Suuns + Security au National, 9 mars 2018
Il fallait vraiment arriver tôt au National en ce vendredi soir du 9 mars 2018. C’est que le spectacle devait d’abord commencer à 22h. Cependant, une journée avant l’événement, l’heure du début du show a été devancée à 21h. On aurait pu s’en foutre royalement et se pointer à 22h quitte à manquer la première partie. Sauf que c’est précisément pour voir Security qu’il fallait assister à tout prix à cette soirée de lancement de Suuns.
Je m’explique.
Security est un duo formé de Elie B. Faubert et Anna Arrobas. C’est en 2016 que le couple a eu l’idée d’enregistrer une reprise minimaliste de Wanted Man, inspirée par la version de Nick Cave and The Bad Seeds. Rapidement, Elie s’est mis à composer du matériel original et la collaboration les a mené à l’enregistrement du EP ARID LAND, sorti en novembre 2016. Lentement mais sûrement, ils se sont bâtis une solide réputation en s’ajoutant aux line-ups de divers shows présentés dans la dernière année aux quatre coins de la ville. Ironie du sort, le spectacle présenté au National aura été leur dernier puisque les musiciens ont choisi de mettre fin à leurs activités pour se concentrer sur leurs projets mutuels. C’est donc devant un National bondé que s’est terminé sans fanfare la carrière de ce brillant duo, pourvoyeur d’un amalgame d’industriel et de Cold Wave très dense et empreint de noirceur. Pensez à un croisement entre un Godflesh moins métal et une Siouxsie qui aurait choisi de s’effacer plutôt que de s’imposer et vous n’êtes pas trop loin de la réalité.
Leur prestation concise et efficace a été bien servie par le système de son de la salle et on arrivait à bien saisir tous les éléments sonores de la perfo. Des rythmes synthétiques assourdissants et hypnotiques, aux lignes de basses bien incisives, en passant par la voix et la guitare d’Anna, tout était très bien calibré. Je garderai longtemps le souvenir de la pièce POSITION jouée à tue-tête devant le public enthousiaste du National. Il fallait être là et il faudra aussi surveiller de près les prochaines aventures d’Eli et Anna. Ça risque d’être très intéressant. Prix de consolation: toute leur musique est offerte gratuitement sur leur bandcamp. Gâtez-vous!
Après la pluie, le beau temps
Ça fait évidemment bizarre d’utiliser un tel proverbe pour annoncer un spectacle de Suuns, groupe réputé pour ses propositions sombres et complexes. Toutefois, dans le contexte actuel du lancement de FELT, ça fonctionne tempête! Je ne peux plus compter le nombre de fois où j’ai assisté à un spectacle du quatuor montréalais. Que ce soit à Québec, à Montréal ou en Marmande, sous le nom Zeroes QC ou Suuns, j’y ai goûté en masse. Je n’avais pas encore écouté le nouvel album avant d’assister au spectacle. Je voulais me garder la surprise, même si j’avais entendu dire entre les branches que c’était un disque résolument plus lumineux et groovy que les opus précédents. Disons que le spectacle a solidement prouvé la rumeur. Rarement aura-t-on vu un Benjamin Shemie aussi dansant sur une scène.
Il va sans dire que le groupe à laissé la part du lion à ses nouvelles compositions (dont les excellentes Peace and Love et Watch You, Watch Me, qui a des petits airs de Air). Avec la redoutable précision qu’on leur connaît, ils ont même pris la peine de jouer des vieux succès plus pesants qui n’ont pas manqué de faire plaisir à la foule. Alors que d’autres groupes se contentent de jouer 4 ou 5 nouvelles compos lors de leurs lancements, les gars nous ont offert un show en bonne et due forme, histoire de souligner FELT en grandes pompes. Voilà une institution montréalaise qui n’a pas encore fini de nous surprendre. Ils seront probablement sur la route un bon moment ce printemps et cet automne. Allez voir ça!