Concerts

POP Montréal 2018 : Youngnesse

C’est beaucoup plus théâtral que ce à quoi POP Montréal nous ont habitués, mais Youngnesse fit bien dans la programmation du festival. Retour sur un spectacle de théâtre avec beaucoup de musique… ou un concert avec du théâtre?

 

C’est un peu cette question qu’on se pose pendant la première moitié du spectacle. Il faut dire que l’intégration de musiciens sur scène est parfaite. On a l’impression de voir un vidéoclip en vrai devant nos yeux. Le tout porté par la musique agressive et mélodieuse de Dry Sec. Ce groupe, crée pour l’occasion, est l’alliance de VICTIME et de Mathieu Arsenautl (ex-Technical Kidman). On va se le dire tout de suite, on espère que le groupe enregistrera un album, parce que la musique est franchement réussie du début à la fin.

Passons au théâtre maintenant. Avec cette trame de fond très présente, les comédiens et comédiennes y allaient de multiples images surprenantes. On y retrouve Danièle Simon qui mange un grand Mr. Freeze au raisin avec une rapidité exemplaire. On se demande comme elle a fait pour éviter le « brain freeze ». Pendant ce temps, Antoine Beaudoin Gentes est en train de revêtir un habillement excentrique ou encore Angie Cheng qui joue avec des draps. On retrouve Simon avec des gants-carillons qui se transforment en instrument de musique pour le batteur du groupe. La polysémie est intéressante, mais toutes ces choses se passent à la fois avec une musique au-devant. Il est difficile de savoir où porter notre attention. À quelques exceptions près. Certaines images prennent le dessus, notamment Danièle Simon nue comme un vers qui se promène avec un balai en paille. Heureusement, il n’y aura pas de bûcher par la suite.

Des images et des mots

Après cette marée puissante de gestes et de symboles, le calme revient. Les artistes se rejoignent pour nous passer une bâche de plastique au-dessus de la tête. En deux temps, trois mouvements, nous sommes dans un abri tempo avec les comédiens et les musiciens qui nous lisent des extraits de poésie. Parfois engagée, parfois tristes, parfois drôle, mais toujours avec un certain sentiment de révolution qui le soutent. D’ailleurs, en cette période de campagne électorale, ce spectacle de théâtre est particulièrement à propos puisqu’il met en lumière la situation de la jeunesse qui se distancie de ses aînés.

Puis, le bruit et les images-chocs reviennent sans qu’il n’y ait de lien de causalité à effet entre elles. Ce n’est pas du n’importe quoi, mais plutôt un bazar de symboles qu’on peut ou ne pas retenir. Ce n’est pas efficace à tous les coups, mais ça fonctionne dans son ensemble. Saluons le magnifique travail d’éclairage d’Hugo Dalphond qui s’est lancé dans les couleurs saturées qui appuient bien l’action sur scène.

Et surtout, ce qu’il reste une fois que cette heure et dix d’action à vive allure est passée est une question : que reste-t-il pour la jeunesse à part faire du bruit, quitte à être incohérent, pour se faire entendre?

 

Crédit photo: Keven Lee

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