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Full of Hell au Ritz PDB: Faire le plein d’enfer.

Comme à chaque weekend estival montréalais, il y avait beaucoup trop de choses à faire en ville en ce samedi printanier ensoleillé. Pris dans une névrose ordinaire, j’ai toutefois eu beaucoup de difficulté à me lever de mon divan pour sortir voir le monde. Mais quoi choisir? Éric Lapointe aux Francos? Lol. Canailles au Club Soda? J’ai besoin de quelque chose de plus agressif. Limp Wrist à la Sala Rossa? Peut-être, mais encore. Full of Hell au Ritz. Ça, ça le fait. Résumé d’une soirée pas mal plus rock que Marie-Stone.

J’enfourche mon vélo en écoutant Sweltering Madness, dernier EP de Gatecreeper, un des groupes présents sur cette belle brochette de lourdauds. Leur death métal somme toute assez classique, mais vraiment bien foutu me ramène tranquillement à la vie et je décolle de chez moi à l’heure où le show commence. 19 h.

Je manque donc la prestation de Detainee, un band Black Metal/Doom de Montréal que je me suis juré de ne pas manquer lors d’un prochain spectacle. Allez sur leur bandcamp pour écouter Slower Violence, leur unique EP. Un 10 minutes bien investi.

J’arrive au milieu du set de Patent, quatuor grindcore mené par Maxime Brault, type relax et bon vivant. En tout cas entre les tounes. C’est très efficace. Je pensais que j’hallucinais du français pendant leur set. Une écoute ultérieure m’a confirmé que c’est bel et bien une version « décalissée » de la langue de Molière que l’on entend dans les beuglements. Du bon boulot!

Ensuite, c’est APES de Québec qui prend le contrôle de la scène. On les a déjà vus aux Foufs en première partie de Full of Hell aussi. Ça a créé des liens à un point tel qu’Alex, le chanteur, a même fourni un design de t-shirt aux jeunes démons du Maryland. Très bon spectacle. On a hâte d’entendre le successeur de Lightless, apparemment en préparation.

Les death métalleux de l’Arizona, Gatecreeper, servent de dernière mise en bouche avant l’assaut final. Tout simplement l’un des meilleurs bands death métal des dernières années. La relève est pas mal assurée dans le merveilleux monde du métal et Gatecreeper porte fièrement la flamme. Efficace et précis.

Maintenant, Full of Hell.

Quand j’ai vu ces gars-là pour la première fois, le guitariste Spencer Hazard vendait leur marchandise aux Foufs avec l’air d’un gamin timide qui ne fréquente pas trop souvent les bars. Et pour cause, j’ai ensuite su qu’ils étaient très jeunes, environ 19-20 ans. Je suis devenu fan instantanément. C’est dans un local de pratique d’Ocean City au Maryland que Dylan Walker et ses trois potes ont canalisé leur anxiété sociale et leur rage adolescente afin de mettre au point le son unique du band le plus fascinant de la musique extrême. Ils appellent ça du death noise, mais le mot ne rend presque pas justice à l’assaut ressenti. Tous les groupes qui ont joué avant son facilement présentable à tes parents à côté de Full of Hell. En moins de 10 ans d’existence, le groupe s’est taillé une place de choix dans la scène métal, aussi bien que dans la scène punk. Aaron Turner (Isis) et Nate Newton (Converge) ont collaboré à leur plus récent album et leur prochaine offrande sortira sur Relapse Records. Rien de moins. Ils sortent des 7 pouces aux 3 mois et ils collaborent sur des albums avec Merzbow et The Body en plus de tourner sans arrêt.

Bref, les gars travaillent très très fort. Leur musique joue dans des profondeurs cauchemardesques et après un peu plus d’une demi-heure de spectacle, on en ressort reconnaissant de réintégrer sa vie, peu importe la couleur de la phase dans lequel on se retrouve à ce moment-là (brun pour moi à ce moment-là, la gang). Les hurlements gutturaux et carrément inhumains de Dylan donnent des frissons dans l’échine alors qu’autour de lui la dissonance des guitares de Spencer et la batterie frénétique de Dave Bland pulvérisent toute tentative de joie de vivre. Le tout, ponctué par les assauts noise du chanteur, qui gosse sur ses machines de façon sporadique. Certains spectateurs sortent de la salle avec un air médusé. C’est normal. Full of Hell, c’est comme un bon film d’horreur efficace. On y retrouve une ambiance vraiment pas rassurante et c’est exactement ça l’objectif. Se trouver bien dans son existence une fois qu’arrive le générique. Personne n’est mort pour vrai et hop, la vie!

Ce n’est résolument pas pour tout le monde, mais ceux qui savent, savent.

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