Mile-Ex End 2019 Jour 2 : Les Cowboys Fringants, A Tribe Called Red, Galaxie et plus encore
Alors que la première journée du festival Mile Ex End s’était entamée en fin de soirée vendredi, la seconde journée s’est quant à elle entamée en milieu d’après-midi. Ce fut donc une journée assez chargée, présentant une panoplie d’artistes intéressants tout comme quelques remplissages qui auraient mieux fait de servir de pause entre deux spectacles. À retenir, les performances de Daniel Lanois, des Cowboys Fringants et du groupe de rock Galaxie.
On ne sait pas si c’était voulu, mais un thème est devenu une source récurrente d’inspiration et un véritable sujet de discussion en ce samedi qui tardait à voir le soleil. Ce thème abordé, c’est non seulement celui des Premières Nations, mais c’est également celui de l’importance du vivre ensemble, de la nature et du terroir. Tous ces éléments se sont matérialisés dans la musique de plusieurs, à commencer par Elisapie, Natasha Kanapé, le vénéré Daniel Lanois, Les Cowboys Fringants et pour finir, A Tribe Called Red.
C’est Émilie Clepper qui avait l’humble tâche de débuter la journée et on peut dire qu’elle n’a pas déçu. Il fallait bien sûr s’attendre à la voir jouer devant un public qui tardait à venir au festival, chose qui n’a pas semblé la déranger dans sa performance. Clepper n’était pas seule, alors que chacun des musiciens qui l’ont côtoyé sur scène ont formé un tout avec son univers. Certes, la chanteuse de Québec a une belle voix portante, des textes poétiques qui manquent à l’occasion de contenu, mais ce qui en fait sa petite mine d’or, c’est la chaleur qui se dégage de sa production musicale, c’est pourquoi, entre autres, la présence de la grande basse et du violon a joué un rôle capital dans sa performance.
Pour faire suite à Clepper, il y avait au menu un programme double, soit Nicolas Gémus et Juste Robert. Sans rien enlever aux deux hommes, on peut amplement qualifier leur musique de easylistening. Rien de péjoratif, mais lorsque Gémus s’est avancé sur scène, seul avec sa guitare, on connaissait déjà la suite. Il présente certes une belle poésie, mais rien d’éclatant et, chose certaine, il devra miser sur une meilleure prestance dans l’avenir. Celui qui présentait son plus récent album intitulé Hiboux en a fait sourire quelques-uns par sa simple présence sur scène, mais il manquait d’harmonie et si le jeune homme veut se faire plus intéressant, il devra travailler certains aspects. En attendant, chapeau pour ce beau premier album. Tout comme Gémus, la place de Juste Robert était amplement justifiée en après-midi, alors que le public était majoritairement composé de familles. Petite variante à son sujet cependant, la présence d’un claviériste. L’homme au chapeau présente une belle recherche musicale, sans toutefois réinventer quoi que ce soit. Il peut tout de même être satisfait de son passage au festival, alors qu’il a amené une belle vague de fraîcheur.
On pouvait s’attendre à un spectacle qui se dirigerait dans tous les sens avec Elisapie et c’est exactement ce qui s’est passé. Ce fut les premiers signes de ce dit thème récurrent, alors que la chanteuse originaire du Nord du Québec louange ses origines et rappelle à plusieurs occasions l’importance du cours de l’histoire et de la terre. Ayant l’étoffe d’une raconteuse, Elisapie dégageait une belle énergie sur scène et ses musiciens tout autant, spécialement Joe Grass qui, avec sa guitare, semblait percer les mystères d’un nouveau monde sonore. On a eu le droit a toute une aventure folk, alors que des moments ont transporté comme la reprise de la chanson de Willie Trasher Wolves Don’t Live by the Rules – en fermant les yeux c’était comme entendre Of Monsters and Men – et Don’t Make Me Blue alors que d’autres ont apaisé comme sa performance de Ton vieux nom. Ce fut un très beau moment dans l’ensemble, le seul bémol a souligné est le fait d’avoir commencer en force avant de s’estomper un peu trop rapidement, chose qui ne brime toutefois pas la beauté de la prestation.
Pour mettre de la suite dans les idées, c’est Natasha Kanapé Fontaine qui prenait place sur l’autre scène à la suite d’Elisapie. Sans rien enlever à sa performance, ce n’est pas sa présence qui fut la mieux reçue et surtout la mieux comprise sur scène. Il était beau de voir la timidité de la jeune femme se dissiper au fil du temps, car il ne semble nullement évident de réciter de la poésie devant autant de gens, et elle fut en mesure de le faire avec brio sur une alternance de piano et de guitare. Elle sait jouer avec les mots qu’elle utilise pour parler elle aussi des Premières Nations, de la nature et tout ce qui en ressort, mais elle devra elle aussi travailler sur sa prestance si elle désire se rendre encore plus intéressante.
