Les Goules à l’Escogriffe… avant le confinement
À l’ère des concerts annulés et reportés, la bestiole mythique qu’est l’Escogriffe nous semble alors vaccinée. De toute façon, ce n’est pas comme si ce spectacle des Goules, dans le cadre des 20 ans de l’Esco, affichait salle comble… tousse tousse*
En termes de longévité, la carrière de la bande menée par Keith Kouna ressemble drôlement au bar situé sur Saint-Denis. Les bonnes vieilles Goules n’en sont pas à leur premier périple en haute mer. D’ailleurs, l’alignement punk vient tout juste de changer, après le départ soudain de Rabin Kramaslabovitch, lui qui a opté pour une vie rangée loin des bars crades et des crachats de bière. Exceptionnellement, c’est donc un Sam Murdock fantomatique que Kouna baptisa « Papshmir Necropole » qui remplace Rabin au clavier. Sinon, l’équipage d’antan ne change pas, on retrouve Ken Pavel à la guitare, Hugo Lebel en version transgenre à la basse et Igor Wellow en joueur de hockey cheap derrière sa batterie.
22:00 (Tapant) – « Oh mais ça me semble être un bel équipage ! » lance Kouna fixant le sous-sol bondé.
Personnellement, le p’tit gars de Québec, quittant la cité spécialement pour ce show-là, se considère bien choyé, surtout en temps de crise. Aller voir Les Goules à Montréal, c’est un peu comme suivre son équipe sportive fétiche pour un match à l’étranger.
Une perfo « goulienne » se résumerait grossièrement à une longue séance d’un théâtre d’été marginal pour une bande de punks qui refuse de vieillir.
Force est d’admettre qu’il y a quelque chose de contemplatif à regarder une foule qui se rentre dedans à grands coups de mushpit malgré la panique sociale qui nous habite. Parlant de bain de foule, notre Sylvain Côté national ne se fait pas prier pour se garrocher dans ses fanatiques comme à un capitaine à tribord.
Musicalement, Les Goules sont réglées au quart de tour et plus incisives que jamais.
« Ne vous inquiétez pas, notre cachet sera vite investi dans des compagnies de croisières et aériennes »
Cette intervention, comme plusieurs accoutrements, annonce la chanson suivante. Dans ce cas-ci, on entendit Vendeur, issue de Memories, datant de 2005.
Évidemment, quand Murdock enfila un coat de cuir deux tailles trop petites, Les Goules se gâtent avec Coat de Cuir, un de leur plus gros succès.
Pour une foulée de pestiférés comme nous, le quintette à Kouna garde « le meilleur » pour la fin. Pour sûr, son animal de compagnie préféré (crabe dans le formol) attendit patiemment les présentations formelles à son audience.
Je vous présente, mon crabe de poche.
ENCHANTÉ !
ENCHANTÉ !
Question de s’arracher les cordes vocales en criant comme un.e déchaîné.e, Les Goules servent de merveilleux cobayes.
Même si je n’ai pas le « profil de l’emploi », la toune Biker me donne quasiment le goût de partir en wheelie sur Décarie, au volant d’un chopper emprunté.
Les privilégié.es ont droit à un setlist nostalgique, mais ô combien à point.
Puisque clore le débat avec Ville relève du génie circonstanciel, je lève mon chapeau plein de microbes bien haut pour Les Goules !
« Le matin quand je veille quand je reviens chez moi
Le soleil s’éveille ciel est mauve les oiseaux pétillent ensemble
Le trottoir est désert moi je suis là je suis saoul
À bicyclette tout a un parfum incandescent
Le cerveau égaré l’alcool embrasé je souris,
Je suis bien comme si tout était fermé
J’aimerais bien qu’on ferme la ville »
– Ville
À bientôt, ville fermée xx