Concerts

Le FRIMAT 2018 : comme revenir à la maison

3 ans se sont passés entre ma dernière visite au FRIMAT et celle-ci. Une chose est demeurée intacte : la chaleur de l’accueil et la passion de son organisation.

 

Quand on pense festival, on pense à Osheaga et tous ces autres événements aux grandeurs surdimensionnés. Mais ce qui fait que la culture se promène en région et que la chanson québécoise se propage, ce sont les festivals comme le FRIMAT. Prenant le pari de faire découvrir de nouvelles musiques à ses spectateurs, le festival a commencé en lion avec celle qui est en train de s’affirmer comme une grande : Klô Pelgag.

Coup d’envoi

C’est Yan Bienvenue qui tenait le micro pour donner le coup d’envoi de cette nouvelle édition du FRIMAT. Au milieu d’une exposition inspirée des nations autochtones voisines de Val d’Or, l’organisation du festival a honoré l’une de ses bénévoles-bâtisseuses : Karine Murphy. L’implication de ses citoyens qui veulent donner des événements de la sorte à leur communauté est tellement importante. On la salue à notre tour bien bas.

Mais parlons musique. C’est Marjolaine Morasse qui officiait la première partie de Klô Pelgag. La jeune femme a participé l’an dernier aux vitrines et visiblement, elle s’est fait quelques fans. De plus, elle possède un naturel au micro et embarque rapidement les gens dans son univers et ses questionnements. Pour l’occasion, elle était accompagnée de Fred Labrie qui maniait à la fois la guitare et le bass-drum. Les compositions de Morasse sont encore vertes et elle ne réinvente pas la roue. Par contre, elle le fait avec authenticité et une bonne dose de plaisir contagieux.

Crédit photo: Maryse Boyce

Larochelle — Val d’Or — Yellowknife

Cet itinéraire complètement absurde était celui de Klô Pelgag et ses musiciens qui feront la moitié de la terre en transport pendant une semaine un peu folle. Malgré le décalage horaire et le temps passé confiné dans une fourgonnette de tournée, la formation a offert un spectacle de grande qualité. En apiculteurs, jusqu’à ce que Klô déchire sa froc en s’exclamant : c’est moi, le douchebag de Val d’Or, la formation a enchaîné les chansons avec fluidité. Les instants d’équilibre, J’arrive en retard, Rayon X et Comme des rames étaient toutes au rendez-vous. Entre deux chansons, elle nous fait taper des mains beaucoup trop longtemps avant de s’exclamer : une minute et demie, parfait pour la radio. Une façon très polie de rappeler que ça manque toujours de qualité à la radio commerciale et que bien qu’elle fasse les grandes scènes de tous les festivals, ses chansons n’y passent que très peu. C’est absurde quand on y pense. À quel point peut-on être déconnecté?

Crédit photo: Maryse Boyce

Elle a terminé le tout avec deux « hits » : Samedi soir à la violence et Les ferrofluides-fleurs avant de se lancer dans une version disco de Taxidermie pendant laquelle les mascottes déguisées du FRIMAT ont pris la scène pour danser. Après de chauds applaudissements, Pelgag est revenue sur scène pour faire La fièvre des fleurs en solo. C’est beau et une parfaite façon de terminer ce concert réussit.

Trou story

En activité parallèle, on nous a conduits à la mine à ciel ouvert de Malartic. Le projet qui a causé la grogne à l’époque est tout de même impressionnant. Je ne me lancerai pas dans la politique de la chose, mais toute cette question est grise, comme la roche qui est extirpée de cet immense bassin à coup d’explosif et de pelles mécaniques. N’en demeure pas moins qu’en fasse de ça, ça nous rappelle à quel point on est petit sur Terre.

Cette deuxième soirée s’est entamée avec Phil Moreau, un one-man band qui fait dans le blues-rock franco à tendance humoristique. Encore une fois, l’appui de la foule était au rendez-vous. Par moment plutôt sympathique, rappelant qu’il faut éviter les blagues de mononcles, parfois parlant de ses épisodes de nudismes, il a su faire rire les spectateurs. Quand il se lance dans des chansons plus intimes, les limites de ses capacités, seul sur scène, deviennent flagrantes. Un moment donné, on ne peut pas faire tout, tout seul.

On est un peu en retard, mais…

Mon Doux Saigneur était originalement supposé se produire en 5 @ 7 dans un parc. Mais comble de malchance, le véhicule du groupe a eu des ennuis mécaniques dans le Parc De La Vérandrye. Une remorqueuse plus tard, le groupe était sur scène entre Phil Moreau et Corriveau/Faubert.

En plus de leur mésaventure de la journée, leur bassiste régulier était absent. C’est donc dans une version réduite et un peu plus improvisé que le groupe s’est produit. Ça fonctionnait tout de même. La communication était facile entre les membres, même si le son honnêtement, n’était pas à son meilleur. La voix d’Emerik St-Cyr était parfois trop forte dans la balance. Il faut dire que tout le monde était en mode débrouillardise et que les quelques moments moins réussis étaient faciles à digérer, compte tenu des circonstances.

Le groupe nous a livré sa petite nouvelle, l’entraînante Tempérance, en plus d’Ici-bas, Primitif et plusieurs titres tirés de son premier album paru l’an denier. Ça fonctionnait à merveille et le plaisir sur scène se ressentait dans le public.

Je joue de la guitare… avec ben du bruit

Antoine Corriveau et Francis Faubert avaient fait quelques dates en version duo dans le passé. Mais ça faisait un an qu’on ne les avait pas vus sur scène ensemble. Leur retour était tout à fait délicieux. Les deux hommes en profitent pour mettre la distorsion dans le tapis et faire du bruit. Rapidement, la foule était debout et headbangait au son des puissantes mélodies. Chez Faubert on est passé par Moman, Le courage est mort hier et Maniwaki. Chez Corriveau, c’est Croix Blanche, Printemps printemps, Rendez-vous et Noyer le poisson. C’était puissant et beau. Le duo était accompagné par les solides musiciens Guillaume Bourque à la basse et Mat Vezio à la batterie.

Crédit photo: Maryse Boyce

Un rappel bien senti était réclamé par les spectateurs. Le duo est revenu et n’avait rien de préparé. Faubert s’est lancé avec Donne-moi du lousse, une nouvelle chanson qu’il a déjà jouée en spectacle, mais que le duo n’avait pas travaillée. Puis Corriveau a décidé d’y aller d’une chanson d’Avec pas d’casque : Boire.Manger.Dormir. Magnifique.

Crédit photo: Maryse Boyce

J’ai par la suite filé au Prospecteur pour découvrir la scène d’un désastre : je venais de manquer Oktoplut, hormis 2 dernières minutes de bruits aussi brutales que délicieuses. Va falloir remettre ça. Puis, c’est Guerilla Poubelle qui s’est lancé dans on punk-rock engagé devant une mosh pit bien actif. Le spectacle a quand même donné lieu à quelques moments cocasses. Après une intervention sur l’anxiété sociale, un fan près de la scène a demandé un « high five » au chanteur, ce à quoi il a répondu : Non mec, je vais pas te faire un high five quand je parle de dépression. Puis, ça repart aussi fort et entraînant. Une belle fin de soirée pour les spectateurs.

On se revoit lundi pour la suite!

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