Mutek 2017 : Soirée du 26 août
Le cinquième soir de festival commençait une dernière fois avec une série de performances visuelles au Monument National avec A/Visions 3, suivie de la soirée Inter_Connect Berlin à la SAT, une brève escale à l’Édifice Wilder pour le NTS Radio on Stage 2 et Nocturne 5 au Métropolis.
A/Visions 3 nous plongeait à nouveau dans la noirceur (et la fumée) de la salle Ludger-Duvernay avec l’artiste montréalais Lucas Paris (Quadr, Betafeed) et AntiVolume IN/EXT, une version approfondie de la version qui avait été présentée à AKOUSMA XIII en 2016. La performance se développait sur plusieurs segments d’improvisations techno et ambient, jouant librement sur les timbres et les bruits pendant que les trois colonnes verticales de LEDs suivaient chaque geste au LED près.
Il y avait une atmosphère totalement différente durant SpaceTime Helix de Michela Pelusio et Glenn Vervliet, et leur instrument photo-acoustique : un câble élastique suspendu à la grille technique et fixé au sol à une plateforme circulaire. Celle-ci réagissait à la lumière, au son et au toucher pour former des nœuds et des ventres d’amplitude répartis le long du câble, tournant sur lui-même pour générer une illusion d’optique qui oscillait entre le tissu circassien et la tresse stroboscopique.
Le duo Articifiel, formé du mexicain Fernando Corona (Murcof) et de l’artiste visuel montréalais Jimmy Lakatos, concluait la série avec Nebula, une trame sonore vaporeuse qui faisait réagir des projections aux lasers. Les rayons lumineux se formaient et déformaient en regroupements de filaments géométriques sur l’écran en demi-cercle. La mise en place aurait permis d’ajouter de la profondeur au visuel, mais pour une raison probablement technique, l’évolution du visuel était trop subtile pour rendre l’expérience immersive.
Automatisme, projet solo de William Jourdain, démarrait Inter_Connect Berlin de façon quelque peu expérimentale en mettant en place une trame ambiante à partir d’échantillons et d’enregistrements trafiqués. La façon de mélanger les matières premières permettait de percevoir du drone ici, ou du noise là, tout en conservant un niveau d’abstraction suffisant pour passer aisément d’un segment à l’autre.
Andreas Gerth et Florian Zimmer continuaient la soirée avec leur projet berlinois Driftmachine, que j’avais découvert avec leur album Colliding Contours (2016), et de l’expérimentation à saveur de synthèse modulaire. Il y avait un certain enthousiasme vers l’avant pour la quantité de matériel analogique installé sur la table, faisant passer le duo pour deux scientifiques qui sont en train de « look for the perfect beat ».
Marie Davidson (Essaie Pas) assurait la suite de façon tout aussi analogique, mais avec un geste moins technique, plus instinctif. Il y avait une pièce au kick techno ponctué par des contretemps EBM qui faisait trembler les colonnes de la SAT, et danser le public comme s’il n’y avait pas de lendemain. Échange d’énergie réussie.
Finalement il y avait NTS Radio on Stage 2 à l’Édifice Wilder qui présentait Imaginary Landscape, œuvre performée live par la basse clarinettiste Charlotte Layec et les artistes Pierre-Luc Lecours (QUADr) au gramophone et traitements sonores et Myriam Boucher (QUADr également) à la vidéo. On ressentait les reliefs se placer en différents segments, de la plaine à la montagne, en passant par des expérimentations et des improvisations, comme un archet glissant sur un cornet de gramophone. 🙂