Concerts

Taverne Tour 2019 : Yonathan Gat & les Eastern Medicine Singers, Yamantaka // Sonic Titan @ Sala Rossa

Dernier soir de Taverne Tour 2019 avec Yonatan Gat & les Eastern Medicine Singers et Yamantaka//Sonic Titan.

 

Yamantaka//Sonic Titan

Via Rail (vous lisez présentement mon seul article qui commencera par Via Rail [du moins, je l’espère]) a, selon toute vraisemblance, tenté de nous prohiber les sonorités titanesques que Yamantaka//Sonic Titan devait nous pousser samedi soir. Plus précisément, l’explosive chanteuse principale du groupe est restée prise dans son train pendant quelques heures dû à une chute de débris ayant fait fuir le carburant et briser quelques vitres. Le groupe [soustrait à sa chamane] a tout de même décidé de donner une performance réduite dans le temps et dans l’effectif; seule la dernière pièce de quatre a été jouée avec la chanteuse, surgie de l’arrière-scène (sans le caractéristique et ésotérique maquillage partagé par les autres membres) vers la fin de la troisième.

{Épineux de juger en 25 maigres minutes d’un groupe privé d’un important pilier; les commentaires suivants sont donc à prendre avec relativisme.}

La performance du groupe, autant seul qu’avec la chanteuse, était somme toute beaucoup moins titanesque que ce que les albums nous font entendre. Heureusement qu’au moins, l’énergie a presque doublé quand la chanteuse est arrivée — et même là on était loin de la puissance du studio… Sinon, les éclairages synchronisés avec la musique étaient un peu fades à mon goût, bien qu’ils étaient techniquement très bien réussis. Et le claviériste poinçonnait beaucoup plus de notes que le mix assez boueux permettait de rendre.

[Aucune conclusion au concert, et donc aucune conclusion à ma critique]

Yonatan Gat

Yonatan Gat et son trio expérimentales aux couleurs profondes et éminemment multiculturelles ont complètement renversé la cadence boiteuse qui s’était installée à la Sala Rossa. Après un solo de batterie (un peu étiré; annonciateur?) amorcé par une introduction d’un des membres des Eastern Medicine Singers, un groupe de musique algonquine provenant de quelques endroits du nord-est des États-Unis, Gat et sa guitare double-manchée sont accourus pour faire détonner le riff principal de Cockfight… et malgré l’introduction qui aurait pu être un peu raccourcie, c’était une des meilleures entrées en scène, un des meilleurs débuts de concert que j’ai vus. Le power trio a un son tellement dense et tellement enveloppant à la fois (l’utilisation presque systématique du manche à 12 cordes n’y est pas pour rien) qu’avec des registres idéaux, il peut sonner comme une tonne de briques.

Les trois instrumentistes ont une excellente cohésion et une énergie qui leur permet d’arranger les pièces en de longs jams sans trop de longueurs. Le danger avec cette façon d’organiser un concert, c’est le choix de la durée de chaque section — dans ce cas-ci, ils ont franchi quelques fois les limites du long. Certaines stratégies de leurs arrangements étaient assez ingénieuses et même passe-partout, dirais-je (comme finir une pièce par une réduction du riff principal en noires staccato punchées par tout le monde), mais ils n’ont pas su les utiliser avec subtilité. Résultat : le début explosif était malheureusement le point culminant du concert.

La descente s’est faite assez lentement cependant; l’énergie de la première demi-heure du concert était encore respectable. Il est très agréable de voir des musiciens talentueux et inventifs — Gat dans ses riffs, le batteur dans les diverses subtilités rythmiques de son jeu, le bassiste dans son timbre et dans ses jeux de pédales — aussi habitués à leur groupe et aussi agités par leur musique. Le punk modal et folklorique du guitariste-compositeur est rafraîchissant, et sa collaboration avec les trois membres des Eastern Medicine Singers l’est tout autant. Le groupe autochtone avait élu domicile au centre de la salle, sur un piédestal cerné d’un grand tambour, et les six musiciens y ont joué la deuxième moitié du concert. Même si la collaboration entre les deux groupes semblait un peu forcée par moments, l’aspect communautaire et rassembleur de l’évènement a semblé porter aisément l’assemblée. La justesse n’était pas toujours de mise pour les chanteurs algonquins, petit défaut compréhensible venant d’un peuple qui n’accorde sa voix qu’à lui-même. Ça aurait été à mieux prendre en compte pour les deux guitaristes, qui cherchaient leur note assez souvent.

Je ne peux en vouloir aux arrangements d’être ce qu’ils sont, dans la mesure où la musique de Yonatan Gat sur support est intrinsèquement électroacoustique. Mais des arrangements plus réfléchis et plus variés, une macroforme qui nous garderait plus en haleine et une meilleure cohésion entre les EMS et le groupe du guitariste d’origine israélienne auraient résulté en un concert pas mal plus constant et intéressant.

Crédit photo: Sara Salari

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