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Jour 1

Le périple des festivals musicaux montréalais se poursuit de plus belle ce week-end avec la présentation au parc Jean-Drapeau de l’évènement Heavy Montréal qui, cette année, prenait une tournure plus punk rock avec des pointures telles que Bad Religion, Dropkick Murphys, Pennywise et The Offspring. Si on ajoute à cela un alignement métallique estimé, avec les Metallica, Anthrax, Voivod, Slayer, Lamb Of God et autres consorts, je dois confesser que le chapelet de groupes présents cette année est quand même fort acceptable.

Après un bon 45 minutes d’attente (ce qui laissait présager un achalandage monstre sur le site), je suis tombé sur la performance de Babymetal; groupe composé principalement de trois jeunes japonaises et créé de toute pièce par une agence de «talent». Y’a pas à dire, le ridicule ne tue pas!

J’ai donc pris mes jambes à mon cou et je me suis dirigé tout de go à la scène de l’Apocalypse afin d’assister à la prestation de la formation métal/industriel française nommée Mass Hysteria. Y allant de quelques brûlots tirés de leurs deux derniers disques (L’armée des ombres et Failles), Mass Hysteria a présenté une performance endiablée. Intense, énergique, le meneur et les deux guitaristes participant activement au «circle pit», il n’y a rien à redire; l’un des meilleurs moments sonores de la journée.

J’ai également attrapé au vol Municipal Waste, quatuor thrash/hardcore à la Suicidal Tendencies/D.R.I. Je dois dire que cette sympathique formation (qui n’apporte rien de bien nouveau à ce genre musical un tantinet éculé) ne se prend vraiment pas au sérieux. Au programme? Un «beugleur» qui y va d’une roue latérale inélégante et qui brasse ses cannettes de bière lascivement afin d’asperger une foule avide de cet élixir. De plus, à la demande du même hurleur, certains fanatiques ont grimpé dans les arbres afin de plonger tête première dans cette cohorte de fous furieux… une véritable séance de «tree diving»! Municipal Waste is gonna fuck you up? Parfaitement!

Bien entendu, je suis demeuré de marbre devant le sextuor «deathcore», formé en 2006 et nommé Whitechapel. Une dextérité indéniable, une exécution irréprochable, mais un métal qui me fait franchement rigoler tant les vociférations émises par le leader de la formation sont aux antipodes de l’authenticité. Pas grave, il en faut pour tous les goûts, semble-t-il!

J’anticipais positivement le moment que j’allais passer avec les noise rockers d’Atlanta, Georgia, baptisés coquettement Whores.. Lourd, violent, cathartique sitedemo.caiguant un mur de son évoquant autant Helmet que Jesus Lizard, ce trio sonne comme s’il était huit. Ce groupe carbure au «drop D» à plein régime et exulte la testostérone. Pas pour toutes les oreilles, mais totalement enragé! Irréprochable! L’impératif du jour!

Par la suite, je me suis remis rapidement sur mes deux pattes afin d’aller voir le joyau du métal québécois, les vétérans Voivod. Dernière fois que j’avais vu Voivod? En 2011 à Barcelone lors d’un spectacle des plus émouvants… Ceci dit, Dan «Chewy» Mongrain fait éloquemment la besogne dans le rôle de guitariste et digne remplaçant de Denis «Piggy» D’Amour (décédé en 2005 des suites du cancer) et Dominic «Rocky» Laroche tire bien son épingle du jeu en relève à Jean-Yves «Blacky» Thériault qui a quitté récemment la formation. Malheureusement pour nos «local boys», le son était quelconque et il était difficile de bien apprécier la prestation de nos valeureux musiciens dans ces conditions sonores exécrables (et je pèse mes mots). Qu’à cela ne tienne, en vieux pros, Voivod a terminé en force avec Astronomy Domine; cette superbe relecture du classique de Pink Floyd. Voivod méritait définitivement mieux!!!

En ce qui concerne Anthrax, j’avais observé les vieux routiers dans une édition antérieure du Heavy Montréal. Cette fois-ci, je suis resté sur mon appétit. Le très glam métal et bronzé Joey Belladonna était en grande forme parcourant la passerelle surplombant la dense foule avec toute la fougue de ses 54 ans. Beaucoup d’efforts… pour peu de résultats, le public demeurant stoïque tout au long de la performance. J’ai senti la bande quelque peu contrarier par l’indifférence de l’auditoire qui semblait vouloir résolument en découdre avec Metallica.

Petite pause nourriture et durant The Offspring, j’ai tenté en premier lieu (et sans succès) de retrouver mes amis dans cette marée humaine démesurée; la plus compacte que j’ai vue (de mémoire d’homme) au parc Jean-Drapeau. Quasiment insoutenable! À 20h15, Metallica faisait son apparition afin d’honorer cette excellente idée qui consiste à demander aux admirateurs de concevoir le set-list du concert. C’est donc la tournée Metallica by request qui s’arrêtait à Montréal! Un morceau de robot pour cette généreuse initiative, mais il faut avouer que depuis Metallica (The Black Album), la formation californienne ampoulée n’a rien fait qui vaille, s’enlisant lamentablement dans les contres-performances studios…

Qu’à cela ne tienne, j’étais présent afin de vérifier si Metallica demeure toujours cette redoutable machine de rock huilé au quart de tour. À la hauteur? Majoritairement, oui. Débutant avec un trio de morceaux épiques imparables (Blackened, Master Of Puppets, Welcome Home (Sanitarium)), accompagné d’un écran géant de luxe ainsi que de magnifiques éclairages lasers, Metallica, à certains moments, avait des airs de conquérants, mais à d’autres, la bande à James Hetfield tirait un peu le diable par la queue. Je fais référence précisément à la performance fluctuante du batteur Lars Ulrich durant One; morceau de bravoure où la cohésion manquait cruellement. À quelques occasions, j’ai senti Ulrich à la trâine comparativement à ses comparses, surtout lors des pièces demandant un peu plus de prouesses techniques.

À la fin de One, je me suis dit qu’il était peut-être temps de rentrer à la maison, car avec une armada de métalleux aussi considérable, j’avais bien peur d’être dans l’incapacité de vous livrer mes impressions et commentaires à temps. C’est au son de For Whom The Bell Tolls et Battery que je me suis frayé un chemin au travers de cette horde de fanatiques afin de retourner bien sagement à la maison.

Au final, ce fut une bonne journée! Pas vraiment divine, ni totalement luciférienne, ce premier jour de cette édition de Heavy Montréal a efficacement dessuinté mes conduits auditifs sans trop les abîmer. Demain, j’aurai à l’œil Grimskunk, Exodus, Body Count, Hatebreed, Bad Religion, Truckfighters, Twisted Sister et… Slayer (mettant en vedette ces bons vieux salopards de Tom Araya et Kerry King). Un excellent jour du Seigneur en perspective!

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