Ride, Karma Glider et Knifeplay au Théâtre Fairmount le 13 mai 2024
Un lundi soir de pas trop grand repos ce 13 mai dernier. Le groupe britannique Ride foulait les planches du Théâtre Fairmount en compagnie de Karma Glider (MTL) et Knifeplay (PHI) afin de nous plonger dans le plus gros rock possible. Un rock qui fut, pour ma part, tout à fait harmonieux.
Karma Glider + Knifeplay
Le premier service de la soirée s’est amorcé avec le groupe montréalais Karma Glider, précédemment étampé sous Mothland avec leur dernier microalbum Future Fiction. Le choix comme premières parties de Ride est juste : les influences britanniques sont évidentes, entre autres, grâce aux guitares enveloppées de fuzz et aux patchs de synthétiseurs qui donnent une impression juvénile à leur énergie. La voix plutôt saturée de Susil Sharma nous ramène vers quelque chose de plus grunge, mais un équilibre se crée devant nos yeux (et dans nos oreilles) avec le reste des mélodies orchestrées par le reste du band. On trouve un juste milieu où britpop et grunge peuvent se serrer la main et faire la paix grâce à eux.
C’est ensuite suivi par, directement from Philly, Knifeplay, projet shoegaze initialement amorcé par TJ Stromer en formule solo et qui a décidé, depuis 2019, de transposer ses compositions en formule band. Les six musiciens et musiciennes sautent aux yeux sur scène, on s’attend à quelque chose de chargé dans le son. Et comme de fait, les chansons contiennent une multitude de textures grâce aux trois guitares électriques et acoustiques. La parfaite recette du shoegaze y est : un son dense alimenté par le fuzz des guitares et des synthétiseurs planants. Toutefois, le style de Knifeplay ne s’est pas arrêté là. Entre le vrombissement constant, quelques mélodies plus douces, rappelant le slowcore, ont réussi à s’incruster délicatement.
Ride
Triste soirée pour ceux & celles qui ont oublié leurs bouchons d’oreilles ce soir-là. Une esquisse de ce que le groupe allait nous livrer au cours du spectacle a débuté à l’aide d’une instrumentalisation plutôt rock qui anticipait l’arrivée des musiciens pendant que la scène s’affichait encore déserte. Un écran de projection quant à lui, exhibe le nom du groupe RIDE, calligraphié de sa typographie classique. Rivé au sol, un combo de hauts amplificateurs décoré de leur tête annonce le malheur de ceux qui auront les tympans à découvert, mais nous remémore également les fondations premières du groupe.
Originaire d’Oxford, Ride s’est fait reconnaître comme parmi les multiples fondateurs qui ont su sculpter le son du shoegaze dans le tournant des années 90. Mark Gardener, premier vocaliste et guitariste de la formation, a justement voulu jouer avec cette information qui prit des proportions démesurées en Grande-Bretagne lorsqu’il fut le temps de parler à l’auditoire. Avec autodérision, That’s a shoegaze song, léger commentaire de Garderner, est lancé à quelques répétitions avant quelques morceaux. Les gens rient. Car oui, Ride a beau être l’une des dalles fondatrices du style shoegaze, ils ont malgré tout voulu montrer l’étendue de leur répertoire au Théâtre Fairmount ce lundi soir.
En effet, le set a commencé avec le morceau Peace Sign qui se retrouve sur leur dernier album Interplay (album pour lequel ils sont présentement en tournée). Ce dernier opus a pleinement assumé d’emprunter un virage plus new wave, voir synth pop. Les lignes cristallines de guitares, qui servent habituellement aux morceaux plus denses et rock, se retrouvent à soutenir les mélodies optimistes des lignes de synthés modulaires. Synthétiseurs, qui d’ailleurs, sont enregistrés en présonorisation avec quelques percussions qui ne sont pas physiquement présentes sur scène.
Les nouvelles chansons fonctionnent, la foule est enthousiaste, mais tout de même, l’évidence est flagrante : les gens sont énormément réactifs lorsque le groupe joue des morceaux de leur registre (attention) … shoegaze. Andy Bell et Mark Gardener s’échangent à quelques fois le micro pour jouer les classiques qui se retrouvent sur Nowhere (1990) et Going Blank Again (1992). Le point fort du spectacle, je crois, s’obtient au rappel quand les musiciens reviennent au galop pour nous livrer Leave Them All Behind. Le concert se clôt sur cette longue tirade de presque 10 minutes avec une présence encore tout à fait vive. Étonnement, Ride s’avère être encore autant jeune dans leur énergie qu’en 1992. Chapeau-chapeau.
Crédit photo: Blue Skies Turn Black