À quelques semaines de lancer leur troisième album, Expert in a Dying Field, The Beths était de passage à Montréal au Bar Le Ritz P.D.B. pour la fin de leur tournée.

Rosie Tucker

Pour ouvrir la soirée avant le programme principal, c’est Rosie Tucker et son groupe qui se sont présenté.es sur scène. Rosie Tucker fait des interventions entre chaque chanson. Si parfois cette habitude peut rebuter des gens, Tucker maîtrise cet art. Chacune de ses prises de parole est courte et humoristique. Par exemple, iel répond à quelqu’un dans la foule qu’il lui hurle qu’il « est torché et veut de la bonne musique », « Well, The Beths va être ici dans quelques minutes, donc… »

Je dois l’avouer, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu une foule aussi attentive pendant une première partie. Ça semble même surprendre Rosie Tucker, qui répète à la fin de chaque chanson « merci, vous êtes trop gentils », un immense sourire collé aux lèvres. La formation a offert une performance convaincante. Ses sonorités indie-pop ont bien mis la table pour The Beths.  

The Beths

Après la sortie de Rosie Tucker, on voit apparaître quatre personnes sur scène, capuchon bien serré autour de la tête pour ne pas révéler leur identité. Ces derniers installent des instruments et testent le son. Au dos de leur coton ouaté, on peut lire GUITAR TECH 1, GUITAR TECH 2, BASS TECH et DRUM TECH 02. Les plus fins observateurs remarqueront rapidement que c’est The Beths, mais personne ne s’énerve outre mesure. Puis, la musique dans la salle s’arrête. La formation néo-zélandaise lance la première chanson, I’m Not Getting Excited. Le public va rapidement à l’encontre de ce titre. Les gens au-devant de la scène se mettent à se dandiner sur le rythme de la musique. Comme The Beths a demandé à la foule de porter un masque, et qu’une partie a obéi, je ne peux dire avec assurance si cette dernière chante ou non avec la formation.

Ce retour à une foule masquée m’a donné l’impression de revenir quelques mois auparavant, alors qu’il fallait se masquer pour assister à des concerts. Mais le plaisir n’était pas moindre. Selon mon impression, la foule s’est rapidement laissée contaminer par l’énergie et le rythme de leurs chansons. Or, un autre spectateur rencontré sur le chemin du retour vers le métro avait une autre version. Selon ses dires, les gens ne dansaient pas autant qu’il s’y attendait. Peut-être étais-je simplement bien placée? Qui sait. Ce que je peux dire, c’est que la fille qui était debout devant moi se tournait vers son amie à chacune des chansons avec tellement d’excitation dans ses yeux que ça m’a fait chaud au cœur. Elle semblait vraiment passer la meilleure soirée de sa vie, dansant et sautant tout au long du spectacle.

The Beths n’est pas le genre de groupe qui en fait des tonnes. Ne vous attendez pas à de la pyrotechnie, à de la danse ou à voir des musiciens courir d’un bout à l’autre de la scène. Non. The Beths laisse plutôt la musique faire le travail. C’est très bien comme ça, comme leurs mélodies sont plutôt efficaces. Or, l’une des particularités du groupe est que tous les membres participent aux chœurs. Malheureusement, j’ai trouvé qu’on ne les entendait pas assez ce soir. J’en aurais pris plus. You Are a Beam of Light, chanson offerte en guise de rappel dans laquelle Elizabeth Stokes s’accompagne uniquement à la guitare appuyée vocalement par les membres du groupe, a prouvé ce qu’ils sont capables de faire vocalement.

Crédit photo: Frances Carter