrer la foule, la voix et l’énergie de Catherine Coutu étaient captivantes, mais en revanche Bertrand Pouryet était très effacé. De plus, les basses résonnaient parfois trop, enterrant les mélodies, y compris les paroles, ce qui heureusement, n’est pas le cas sur l’album. Leurs compositions calquées sur les codes de ce qui se fait dans la pop actuelle ne m’ont pas marquée non plus. Si je fermais les yeux, sans savoir que Bronswick se retrouvait devant moi, j’aurais très bien pu dire qu’il s’agissait de Paupière. 

Vendredi sur Mer

De retour dans ce lieu qui avait vu son baptême montréalais, Vendredi sur Mer avait toutes les raisons de sourire alors que le public semblait ravi de la revoir. Les deux musiciens qui l’accompagnaient, un à la batterie et l’autre à la basse et au clavier, ont permis de soutenir et même d’élever le rythme imposé par les compositions de la chanteuse suisse. C’est d’ailleurs eux qui ont ouvert le bal alors que VSM préparait sa grande entrée. Il y a plusieurs choses à dire sur cette performance qui en aura valu le détour. La première, celle qui, à mon avis, se veut la plus significative, c’est son énergie et sa prestance. Charline habite la scène avec une telle aisance qu’on a l’impression de la connaître, de danser avec elle depuis nos premiers pas. La seconde, c’est sa capacité à interpeller le public. Non seulement sa musique se veut accessible par sa simplicité enivrante, mais c’est le fait qu’elle soit variée qui la met en valeur. C’est ce qui m’amène à mon troisième point, la qualité de la structure du spectacle.

Bien que VSM préconise un style pop langoureux et dansant qui allie le parlé et le chanté, elle sait aussi bien mettre de l’avant des ballades, des slams, des mélodies 80’s et même des chansons qui me donnent l’impression d’être dans un club. Ce mélange hétérogène où tourbillonnaient tous ses gros succès et quelques belles découvertes fut brillamment structuré. On avait l’impression d’être dans leur manège et pendant un bon moment, on a oublié le monde extérieur en se laissant envoûter par les vagues de basse, les enchaînements de batterie et tout ce qui émanait de l’artiste. Le seul bémol que j’ai envie de mentionner, c’est que c’était un peu moins théâtral qu’à l’Astral lors de son passage aux Francos, mais tsé!  

Somme toute ce fut une soirée rafraîchissante où la foule s’est laissée ensorcelée par la magie dansante qui émanait de la scène. À la prochaine, Vendredi sur Mer !

Crédit photo: Alexanne Brisson