Concerts

Nils Frahm au Palais Montcalm — 20 mars 2018

Suite à la sortie réussie de son dernier album, Nils Frahm nous faisait l’honneur de sa présence ce mardi 20 mars 2018 au Palais Montcalm de Québec. Difficile d’imaginer une salle plus appropriée à Québec pour cet artiste audiophile. Les récentes rénovations promettaient une soirée forte en pulsations, en textures et en mélodies emballantes. Il régnait dans le lobby une effervescence peu commune, alors que la crème « hispter » de la capitale s’était donné rendez-vous. Styles vestimentaires excentriques, pilosité inspirée des années 20, tout y était. Les mots tantriques, introspection et pluri-culturalisme étaient omniprésents, sinon obligatoires. À la demande de Frahm, les boissons alcoolisées sont interdites dans la salle, seules l’eau minérale et l’eau plate seront tolérées. Rien comme un artiste excentrique, mon palet pétille de joie.

Le jeune Berlinois se présente devant nous : jeans noirs, chandail noir et petite calotte. La simplicité vestimentaire contraste tout de suite avec les dizaines de machines qui composent son arsenal. Comment fera-t-il pour tout utiliser seul ?

Une simple lumière est allumée et Frahm entonne The Whole Universe Wants to Be Touched. Très rapidement la salle se tait et se baigne dans cette triste balade exécutée avec brio. Tout comme son dernier album, il enchaîne avec Sunson. Ce marathon le voit courir d’un instrument à l’autre, ajustant échantillonneurs, volumes et effets à un rythme fou. Une véritable pieuvre. L’homme est la machine et la machine est l’homme. La mise en scène, qui consiste en flashs de lumières vacillantes au rythme des percussions et des pulsations, est parfaite. Les quinze minutes qui suivent sont en douceur, peut-être un peu trop. Le volume était si bas, et sa prestation si intime, que l’on pouvait dire avec une précision de quelques bancs qui dans la salle souffrait d’un rhume. Les reniflements et les quintes de toux étouffées ont presque gâché ce moment spécial.

Il ponctue ses intermèdes, parfois longs, il faut le souligner (il doit tout préparer seul), d’anecdotes et de commentaires cocasses qui fait rapidement oublier à la foule la fastidieuse préparation du multi-instrumentiste.

Moment fort de la soirée ? Lorsqu’il s’est installé au splendide piano à queue pour y interpréter Hammers avec une virtuosité que nous voyons rarement des artistes électros. Ses mains glissent, volent sur les touches comme une armée de notes qui sont jouées avec une rigueur allemande. Que de bonheur. Il sue, son front et son chandail sont trempés, mais c’est nous qui cherchons notre souffle.

Il nous annonce tout bonnement la dernière chanson et le rappel pour «  éviter que vous ne partiez et que je joue seul  » nous confie-t-il. La finale est un pot-pourri de plusieurs chansons qui nous fait sans cesse hocher de la tête. Un crescendo qui culmine avec puissance. Une finale parfaite d’un concert qui l’était presque. Il est ému par la longue ovation que lui offre le public, et nous le sommes par sa musique, sa présence sur scène et son humilité. Hier, la belle capitale de Québec était le centre du monde de la musique avant-garde. Nous attendons votre retour avec impatience, M. Frahm.

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