Après une première soirée de préliminaires sous le rock des guitares électriques et des pédales d’effets, l’heure était à la poésie et au son indie rock.

J’aime mes ex : Mon Doux Saigneur

Pour chacune des sept soirées préliminaires, les Francouvertes invitent un artiste d’une édition précédente à venir présenter quelques chansons de son univers musicales. Par contre, ceux-ci doivent soit présenter une chanson inédite ou une version retravaillée d’une de leur chanson existante.

Emerick St-Cyr Labbé alias Mon Doux Seigneur, qui n’a même pas encore branché sa guitare, décide de commencer par une version retravaillée d’une de ses chansons. Seul sur scène, c’est une version folk et douce de ses chansons que nous avons eues le droit sur scène, ce qui donne encore plus de place pour les paroles et la voix de Mon Doux Saigneur.

Interprétant Flou, Maudit et Mélodie à la guitare sèche, il finit par changer pour une guitare électrique pour Fleur de l’Âge et Aller. Ayant participé à la 20e édition des Francouvertes, St-Cyr Labbé n’a pas caché sa joie d’être présent et encore, près de 10 ans suivant sa participation au concours, d’être encore présent dans l’industrie musicale québécoise.

Maud Evelyne

« Je m’appelle Charogne, bienvenue au Madrid »

Avec cette phrase, Maud Évelyne ouvre la porte vers sa poésie digeste influencée par les paysages du quartier Hochelaga-Maisonneuve, du joual et de l’indifférence des notions influencée par le capitalisme. Accompagnée de Cédric Martel à la base et à la voix et Jean-Étienne Collin-Marcoux à la batterie, Maud Évelyne assume le chant et la guitare électrique.

Cette proposition d’indie rock est agréable en ce temps où on change de saisons aux trois jours et où on ne sait mettre des bottes ou des gougounes. Ne voulant pas trop s’ouvrir sur la définition claire et précise des noms de ses chansons, celle-ci laisse la liberté à ses musiciens d’y aller fort avec leurs théories qui, pour certains, vont aussi loin que l’univers du Seigneur des Anneaux.

Il n’y a rien de révolutionnaire dans la proposition d’Évelyne sous ses paroles et sa musique. Et le manque de préparation fait perdre un peu de crédibilité face au projet. Occupant la position de guitariste, il aura été plus intéressant de laisser quelqu’un d’autre prendre la place tant il manque de pratique face aux autres musiciens qui font un sans-faute. L’ambiance était portée sur une sorte de jam entre amis qu’un concours de musique. Tu comprends rapidement que Maud Évelyne n’est pas venue chercher une place en finale, elle est venue pour avoir du plaisir.

Paruline

La pandémie n’a pas nécessairement été désagréable pour tout le monde, certains ont eu la chance d’apprendre à jouer de la mandoline et écrire de la musique influencée par la musique traditionnelle, c’est l’histoire de Charles Labrèche alias Paruline.

C’est le premier spectacle de ce nouveau projet (et ça ne sera pas le dernier). Ça fait quelques éditions qu’on voit des artistes influencés par la musique traditionnelle, comme Héron l’an dernier, et à chaque fois, je suis toujours estomaqué de voir comment certains reconstruisent le genre avec les influences de musique actuelle, on est loin des clichés à la Bottine Souriante, on est cependant toujours dans la célébration, le respect et l’envie de célébrer le moment.

Avec un ensemble de 5 musiciens, Paruline présente des textes rassembleurs où mène une joie de vivre contagieuse. Ayant regardé sa performance en virtuel, j’ai malgré tout tapé des mains à quelques reprises. Ça en dit beaucoup.

Et évidemment, ça ne serait pas un spectacle de musique traditionnelle sans violon. Après quelques troubles techniques, le violon s’est fait entendre à cœur joie sans tirer vers un rigodon, mais plus une note émotionnelle, comme dans La Grande Dépression de Mes Aïeux.

Peu importe où il se rend, Paruline aura gagné beaucoup avec cette première performance.

Soleil Launière

Sous des sons de musique électronique, Soleil Launière prend place. Originaire de Mashteuiatsh, cette artiste multidisciplinaire présente un univers psychotique alliant des éléments musicaux de la culture innue comme des chants de gorge avec des pédales d’effets ajoutant une ambiance expérimentale qui rappelle le travail d’Anachnid sur le EP Freaks Of Nature.

Sous ses paroles en français et en innu-aimun se cache une voix qui porte, qui ne cherche pas l’attention, mais qui l’a mobilisé. La musique rend justice à la voix qui me fait oublier ce qui m’entoure pour observer. Sous une mise en scène tout autant puissante, avec des jeux de lumière éclatants, tout était en place pour faire briller Soleil Launière et c’est réussi.

L’amour que porte Launière et son lac Saint-Jean bien aimé se fait sentir par des paroles rappelant la nature et la beauté et fragilité du monde. Même si ce n’est encore rien de révolutionnaire, la performance parle d’elle-même et je ne serai pas surpris que l’on entende Soleil Launière briller sur des scènes partout au Québec comme Elisapie.

Palmarès

1. Soleil Launière
2. PRINCESSES
3. Paruline
4. Fantômes
5. Collation
6. Maud Évelyne

On se retrouve lundi prochain avec Corail, Karolane Boily et Folaube.

Crédit photo: Jaime Antonio Luna Quezada