Heavy Montréal 2015
En fin de semaine se déroulait la 7e édition du festival Heavy Montréal qui a tranquillement délaissé une connotation seulement métal pour se concentrer sur le genre lourd en général. Cela amène au parc Jean-Drapeau une foule particulière, excentrique, variée qui est un peu loin des fleurs dans les cheveux d’Osheaga. En bon vadrouilleur, je me suis donné, tel le Christ dans les jardins de Gethsémani, pour me farcir les oreilles des groupes qui étaient de passage par Montréal avec une seule intention: rocker la baraque.
Tout a commencé vendredi, sur le coup de 13h00 alors que je me frayais un chemin parmi la foule et que les vétérans métalleux de Sherbrooke, Gorguts, dispensaient leur métal qui se balade entre le thrash et le metal core. Une demi-heure bien remplie par les rockeurs qui semblaient très contents d’être sur place. Puis, je me suis dirigé vers la scène de l’Apocalypse (rien de moins) pour me rincer les oreilles avec le métal bruyant de Brothers Of The Sonic Cloth. À 14 h 18, un jeune homme cachait déjà un joint de la vue d’un responsable de la sécurité qui scrutait les lieux pour assurer une consommation propre… oui, on était en festival. Pendant ce temps, les Américains de Seattle nous ont envoyé leurs lourdes ritournelles tirées de leur album paru plus tôt cette année ainsi qu’une nouvelle chanson. Tad Doyle, anciennement de Tad, était en forme et sévissait avec ardeur au micro. En plus de cela, le batteur Dave French s’est exprimé dans un français impeccable à plusieurs reprises ce qui évidemment a ravi la foule.
Par la suite, je me suis dirigé à la magnifique scène des Arbres qui, comme le nom l’indique, est en plein milieu des arbres. Un endroit plus frais, loin des rayons du soleil qui devient un repaire agréable pour le festivalier. Mais bon, avec Cattle Decapitation qui t’envoie leur deathgrind par la tête, c’est passablement moins paisible. Disons que ça rentre au poste avec très peu de nuances et beaucoup d’énergie. En fin d’après-midi, c’était aux vétérans suédois d’Arch Enemy de prendre l’une des scènes principales. Ceux-ci ont livré plusieurs de leurs succès et des pièces plus récentes avec la chanteuse Alissa White-Gluz anciennement du groupe de métal montréalais The Agonist. Celle-ci a d’ailleurs fait plaisir à la foule en brandissant le fleurdelisé et s’exprimant à plusieurs occasions en français aux admirateurs. La jeune femme amène une énergie beaucoup plus féminine qu’Angela Gossow et se débrouille à merveille apposant sa couleur plutôt que d’essayer de copier sa prédecesseure.
Puis, j’ai attrapé quelques chansons du groupe Veil Of Maya qui était tout sourire alors qu’ils dispensaient leur métal lourd et technique. Le guitariste était accoutré plus pour Osheaga qu’Heavy Montréal et affichait un sourire de joie intense alors qu’il nous envoyait ses riffs tout à fait délectables. Seul hic? Le groupe n’a joué qu’à peine trente minutes plutôt que les quarante-cinq prévus à l’horaire. Je me suis donc dirigé vers la scène qui accueillait Meshuggah tout en attrapant la fin du concert de Lagwagon qui, fidèle à leur recette, a joué de ce punk rock qui évoque la Californie et le soleil. Mais parlons de Meshuggah, le voulez-vous? Les vétérans du groove métal ont démontré pourquoi ils possèdent une réputation si envieuse. Avec trois chansons de leur dernier album, Koloss, et quelques unes plus anciennes, les Suédois ont ravi la foule. C’était maintenant au tour du groupe canadien Alexisonfire de prendre la scène. La bande qui a recommencé à tourner après un adieu en 2012 était attendue par les spectateurs et n’a pas déçu. Envoyant les tubes de ses deux derniers albums, ils ont atteint des sommets de puissance avec l’enchaînement Rough Hands/This Could Be Anywhere In The World/Young Cardinals et les voix de George Pettit, Dallas Greene et Wade MacNeil s’alternait avec symbiose et cohésion. Gros spectacle. Mais le clou du spectacle était assuré par les vétérans du nu-metal, Korn. Comprenez que pour moi, Korn signifie le début de l’adolescence et l’école secondaire. J’ai chanté les paroles de l’album homonyme qu’ils ont joué d’un bout à l’autre. Des moments forts en émotion et mes poils se sont hérissés au refrain de Clown, à la cornemuse de Shoots And Ladders et la magnifique Helmet In The Bush. Je pouvais reposer en paix, la voix m’ayant quitté et les dernières réserves d’énergies épuisées. J’étais de retour tôt samedi pour attraper plusieurs groupes que j’attendais avec impatience. J’ai pu attraper une autre performance d’un groupe local, Slaves On Dope qui comptait sur plusieurs inconditionnels dans la petite foule qui avait opté pour une arrivée en début d’après-midi. Plusieurs fois, le chanteur Jason Rockman a passé le micro à un spectateur qui connaissait chacune des paroles du groupe. Puis, c’est Deafheaven qui a ouvert avec Dream House c’était tout à fait brutal et excellent. Le groupe n’a pas pigé dans son nouveau répertoire et donc nous n’avons pas eu droit à de nouvelles chansons. Ils étaient tout de même très en forme et même si le son n’était pas parfait, l’expérience était tout à fait incroyable.Par la suite, c’était Rocket From The Crypt qui étaient eux aussi tout sourire pour la foule présente. Ils ont envoyé leur rock’n’roll entraînant et parfois salopé avec une énergie contagieuse. Gros sourire garanti. Tout comme à Glassjaw qui a offert une prestation plus que respectable devant une foule plutôt compacte. Le combo américain a livré ses pièces avec puissance et passion. Un des moments marquants de la journée. Puis, c’était au tour des Français de Gojira de prendre la scène. Devant une nombreuse foule, ils ont envoyé leur métal technique avec des pièces de leur album From Mars To Sirius ainsi que deux pièces de l’excellent Enfant Sauvage. C’était lourd, c’était agressif, c’était tout à fait satisfaisant. Un de mes coups de cœur de la fin de semaine.