On a eu droit à toute une performance du vénéré Daniel Lanois avec de la musique qui caressait l’âme par ses inspirations gospel, en mode louisianais, en plus d’un singulier rock’n’roll qui est venu chercher l’attention du plus large public de la journée jusqu’à lors. Lui et ses musiciens n’ont pas seulement capté l’attention par leur harmonieuse prestation. Ces derniers ont également réussi à écarquiller les yeux lorsqu’un montage de scènes tirées d’extraits cinématographiques, qui mettaient en vedette de gens qui s’embrassent, défilait lors de l’une de leurs chansons. Ça parlait bien évidemment d’amour. Ils ont invité tout un chacun à laisser la musique prendre le contrôle et ce fut toute une réussite. Avec plusieurs solos, une production sonore diversifiée et un ensemble de voix mélodieuses, Daniel Lanois avait la recette gagnante en main pour qu’on se souvienne longtemps de son passage au festival.
Lorsque je mentionnais plus tôt la présence de quelques remplissages, l’artiste qui a suivi Daniel Lanois en fut un. Malheureusement pour J Mascis, sa performance fut probablement la moins intéressante de la journée, alors que l’homme et sa guitare électrique n’ont nullement surpris. Certes, quelques personnes ont sans doute trouvé leur compte, mais il n’y a pas grand-chose à retenir de sa prestation et sa musique qui se ferait tout de même bien entendre à la radio.
Pour faire contraste à la performance précédente, ceux qui n’ont plus besoin de présentation ont à nouveau démontré leur aisance à capter l’attention dans la folie, le bonheur et la joie. Les Cowboys Fringants ont joué tous leurs classiques, ils ont rassemblé le public telle une grande famille et les ont invités à se réjouir dans la danse. Ils ont ce qu’on appelle la touche magique. Bandes d’hyperactifs, ils sautillaient partout et allaient même jusqu’à jouer de la musique au milieu d’une foule gonflée à bloc et faire des ballons en forme de chien, question de servir l’intérêt de tous les amateurs de folk québécois. Pouvant jouer une multitude d’instruments, cela créait une belle dynamique sur scène en plus de tous ces moments où ils ont laissé la foule chanter à leur place.
Pour faire suite à cette prestation haute en émotions, le groupe Galaxie se devait de surfer sur la même vague d’énergie qu’eux s’ils espéraient capter l’attention. Le contraire aurait été très étonnant, alors que la bande a à son tour tout cassé. Les percussions entraînantes, les synthétiseurs atmosphériques, les guitares vacillantes, tout était là pour donner un spectacle rock, bien plus que rock. Ils ont un son texturé, extrêmement bien poli, qui comble les amateurs comme ceux en soif de découvertes. Tout comme Les Cowboys Fringants, Galaxie n’en est pas à ses premiers milles et est porteur d’une essence qui nourrit plusieurs groupes qui les succèdent. Pour ma part, j’en étais à une première expérience et, du début à la fin, j’en fus totalement subjugué. On peut dire qu’au-delà du rock, il y a un son électro futuriste fort intéressant qui se dégage désormais de leur style. Depuis Super Lynx Deluxe, on peut dire que ce style leur va comme un gant.
Jamais deux sans trois comme on dit. Avec A Tribe Called Red pour clôturer samedi, le festival ne pouvait pas se tromper. Les deux DJ qui portent en eux les origines des Premières Nations, n’ont pas tardé à euphoriser la foule qui était déjà bien disjonctée depuis les deux dernières prestations. Accompagnés par des visuels colorés, un montage qui alliait une multitude de scènes où figurait des gens des Premières Nations – comme l’une des scènes du film Back to the Future – les deux musiciens ont également bénéficié de la présence de danseurs pour dynamiser leur prestation. Bien entendu, voir des gens debout devant leurs machines n’est pas ce qu’il y a de plus excitant et, à ce sujet, A Tribe Called Red l’a bien compris. Alliant les sons de leurs origines avec des sons nouveaux, des productions de club, en plus de puiser dans le trap pour n’en nommer qu’une infime partie, le duo a tout pour plaire et surtout, tout pour faire danser et donner un sourire instantané.
Pour la suite, ça s’annonce plus qu’incroyable avec une programmation des plus relevées en ce dimanche. C’est le temps d’enfiler ses plus beaux habits, question de célébrer cette dernière journée en musique au festival.
Et pour toutes les photos, c’est par ici:
Crédit photo: alexanne brisson