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POP Montréal 2018 Jour 1: Oneohtrix Point Never, Lydia Képinski

Retour sur une première soirée de POP Montréal qui se lançait en grand : d’un côté Oneohtrix Point Never qui présente Myriad et de l’autre, Lydia Képinski au Cinéma l’Amour!

Oneohtrix Point Never

Pop is back! On est dans une bonne année (du moins sur papier), du grand cru0. Ça s’amorce justement par un grand cru avec une présentation commune entre POP Montréal et le Redbull Music Festival: Oneohtrix Point Never! Si ça ce n’est pas du gros calibre! En plus, le producteur est accompagné de son premier ensemble live en tournée pour un tout nouveau concert… Le Monument-National a fait durer le suspense jusqu’à 20 minutes après l’heure prévue pour nous laisser entrevoir Daniel Lopatin et sa bande, mais l’attente s’est fait vite oublier par leur perfectionnisme presque machinal (et donc d’une grande cohérence avec l’oeuvre, qui pourrait souvent être qualifiée ainsi).

Je le dis tout de suite, parce que je suis écœuré de le répéter presque à chaque concert, mais il y avait des bouts super agressants dans l’aigu et de gros nœuds dans les basses. Ceci étant dit, tout ça tirait plus de l’exception que de la règle — imaginez ma joie! Franchement, la majeure partie du temps, le sound design et la technique étaient impressionnants, avec certains moments d’une perfection qui rendait certaines courbes dynamiques inouïes. On parle ici littéralement de musique mixte; les quatre instrumentistes se lançaient la balle, laissant parfois de longs moments solos pour la bande sonore, qui nous procurait une précision et une intensité hors de la portée des humains, comme dirait l’autre. Je dois par ailleurs lever mon chapeau au batteur, qui avait un jeu fin et subtil, mais surtout extrêmement original, qui passait du rythme aux textures granulées de façon plus fluide qu’on croirait possible. Et mettons que le toucher de la claviériste ne manquait pas de précision non plus. On finissait par se sentir comme devant un orchestre de chambre, peu expressif en apparence, les yeux rivés sur leurs partitions, mais irréprochables à l’interprétation.

Si j’avais à être vraiment sévère, je dirais que certaines sonorités — souvent ajoutées à ce qui avait été fait en studio — étaient un peu sous-travaillées, et que certaines pièces auraient eu avantage à être modifiées (souvent allongées) pour s’accommoder au contexte moins hermétique du concert par rapport aux albums. Parfois, quelques sons étaient mal balancés, soit trop forts soit l’inverse. Mis à part ces trois détails, tout était fluide, la courbe dynamique du concert était géniale — aussi étendue que bien gérée —, l’inventivité technique (comme le placement des micros, surtout au niveau de la batterie) était super efficace, l’écriture et les arrangements se servaient à merveille des quatre interprètes sans saturer, et je n’ai même pas parlé encore de l’aspect visuel, qui palliait à merveille pour le manque flagrant de présence scénique des quatre membres! Avec la synthèse 3D qui se faufile entre l’abstrait, le surréalisme numérique et l’hyperréalisme, le concert prenait parfois des airs Floydiens. Oui, c’est un gros compliment.

Lydia Képinski

Un coup remis de l’expérience, j’ai sauté d’un monument à l’autre pour aboutir au Cinéma l’Amour, qui n’a lui non plus pas hésité à nous faire attendre (environ 40 minutes) notre dû. Par contre, ce n’était pas le genre de dû qui joue à 16 h 30 à la Brasserie Beaubien un mardi. Le concert multidisciplinaire (vidéo, danse, musique) à thématique néo-sadiste de Képinski, c’était le genre de dû pour lequel tu oublies que tu as attendu près d’une heure sur un fauteuil louche devant un vieux (moyenâgeux, du moins sur papier) et interminable film pornographique — oui, c’est ce qui jouait sur l’écran pour nous faire patienter. Scènes osées en moins.

Le projet était à tout le moins ambitieux; un film d’introduction qui mène à l’entrée grandiose de Képinski par l’arrière de la scène, une chorégraphie périlleuse (qui a fini par être un peu bouetteuse) où la protagoniste se retrouve au balcon pour chanter M’attends-tu, six danseurs, un clown — ou plutôt un faux soûlon — qui finit trempé par la bière de la chanteuse, une mascotte, genre 10 caméras pour capter le concert et pour le reproduire en direct sur l’écran… On n’y allait pas avec le dos de la cuillère. Mais, je vous gâche le punch, tout ça n’était pas en vain : moins d’une heure après le début du concert, la salle normalement miteuse et malaisante était devenue une énorme piste de danse.

Musicalement, j’étais aussi content de voir que le groupe avait enfin ajouté un membre — un guitariste et claviériste — à la formation live. Ça manquait résolument à leur ancienne disposition, et j’ai eu la preuve que ça apporte beaucoup au groupe. Une plus grande liberté et plus de focus sur le chant bonifient la prestation de Képinski. Et ça permet des arrangements qui se rapprochent davantage de la plénitude de leurs œuvres studio.

Là où ça dérape encore par contre, c’est au niveau de la justesse; la chanteuse a encore des écarts passagers qui sont un peu grinçants — heureusement qu’ils ne sont que passagers. L’ajout de choristes un brin criardes n’était pas le choix du siècle non plus à mon avis, dans la mesure où mon oreille silait plus qu’elle appréciait. Là encore cependant, ce n’était pas dramatique. Et les bribes de négatif à souligner au passage n’égalent absolument pas le fun que tout le monde a eu dans cet endroit hautement inusité.

 

 

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