Je me suis par la suite déplacé à la scène de l’Apocalypse pour retrouver le groupe québécois B.A.R.F. qui a donné tout un spectacle. Marc Vaillancourt, qui passe la moitié du spectacle la langue sortie de la bouche, est tout un chanteur. La bande charismatique a même fait crier marijuana le plus fort possible à la foule pour: «que les gens de St-Lambert aient le goût de se rouler un bat», ce qui devrait les calmer. Un spectacle intense qui valait le détour. Après que Billy Talent ait envoyé ses grands succès devant une foule conquise et repue, NOFX s’est amené sur la scène Molson Canadian. Fat Mike, fidèle à ses habitudes étaient habillé d’une robe rose et a envoyé paître les gens qui aimaient le heavy metal. Selon lui, le problème c’est qu’ils prennent une pièce d’une minute et demie et la font durer huit… sacré Fat Mike! Ils nous ont aussi envoyé les pièces Creeping Out Sara, 72 Hookers et le classique Champs Élysées. Leur spectacle décousu était ponctué de piñatas à détruire, d’insulte envers Dokken (ce qui m’a totalement fait plaisir) et de blagues sur la démarche d’Iggy Pop, avant de se rétracter et de dire que c’est une légende incroyable.D’ailleurs, cette légende a pris la scène par la suite et a fait plaisir à la nombreuse foule, envoyant I Wanna Be Your Dog dès le début du concert. Même si les meilleures années sont derrière lui, on ne peut s’empêcher de penser que si l’on est aussi en forme que lui à son âge, ce ne sera déjà pas pire. Il est toujours très souriant et content d’être sur une scène. Finalement, c’est Faith No More qui assurait la fin de journée et ils ont donné une performance généreuse et complète. En plus des pièces du récent Sol Invictus, ils ont gâté la foule de leurs classiques: Epic, Midlife Crisis, Caffeine et bien plus. En plus, Mike Patton est allé prendre un bain de foule pendant Ashes To Ashes. Une excellente façon de clore cette deuxième journée.
Finalement pour la troisième journée, j’avais un programme espacé devant moi. Le tout a commencé avec la bande de Québec, Sandveiss, qui a distribué les gros riffs et les airs rock accrochant. Le quatuor se débrouille très bien et a conquis la foule qui était présente à la scène des Arbres. Puis, Pig Destroyer faisait une première apparition à Montréal en quasiment 20 ans d’existence. La bande qui affectionne le grindcore n’a pas laissé les Montréalais sur leur soif et l’on souhaite ardemment qu’ils reviennent plus tôt que tard! Je me suis quand même évadé rapidement pour attraper les dernières pièces de Marky Ramones’ Blistkrieg avec Andrew W.K. au micro. Le mix est parfait et le «Party Man» a fait honneur aux nombreux classiques du dernier membre vivant du groupe mythique.
Plus tard, j’étais de retour à la scène des Arbres pour attraper les brutaux métalleux de Once Upon A Burning Body. Bien que la musique du combo ne soit pas des plus originales, ils ont offert toute une performance. La bande a même créé des «circle pits» autour des nombreux arbres. Puis, je me suis déplacé pour admirer le légendaire chanteur d’Emperor, Ihsahn. Celui-ci n’a pas déçu la foule et, en plus de sévir avec ses compositions, a ressorti plusieurs classiques de son groupe. À coup d’Ibanez huit cordes, il a fait des siennes au plus grand plaisir de la foule.
Finalement, c’est Lamb of God qui avait le privilège d’ouvrir pour Slipknot. Bien que la formule du groupe soit efficace, les chansons qui ont tendance à se ressembler finissent par fatiguer. Mais leur prestation était à tout point parfaite et intense. Puis les métalleux de l’Iowa ont mis un clou dans le cercueil de cette édition d’Heavy Montréal. Slipknot ont offert une prestation enlevante où vieux succès côtoyaient pièces récentes. Une décharge incroyable qui ressemble à Kiss en nettement plus sauvage et plus serré. Mais les rockeurs se sont ramollis et maintenant prêchent par l’amour… entre deux ritournelles à la brutalité exemplaire. Un réel plaisir pour les admirateurs qui ont eu droit à Wait And Bleed, Spit It Out, Left Behind et bien plus encore.Ça clôture cette fin de semaine de sons lourds et délicieux. Une édition réussie, bien qu’un peu longue. On dirait que les trois jours forcent les organisateurs à chercher à plaire à trop de publics. Extreme, Dokken et Warrant faisaient bande à part dans cette messe de la musique lourde et offrait un rock qui est malheureusement totalement désuet. Cependant, le public a pu faire de belles découvertes avec Brothers Of The Sonic Cloth et Pig Destroyer. Un événement réussi et franchement lourd. Merci Heavy Montréal, à l’année prochaine!