C’était avec une certaine fébrilité qu’on attendait le passage de Jorja Smith, l’une des voix les plus pertinentes du R&B anglais contemporain.

Photos par Jordan Sully

Et la jeune femme a montré à quel point elle avait une bonne voix et que sa pratique était principalement ancrée dans l’approche collective. Avant celles-ci, nous avons eu droit aux premières parties de Baby Rose et Donovan’s Sound Club.

Sean Paul much

Donovan’s Sound Club tripe visiblement beaucoup sur Sean Paul. La foule (dont plusieurs membres étaient probablement même pas né dans les grosses années de Sean Paul) semblait ne pas trop s’en formaliser alors que le DJ avait pour mission de réchauffer le plancher de danse pour Jorja Smith et Baby Rose. Son set était particulièrement coloré par le dancehall. Par moment, il offrait de très bons moments où deux chansons coulaient les unes dans les autres, mais trop souvent le DJ utilisait de trucs pour nous faire oublier que les deux pièces qui se suivaient avaient peu en commun. Les scratchs étaient particulièrement présents en première moitié de sa performance qui a duré environ 25 minutes.

Une belle voix, mais une musique ordinaire

Il faut dire que Baby Rose ne l’avait pas facile en ayant seulement un guitariste avec elle. Celui-ci déclenchait aussi les trames sur un ordinateur portable. La jeune femme a prouvé que sa réputation n’était pas exagérée : elle possède une voix magnifique et ronde. Ses capacités vocales sont grandes et parfois, elle en met même un peu plus que le client en demande avec des trémolos exagérés. Ceux-ci auraient peut-être mieux passé avec des trames de fond un peu moins consensuelles. C’est dommage parce qu’elle habite bien la scène et que son interprétation est juste. Le gros faible est vraiment les pièces qui tombent un peu trop souvent dans les clichés du R&B et du blues.

Passion et plaisir

Jorja Smith est embarquée sur scène accompagnée d’une batteuse, d’un bassiste, d’un guitariste, un claviériste et trois choristes. L’Anglaise n’a pas perdu de temps en envoyant Teenage Fantasy dès le début. Elle a enchaîné avec Be Honest et l’excellente Addicted. Son concert était principalement composé de chansons issues de son premier album, Lost & Found, paru en 2018, et son long EP Be Right Back paru l’an dernier.

L’autrice-compositrice-interprète a tenu à présenter ses musiciens au tiers du concert et les a célébrés à maintes reprises en cours de route. Ses choristes étaient particulièrement impressionnants avec leurs voix puissantes qui prenaient parfois la liberté de faire un court solo. Certaines chansons prennent un nouveau virage sur scène comme Time qui laisse moins de place à la guitare acoustique et qui compte davantage sur l’apport des autres musiciens qui s’amusent dans le groove.

Elle a aussi joué les populaires On My Mind et Something in the Way qui datent du début de sa carrière. Les versions en groupe complet sont particulièrement efficaces. Tout le long du concert, Jorja Smith a prouvé que sa voix est un atout qu’elle possède. Elle sait s’en servir.

C’était une belle manière de commencer la semaine!

Crédit photo: Jordan Sully