Lancement de Pako X Maten X Shauit au Lion d’Or le 31 mars 2023 : célébrer à l’unisson
Le Lion d’Or affichait complet pour ce lancement de trois artistes autochtones d’expériences, quelques jours après la demande d’instauration d’un quota de 5% de musique autochtone sur les ondes des radios commerciales.
Rarement un lancement d’album aura été aussi politisé. Il y avait du monde au rendez-vous. Ghyslain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador y était, Joséphine Bacon, les bailleurs de fonds québécois et canadiens, l’ADISQ, l’ex-maire Labeaume, la conseillère de la Ville de Montréal Alia Hassan-Courtnol et plusieurs autres.
Ce n’est pas tout. Les artistes autochtones se sont aussi rassemblés autour de cette soirée. On voyait dans la salle Matiu, Scott-Pien Picard, Laura Niquay, les membres de NINAN, Kanen et Katia Rock qui étaient tous là pour supporter leurs amis dans cette soirée très spéciale. Difficile de ne pas comprendre la nature politique de l’événement qui allait se produire. Et c’est tant mieux. En cette journée nationale des langues autochtones, c’est d’abord et avant tout l’innu et l’atikamekw qui ont rayonné.
Pako
Avant que Pako entre en scène pour présenter les pièces de son nouvel album, Nanto, Shauit est venu chanter un chant traditionnel pendant que l’air était purifié par un des membres du groupe de tambour Black Bear. Par la suite, c’est Black Bear qui a entamé une pièce puissante aux tambours qui ont résonné fort dans le Lion d’Or. Finalement, Natasha Kanapé-Fontaine est venue livrer un poème avec fougue et émotion.
Le tout mettait la table pour Pako qui est venu présenter les pièces blues rock de son répertoire entouré de son groupe dans lequel on retrouve le jeune guitariste Ivan Boivin-Flamand. L’habile groupe a offert une belle prestation entrecoupée de quelques interventions en douceur de l’auteur-compositeur-interprète de Manawan. C’était une bien belle manière de commencer la soirée.
Maten
Ayant vécu la manière cavalière avec laquelle les radios commerciales ont exilé Kashtin des ondes lors de la crise d’Oka, Mathieu McKenzie, le fils de Florent Vollant et membre de Maten, attendait cette soirée avec impatience. Il était enjoué et tout sourire de pouvoir lancer le nouvel album du groupe qui s’intitule Utenat, ce qui veut dire la grande ville en innu, sur la scène du Lion d’Or à Montréal.
Maten n’a pas déçu en enchaînant les pièces de leur nouvel album, dont le simple Tshika ui pishikun pendant laquelle Shauit est venu rejoindre le groupe. Pour ne pas déroger à la tradition, un long makusham s’est entamé vers la fin de leur prestation et la salle s’est mise à danser.
Shauit
Dommage pour Shauit que le party était aussi pris au début de sa prestation. Le fond de la salle était particulièrement bruyant alors que le reggaeman revenu à des rythmes plus folk sur Natukun a pris la scène. Grâce à son expérience, il a réussi à la dompter un peu et offrir des pièces de son répertoire en plus de quelques reprises, dont une de Philippe McKenzie qui est le père de la chanson innue contemporaine. D’ailleurs, pendant cette reprise, qui a fermé le concert, tous les artistes autochtones présents sont montés sur scène pour chanter avec le groupe de Shauit. Un beau moment où on sentait toute la force de cette vague de jeunes artistes prêts à refaire le monde.
Son ami et collaborateur Yves Lambert est venu le rejoindre pour plusieurs chansons passant de l’accordéon à l’harmonica. Une prestation qui rappelle à quel point Shauit est habitué d’être sur scène et qu’il maîtrise parfaitement le médium.
C’était une soirée de réjouissance, de partage et de rencontres au Lion d’Or qui laisse croire que les choses changent. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que la place des autochtones soit celle qui leur revient et pour panser les plaies d’erreurs du passé, mais il y a certainement, de part et d’autre, volonté que cette rencontre se fasse. Vivement des quotas de 5%!