HIDE, Anatomy, Dregqueen au Café Cléopatre le 8 février 2020
En ce glacial samedi 8 février dernier, nous nous sommes rendus dans l’excentrique Café Cléopatre pour nous plonger dans l’univers anxiogène du duo industriel noise HIDE. En première partie : Dregqueen, qui jouait à domicile, et Anatomy, une jeune new-yorkaise.
Il est déjà vingt-deux heures trente quand Dregqueen prend d’assaut la scène du strip-club avec sa techno punk on ne peut plus frontale. Comme à son habitude, elle saura capter l’attention de la jeunesse branchée présente ce soir en intégrant les codes de la pop à une prestation courte, mais mouvementée. Passant plus de temps dans la fosse que sur scène, la recette est simple et efficace : une voix plaintive chargée en échos, brutalement estompée par un kick et de nappes de synthétiseurs qui signent une EBM abrasive. Le tout à 140bpm minimum, pas le temps de prendre de pause.
Bien échauffés, nous sommes prêts pour accueillir à bras ouverts l’envoûtante Anatomy, véritable réincarnation de nos idoles des années 90 à la Marilyn Manson. Tout droit sortie de l’effervescence hardcore qui sévit à New York depuis quelque temps, Anatomy, de son vrai nom Jenna Rose hurlera telle une exorciste sur fond de mélodies darkwave répétées à l’infini. Son dernier opus publié le 16 janvier dernier chez Synthicide Records confirmait l’intégration de Rose à sa scène locale comptant entre autres Pharmakon ou Deli Girls. Le regard sombre et plaintif, le live de ce soir sera accompagné de visuels dignes de films d’horreur. Seringues, expérimentations chirurgicales, insectes, BDSM, chaînes et sadisme peupleront nos futurs cauchemars. L’enchaînement est efficace et l’on croit reconnaître le drum loop de Smack My Bitch Up de Prodigy lorsque Rose entame son récent simple Incel. Puis, sans échanger un seul mot avec le public, elle quitte la scène nous laissant un sentiment de malaise pas si déplaisant que cela. Certains pourront reprocher le manque d’originalité de son set, mais il est indéniable que le cocktail est asphyxiant et terriblement efficace.
Aux alentours de minuit, une gigantesque silhouette vêtue de noir vient s’agenouiller au fond de la scène. Des percussions industrielles résonnent, la foule est de plus en plus compacte, des flashlights éblouissent l’audience, la silhouette se lève : voici HIDE. Nous plongeant instantanément dans la noirceur de leur univers, le duo composé de l’artiste visuel et vocaliste Heather Gabel et du percussionniste, figure de proue de la scène underground de Chicago, Seth Sher, livrera un set abrasif et sans concessions. Créateurs de l’album Hell is Here sorti en août dernier chez DAIS Records, la musique du groupe est clairement taillée pour le live.
La gestuelle de Gabel est une performance à elle seule. C’est en tenue de cuir, collants déchirés et rouge à lèvres noir appliqué grossièrement qu’elle arpentera la scène, tantôt debout, tantôt à quatre pattes. Son attitude est menaçante, scandant de manière hystérique Self, Sex and Obsessed pendant que son acolyte Sher assène avec violence les déflagrations de sa boîte à rythmes. Cherchant davantage à interpeller qu’à plaire, place est faite à l’expérimentation et la provocation. Imaginez ADULT ou Boy Harsher sans le caractère dansant, ajoutez du harsh noise et vous aurez une bonne idée de ce que donne HIDE en live. Une fois de plus, ce type de prestation est avant tout intense, percutant et relativement bref.
La musique électronique malsaine de HIDE aura su combler nos délires sadiques, et l’on éprouve un plaisir presque coupable à s’épanouir dans leur jouissif chaos sonore où la dissonance devient douloureusement belle.