Le Festival de Musique Émergente en Abitibi-Témiscamingue
La fin de semaine de la Fête du Travail rime depuis un bon bout de temps avec le Festival de Musique Émergente présenté dans la sympathique ville de Rouyn-Noranda. C’est un moment privilégié dans l’année musicale où professionnels de la musique, groupes émergents et émergés se rencontrent. Une réelle effervescence prend la ville pour quatre journées de musique qui en offre pour tous les goûts. Que vous soyez du type métal, hip-hop ou pop, vous y trouverez votre compte. J’ai eu la chance d’aller me rincer les oreilles à Rouyn la fin de semaine dernière. Chronique d’une fête folle.
Dès mon arrivée, après une longue traversée du Parc de La Vérenderye, je me suis empressé de courir au spectacle d’ouverture du festival. Arrivé tout juste après le groupe Mauves qui était sur place pour présenter les créations qui peupleront leur prochain opus dû en novembre, Karim Ouellet était sur scène et offrit une prestation honnête. Ce fut ensuite au tour de Misteur Valaire de présenter les créations de leur nouvel album: Bellevue. Fidèles à leur habitude, les garçons ont cassé la baraque affichant une forme exceptionnelle. La foule a dansé amplement, mes hanches y comprises, sur les nouveaux tubes livrés avec une assurance impressionnante. En prime, nous avons eu droit à une fin déjantée d’Ave Mucho et une apparition d’Eman qui est venu faire un bout de Ton cou, ton dos d’Alaclair Ensemble.
Parmi les groupes qu’il m’a été de donné de voir, certains ont livré de solides performances. Groenland y est allé d’une prestation envoûtante qui a su conquérir le cœur de tous dans la salle. Plusieurs fois, Jean-Vivier Lévesque y est allé de pitreries qui ont fait rire toute la galerie. Les suivants, la formation Suuns a présenté un monstre de concert qui s’est entonné sur une lente progression de dix à quinze minutes débutant avec un chant dans ce qui semblait être en arabe. Ils ont ensuite livré les pièces d’Images Du Futur sans jamais laisser le silence se pointer le bout du nez. Solids, de son côté, nous a offert une solide performance qui rend l’attente de la sortie de leur premier disque, prévu pour le 8 octobre prochain, encore plus pénible.
De son côté, le groupe ontarien Indian Handcrafts y est allé d’une performance survoltée où les pièces de Civil Disobedience For Losers étaient à l’honneur. Ils nous ont envoyé aussi des reprises de Negative Creep de Nirvana, Ace Of Spades de Mötorhead et Detroit Rock City de Kiss. Dans un autre registre, Le Couleur y est allé d’une excellente prestation énergique à souhait qui avait tout pour charmer les oreilles. Et parmi les spectacles qui n’étaient pas à manquer au festival, la bande de Dead Obies a complètement survolté la Scène Paramount avec une prestation à couper le souffle. Ils ont par le fait même annoncé qu’ils avaient signé avec la maison de disque Bonsound et que leur premier album sortirait d’ici la fin de l’année. Ce sera un titre à ne pas manquer.
On a eu droit aussi à des lancements d’albums: Alex Nevsky avec son Himalaya mon amour, El Motor et son Monstre et l’hilarante Klô Pelgag qui faisait paraître une édition vinyle de son opus qui est à paraître le 24 septembre. Celle-ci a offert sa poésie absurde et noire avec toute la joie que l’on y connaît. Elle nous a présenté les pièces de son prochain album jumelé à un spectacle de magie hilarante de la part du contrebassiste, en plus d’une performance de «lightsaber» durant Rayon-X, ainsi qu’une présentation des musiciens absolument loufoque.
En contrepartie, un spectacle fut légèrement décevant: la prestation correcte, sans plus, des vétérans Blonde Redhead. Ceux-ci ont commencé avec une énergie de feu, entamant avec Falling Man suivit de deux autres pièces à la guitare pour ensuite tomber dans une suite laconique de chansons légèrement trop introspectives. Un résultat qui manquait de variété et d’entrain. L’autre déception est la soirée métal. Bien que la présence de Voivod était géniale (ceux-ci étant un groupe québécois qui a su s’établir sur la scène mondiale et qui a donné un spectacle lourd, bruyant et inspiré). Origin et Dying Fetus sont des groupes eux aussi établis. Il me semble qu’il ne manque pas de groupes métal de la relève. On peut facilement penser à The Ocean, Eight Bells, Pallbearer, All Else Fails, Sanktuary et bien d’autres!
Le spectacle de clôture a donné droit aussi à de beaux moments. Fire/Works, qui s’est vu décerner une ovation monstre, a ouvert le bal. La formation était dans une forme splendide et a su conquérir le cœur de tous ceux qui étaient présents. Le groupe a offert en prime deux nouvelles pièces qui n’étaient pas piquées des vers. C’est Yann Perreau qui a fermé la marche du FME avec les pièces de son dernier album, À genoux dans le désir, accompagné de deux musiciens. Il était inspiré et a annoncé dès le début qu’il ne savait qu’une chose… Il voulait terminer rapidement, avant Voivod, afin d’avoir la chance de les voir en direct pour une première fois. Le trio s’est donc mis en route pour un spectacle d’un peu plus de deux heures qui s’est terminé comme toujours avec les shows de Perreau, dans l’amour. Tous sont sortis, un grand sourire aux lèvres, signe d’un festival réussi.
Et si vous croyez que le festival se limite à ça, vous vous trompez. C’est aussi des concerts de danse impromptue dans la rue, des performances de reprises de vieux punk, le groupe français Fordamage qui présente son rock devant Chez Morasse (l’équivalent de la Banquise montréalaise, mais à Rouyn… que j’ai à peine fréquenté pendant la fin de semaine à trois heures du mat… pfff), les Abdigradationnistes qui nous offrent leur poésie surréaliste dans une ruelle, les fêtes qui se terminent au petites heures, les improvisations au piano en public, la nuit électro avec Boundary (Dj Poirier), Rich Aucoin et Kenlo Craqnuques qui ne se termine jamais, un spectacle intime et acoustique de Random Recipe et bien plus.
C’est aussi une rencontre, une fête qui clôt la saison des festivals en région. C’est aussi un privilège de voir ces artistes dans un endroit plus intime que les grandes scènes normales de la plupart des festivals. Il se crée une telle proximité entre le public et les artistes, qu’une complicité unique s’installe. Il ne faudrait pas oublier non plus, l’accueil chaleureux des gens de l’Abitibi qui reçoivent les artistes à bras ouvert… et les journalistes aussi. Merci Rouyn-Noranda, t’as été bonne pour moi, on se revoit l’an prochain!