Séquelles?, le nouveau spectacle de Plume Latraverse le 24 octobre 2019 à la 5e salle de la Place des Arts
Le retour sur scène de Plume Latraverse et ses Mauvais Compagnons est toujours un événement et hier soir à la 5e Salle de la Place des Arts, avec la forme et le sens de la répartie qu’il a démontré, le grand faiseur de chansons offre à son public le meilleur de lui-même.
C’est quelles (Séquelles?) qu’on va vous jouer? lance Plume au début de la soirée en regardant Jean-Claude Marsan, son guitariste depuis 40 ans au majeur de la main gauche enrubanné dû à un accident. Qui pour pallier à cette infortune, a fait appel à Donald Meunier en appui, la révélation de la soirée hier. Venu prêter « main forte » à Marsan, comme l’a si habilement dit Plume, Meunier rempli avec ses deux guitares tous les espaces avec un jeu pile-poil, précis, rehaussant chacune des vingt-cinq chansons et plus jouées hier, même si certaines n’étaient en fait que des pots-pourris et des clins d’œil, on pense à Jonquière, La Petite Vingnenne pis l’gros torrieu, La bienséance, etc..
Grégoire Morency, ancien bassiste du Paul Deslauriers Band qui fait dans le blues rock costaud tien désormais le même rôle avec Plume (une première fois en 2010), mais de façon beaucoup plus économe, en quelque sorte le nouveau « Mauvais Compagnon » qui a remplacé Cholet (Denis Cholet Masson).
Pendant plus de deux heures en plus d’un entracte, le méticuleux oncle Pluplu qui ne faisait certes pas ses 73 ans a ému autant avec Les Patineuses (après le faux départ occasionné par le moniteur de Marsan qui a fait des « free games » toute la soirée au point d’exaspérer l’éclopé musicien et engendré des conversations entre le technicien à la console et le guitariste, léger malaise dans le public). Marsan, après de nombreux coups de pied sur son moniteur maudit, finira par tirer sur son câble et terminer la soirée sans retour de son…) qu’il a mis le party dans la place avec El Niño que tout le monde a chantée comme des mariachis le sourire fendu, Le roi d’la marchette, Chien Fou et surtout, surtout, Immatérielle Daynise, la Denise Caron qui prend bien soin de tout son monde, comme nous le rappelle la chanson!
Derrière ce visage ébouriffé, se cache bien sûr cet amoureux des mots. Des nouvelles mêlées aux anciennes jouées en blocs distincts, on aura droit à une séquence : Rêver de s’en aller, À tire-Larigot, Les avaleurs d’asphalte, Survivre qui laissera la place à un fagot d’anciennes, la très mélodieuse Marilou qu’on a tous retrouvée avec bonheur, La ballades des Caisses de 24, Le lac multicolore tirée de Chansons Nouvelles (1994), Ton enfance nous quitte (Chansons pour toutes sortes de monde [1990]), l’exercice fut ainsi répété tout au long de la soirée, du neuf mêlé au vieux.
Au rappel, Enwêye Emma!, qui ressemble en tous points à Hey Joe (version Jimi Hendrix), a eu cet effet rassembleur avec son hymne qui guérit, c’était avant Ne pleure pas petite fille (du grandiose et déterminant album de 1974, Plume Pou Digne, sur lequel il y a Rideau, Bonne soirée, etc.) et Dans la Piaule à Louis…
Même si on fréquente la musique du personnage depuis plus de 40 ans, qu’on a écouté tous ses disques depuis La Sainte Trinité et qu’on l’a vu en spectacle dans toute sorte de contextes des dizaines et des dizaines de fois, la première fois étant en 1977 au CEGEP St-Laurent et que des albums comme le Vieux Show Son Sale, En Noir et Blanc et All Dressed sont des classiques, le ressenti aujourd’hui est aussi fort que toutes les fois d’avant : la musique de Plume n’a pas d’emprise sur le temps. Et c’est fabuleux.
Il sera encore le 25 octobre à la 5e salle de la Place des Arts, puis en tournée partout au Québec.