Montréal en Lumière 2017 : Agnes Obel et Peter Peter
La 18e édition de Montréal en Lumière débutait en février dernier, et ce, jusqu’à samedi. Et honnêtement, côté musique, il y avait du bon. Une programmation assez riche, éclectique et réconfortante (bon, je ne dirai pas tout le temps des termes de Josée Di Stasio ici, mais là, ça vaut le coup). Après avoir scruté l’horaire des artistes, il était impossible pour moi de ne pas aller aux spectacles d’Agnes Obel et de Peter Peter. Deux artistes que je respecte énormément et qui ont été symboliques pour moi. En voici les analyses respectives de leurs spectacles donnés dans le cadre du festival.
Après avoir fait plusieurs spectacles au Gesù et à l’Olympia dans le passé, la Danoise Agnes Obel nous revenait dans un Théâtre Maisonneuve (archi) complet par un public venant de différentes générations pour y présenter de nouvelles pièces issues de son nouveau disque Citizen of Glass, paru à l’automne dernier. Huit heures sonnent, l’auteure-compositrice-interprète s’avance sur scène en compagnie de quatre musiciens (dont certains étaient québécois). Elle présente les Red Virgin Soil, Dorian et Trojan Horses, en guise d’entrée. Le rendu musical était particulièrement impressionnant puisque l’Européenne joue avec les émotions des auditeurs. Chaque note jouée au piano, chaque note tirée au violoncelle donnait une ambiance rythmique, qui rejoignait celle du disque, à certains moments. Et à d’autres, la Danoise exprimait peut-être une sorte de suspension ou de silence entre les couplets, histoire de donner un second souffle aux pièces. Superbe.
La musique d’Obel touche. Il n’y a pas de secrets ici. Avec un clavier (le piano à queue ne pouvait pas se rendre jusqu’à Montréal… malheureusement), des violoncelles, des percussions et un violon, la table était mise pour une soirée hautement musicale. Mais la vraie beauté de l’œuvre de la Danoise est cachée derrière chacune de ses nuances. Si Obel joue fort, on est fâché avec elle, si Obel joue doux, on est nostalgique, calme ou apaisé avec elle. La preuve, elle a livré It’s Happening Again avec élégance et sincérité. Un moment très fort de la soirée.
Seul petit bémol, l’artiste s’est démontrée réservée ce soir-là. Nous la sentions probablement très nerveuse à l’idée de jouer devant une salle à guichets fermés. Elle s’est exprimée à quelques périodes dans la soirée. Par contre, on aurait aimé découvrir davantage des anecdotes sur son pays d’origine, sur la création de ses chansons. Mais bon, mettons ça sur le coup de la pression! Ce ne sera que partie remise pour les prochaines fois!
Et pour conclure cette couverture, j’ai fait un arrêt au Club Soda le 8 mars dernier, pour voir un de nos nombreux trésors locaux : Peter Peter qui lançait son album Noir Éden. En première partie, nous avons eu la visite du Français Julien Barbagallo (batteur de Tame Impala) qui avait la tâche de réchauffer la salle avant l’arrivée du prince de Jonquière. Avec une présence scénique efficace, Barbagallo a réussi à transmettre ses nouvelles chansons de son dernier album, Grand Chien, sorti en début mars, au public montréalais. De la pop française ensoleillée qui mérite de tracer son chemin ici, au Québec. Seul hic, on n’entendait pas tout à fait les paroles… certaines personnes dans le public prenaient ce début de soirée pour un 5 à 7 très (TROP) jasant… Les amis, dosez vos conversations en temps de spectacles. On n’est pas à une partie de chasse et pêches. Merci!
Ça y est. Les éclairages sont tamisés. Voilà que le prince de Jonquière, Peter Peter, se présente sur scène en compagnie de ses acolytes français : Mathias Fisch (batterie), Charlie Trimbur (synthétiseur) et Augustin Hauville (claviers). Il interprète Noir éden sous les cris de la foule. On se laisse bercer, on se laisse balancer d’un côté et de l’autre. Ce qu’on était heureux de le revoir ce Peter Peter, au Québec. Il enchaîne Nosferatu, No Man’s Land et Orchidée. La magie opère. Avec son timbre vocal si doux, le chanteur natif du Saguenay nous donne toute une performance scénique en y interprétant quelques mouvements dansés (qui rappelle Christine & The Queens). Ce qu’il est moderne ce Peter!
Un peu plus tard dans la soirée, le chanteur replonge dans ces précédents albums. Il a présenté Tergiverse, Mdma et Carrousel. La foule était tout ouïe. Elle y était encore plus avec Loving Game, Vénus, Bien réel et Une version améliorée de la tristesse. Tout le monde dans la salle participait et y allait à cœur joie. L’énergie était palpable. Une bonne paire d’applaudissements par-ci des sourires dans les visages par-là, le public répondait à l’appel. En fin de spectacle, Peter termine avec Pâle cristal bleu, une pièce touchante qui agissait comme une sorte de couverture chaude sur les épaules de chacun d’entre nous. Un peu plus… et l’on jurait voir des étoiles tomber du plafond. Moment scintillant, moment magnifique, moments qui faisaient du bien au cœur.
Peter Peter aura été extrêmement généreux, ce soir-là, en restant tel qu’il est. On le sentait, ça lui manquait de faire des spectacles au Québec. Il nous a même mentionné qu’il était très touché par ce chaleureux accueil qui soulignait son grand retour attendu. Et avec raison. On était si heureux de le retrouver… le petit gars de Jonquière qui perce… qui perce… et qui, avec Noir Éden, se taille une place dorée et de choix dans notre paysage musical. On peut en être très fier.
Merci pour tout Montréal en Lumière, on se dit à l’an prochain!