Soul Glo a offert un concert à l’image de leur chanson : engagé, punk, énergique et sans compromis.

Photos par Coline Beulin

C’était un quatuor de groupes punk qui se succédait sur la scène des Foufounes Électriques par un jeudi de juillet. On devait le passage de Soul Glo et Upchuck à Montréal au fait qu’ils prennent ensuite la route de Baie-Saint-Paul pour le Festif.

Jetsam

C’est le jeune projet Jetsam qui ouvrait la soirée. J’avais déjà vu circuler leur nom quelques fois et j’étais bien content d’avoir l’occasion de les voir en concert pour la première fois. Pour ce concert, c’est Gabriel Lapierre (Crabe, Après l’Asphalte, BRUE) qui occupait le poste de batteur. Le trio propose une approche intéressante au punk en trio batterie, basse et voix. La basse est jouée avec une bonne dose de mélodie et d’accords, un peu à la manière d’une guitare. Ça donne un son lourd et puissant qui est très plaisant. Les échanges vocaux aussi sont efficaces tout comme l’interprétation de la chanteuse (dont le nom m’est inconnu) qui est en rage et agression.

Les messages anti-capitalistes, anti-Israël et revendicateurs ont fusé tout au long de la prestation, autant dans les chansons que dans les interventions du groupe. La meilleure étant sans doute : « Avez-vous remarqué que tout le monde parle de resting bitch face, mais personne ne parle des hommes avec des resting hate crime faces. » Seul bémol, Jetsam s’en est pris à Fuck Toute en disant que c’était le seul groupe sans diversité. Alors que c’était le seul groupe francophone. Dans un genre archidominé par l’anglais. Dans un discours assez révolutionnaire, c’était un commentaire qu’on aurait cru sorti des années 60. Outre ça, c’était une performance bien intéressante et on gardera Jetsam assurément sur le radar.

Fuck Toute

Fuck Toute a été fidèle à son habitude, livrant une performance de punk hardcore efficace en puisant dans ses deux albums. François Gagnon est tout un meneur et l’a démontré avec ses cris puissants qui déchirent le résistant tissu de la musique du groupe. Les trois musiciens de la formation sont particulièrement habiles et tiennent la cadence de manière admirable. Fuck Toute c’est comme un train qui te passe sur le corps pendant 30 minutes. Le groupe a terminé avec une solide prestation de Gelé su’l feu.

Upchuck

Voilà un autre groupe qui m’intéressait parce que le nom avait circulé dans ma boîte de courriel, mais je n’avais toujours pas eu l’occasion de m’y attarder. J’avais un peu écouté quelques chansons et je peux dire qu’elles ne m’avaient pas du tout préparé à ce qu’on allait me servir sur scène. Upchuck était beaucoup plus punk que garage hier soir sur la scène des Foufounes Électriques. La chanteuse Kaila Thompson est particulièrement impressionnante et menaçante sur scène. Le rock est rarement menaçant de nos jours, mais la présence sur scène de Thompson l’est. Celle-ci est même descendue dans le mosh pit le temps d’une pièce.

Il faut aussi souligner le jeu de basse absolument délicieux d’Armando Arrieta qui allie lourdeur et agilité. Le groupe a aussi fait le bon vieux tour du guitariste qui prend la place du batteur, alors que ce dernier a pris le micro le temps de deux chansons en espagnol. Upchuck s’est fait tendre un drapeau palestinien qu’il a installé sur scène pendant sa performance. Celui-ci sera aussi repris par Soul Glo par la suite. C’était visiblement une thématique importante de la soirée. Une grosse prestation d’Upchuck.

Soul Glo

C’était un passage que j’attendais depuis ma première écoute de l’excellent Diaspora Problems paru en 2022. Le trio, additionné d’un membre de tournée, n’a pas déçu. Soul Glo a livré une solide performance animée par un esprit de révolte. Pierce Jordan était en grande forme et il était puissant derrière le micro en passant d’un rap rapide à un scream aigu. Son approche inusitée au punk s’est déployée dans toute sa splendeur.

GG Guerra était aussi en forme derrière la guitare et lançait des salves bruyantes et grinçantes à répétitions. TJ Stevenson est une bête derrière les fûts et battait la cadence avec un dynamisme exemplaire. Dans ses interventions Pierce Jordan était très politisé, parlant à la fois du double statut de noir et francophone de certains spectateurs en disant : ça ne doit pas être facile. Il a aussi abordé le message derrière leur chandail où l’ont voit Kanye West arborant un t-shirt de Burzum. Jordan a dit simplement, que tu sois pauvre ou riche, quand tu portes un t-shirt de Burzum, tu supportes un message néonazi et c’est mal. Il a terminé ses interventions en disant que personne avec un uniforme ne viendrait jamais pour vous libérer. Qu’il vienne de votre quartier ou non, dès qu’il porte un uniforme, ou un complet, il est là pour vous garder en servitude. Il a même pointé du doigt Bernie Sanders comme faisant partie de ce groupe.

Soul Glo a joué plusieurs pièces de son album et la pièce If I Speak (Shut the Fuck Up) parue l’an dernier. Évidemment, parmi les moments forts, on retrouvait Driponomics et Gold Chain Punk (whosgonnabetmyass?).

Crédit photo: Coline Beulin