Fred Fortin inaugure la 8e édition du festival Cabane Panache et Bois Rond
En ce jeudi soir dépourvu de neige, mais d’une froidure parfaitement hivernale, le festival Cabane Panache et Bois Rond lançait sa 8e édition de belle façon avec une prestation d’un de mes musiciens québécois favoris : l’increvable Fred Fortin. Cet événement qui se déroule tout le week-end (du 22 au 25 mars précisément) dans l’arrondissement de Verdun est le plus important festival d’érable gratuit au Québec. 80 000 tripeux sont attendus pour y déguster des mets traditionnels, prendre un petit coup et écouter de la musique festive bien de chez nous. Si l’envie de faire le party vous prend cette fin de semaine, c’est à Verdun que ça se passe !
Après une courte allocution du sympathique Rémi-Pierre Paquin, premier porte-parole officiel de l’événement, Fred Fortin, en mode homme-orchestre, avait le mandat de réchauffer les nombreux festivaliers. D’entrée de jeu, on a eu droit à une version épurée de la superbe Oiseau, morceau phare du plus récent album de Fortin, le célébré Ultramarr. Déjà, après une seule pièce, le froid faisait son œuvre forçant le musicien à accorder minutieusement ses guitares après chacune des chansons, ce qui est venu ralentir sensiblement le rythme de croisière du spectacle.
Qu’à cela ne tienne, Fortin est un vétéran qui en a vu d’autres et sa capacité d’adaptation n’a jamais fait aucun doute. Après une excellente relecture de Madame Rose, le rockeur a plongé dans le « vieux stock » en nous proposant Canayens; pièce portant sur l’équipe nationale des Québécois (l’incontournable CH) qui, lorsqu’elle a été écrite il y a près de 20 ans, racontait l’histoire d’une équipe en totale déroute… à l’image de l’édition 2018. En concluant avec un petit clin d’œil sarcastique au directeur général de la formation, Marc Bergevin, il n’en fallait pas plus pour accrocher un sourire au public massé près de la scène principale.
Après quelques chansons tirées d’Ultramarr, Fortin a accéléré le rythme en plongeant dans le répertoire stoner de la mythique formation Gros Mené. Gros coup de chapeau pour la version rentre-dedans de St-Prime. Avec pour seul accompagnement une guitare et une batterie rudimentaire, le compositeur a fait « headbanger » quelques irréductibles, dont votre humble scribe. Les pouces en l’air pour la version de Ski-Doo; un extrait de l’album Tue ce drum Pierre Bouchard. Et j’y vais d’une ultime génuflexion pour la relecture de Portrait d’un OVNI, morceau paru sur le premier album de Fortin : Joseph Antoine Frédéric Fred Fortin Perron.
En fin de concert, l’auteur-compositeur-interprète y est allé d’une des chansons prisées de son répertoire, l’émouvante Rubber. J’ai alors pris conscience que l’artiste avait fait un sérieux bout de chemin quant à la justesse de sa voix. Fortin a toujours été un instrumentiste hors pair, mais aujourd’hui, on peut affirmer sans trop de gêne qu’il est devenu aussi un très bon chanteur. Le musicien a tiré sa révérence avec une autre pièce de Gros Mené et j’ai quitté Verdun pleinement heureux d’avoir vu une nouvelle fois, dans sa plus simple expression, l’un des plus importants musiciens de l’histoire de la musique québécoise.
Un dernier mot sur l’offre alimentaire du festival. Pour les « foodies » dont le narcissisme et la prétention frôlent le néant (une très bonne chose en ce qui me concerne), vous y trouverez votre compte. Une bonne main d’applaudissement au pouding chômeur concocté par le restaurant La Grande Marquise et une poignée de main franche au Comptoir 21 et ses trois « boulettes-croquettes » de morue.
Bref, de la bonne bouffe, de la bonne musique, du bon monde, un beau quartier dépourvu de snobisme futile, vous avez là tous les ingrédients pour un événement réussi. Allez-y. Ça vaut la peine !
Pour de plus amples informations : promenadewellington.com
Crédit photo: Caroline Perron photographies