FrancoFaune 2024 | Jours 3 et 4 : Natasha Kanapé, Nsangu, Zonmai, Vicky R, Adam La Nuit, Ariel Tintar, Anne Pierlise & Lumière et Trotski Nautique
Attache ta tuque avec de la broche, il y a du stock dans ces deux jours de Francofaune où j’ai vu à la fois, une Québécoise Innue, des rappeuses, de la relève belge et un groupe complètement déjanté.
Ah Bruxelles. Mon dieu! T’es toujours aussi géniale. Je vous épargne une petite escapade chez Cantillon qui me permet de déguster une petite gueuze au moment où j’écris ces nombreuses lignes sur deux jours bien remplis à FrancoFaune.
Natasha Kanapé
Mon périple de ma troisième journée s’est entamé avec Natasha Kanapé qui venait présenter sa poésie engagée avec Catherine Lemay Pereira, couteau suisse musical québécois. Kanapé oscillait entre revendications engagées et blagues pendant ce 45 minutes où elle a présenté ses textes qui sont colorés de forêt boréale, de blessures du passé, mais aussi d’espoir et de lumière. Passant du français à l’innu-aimun, elle a livré sa poésie qu’elle considère comme une manière de reconnecter avec le passé de sa communauté et avec ses ancêtres. Elle n’hésite pas à plonger dans des sujets difficiles, parlant des pensionnats, de la création des réserves autochtones et de la perte du Nitassinan qui s’en est suivie. C’était à la fois difficile par moment et parfois ouvert sur un futur où les inégalités seront résorbées. On l’espère à tout le moins.
Nsangu
La jeune autrice-compositrice-interprète de R&B est venue présenter ses pièces qui voyagent à l’aide de récit de personnages qui semblent parfois près de la réalité. Sa voix est très intéressante et elle incorpore un peu de rap à travers le tout. À un moment, Nsangu traite de connard un garçon dans une chanson et cela a fait fortement réagir la foule. Cela a valu qu’elle dise en connivence avec la foule qu’il fallait faire de meilleurs choix. Il y a un côté théâtral à sa livraison qui s’apparente parfois à une approche du conte qui est franchement intéressante.
Zonmai
Zonmai était un nom qui était sur toutes les lèvres quand on me parlait de la soirée. Il faut dire que j’ai été charmé par l’approche dynamique de la jeune femme et sa présence sur scène qui est sans reproche. Musicalement, c’est un mélange de pop, de codes du rap et de techno. Les moments qui sont plus orientés sur le rap ne sont pas toujours réussis en raison de la linéarité de son débit, mais quand ça part dans d’autres genres, elle se débrouille vraiment bien. Il y a eu des moments touchants à travers sa prestation, notamment lorsqu’elle a présenté Big City, une pièce qu’elle a écrite en pensant à son choix de s’exiler de sa ville natale pour poursuivre son rêve de vivre de musique à Bruxelles. Un concert très intéressant.
Vicky R
Alors Vicky R, ça c’est une rappeuse. La Française a livré des textes avec une approche méthodique, travaillée et un aplomb impressionnant. En plus de sa parole qui coule avec un débit varié, elle a une bonne capacité à travailler son public et tout au long du concert elle a mené son public en bateau avec l’aisance d’un capitaine avec de l’expérience à revendre. Ses pièces AHOO et RHC ont frappé dans le mille.
C’est ce qui a mis fin à ma troisième journée du festival. Je n’étais pas en reste parce que la quatrième journée me gardait encore des surprises.
Adam La Nuit
Ma seconde journée a commencé avec la deuxième moitié des projets du parcours FrancoFaune. J’ai commencé le tout avec Adam La Nuit qui a présenté une pop-rock teintée de rumba congolaise et d’afropop nigérian. Son approche est intéressante, légèrement théâtre et tournée vers le verbe qui est équilibré par une solide formation à ses côtés. Résolument, les rythmes de rumba congolaise frappent dans le mille et donnent envie de se déhancher même sur des textes qui ont une bonne dose d’intimité pour le jeune homme. C’est intéressant, malgré qu’encore un peu inégal au niveau musical.
Ariel Tintar
Le Belge Ariel Tintar propose une pop au piano qui nous ramène à l’époque des pianos-bars et qui donne l’impression qu’il manquait à ses côtés un groupe de jazz féru pour suivre ses élans inspirés à son instrument. Il chante à la fois en français et en créole. Ce dernier étant plus martiniquais qu’haïtien, bien que les deux ne sont pas si étrangers les uns aux autres. Il offre de beaux moments même si ce n’est pas la musique la plus facile à digérer.
An Pierlé et La Lumière
An Pierlé est une autrice-compositrice-interprète belge qui a connu de grands succès puis des creux. Comme bien des femmes de son âge. On y retrouve une approche qui fait penser à Diane Dufresne chez nous, bien qu’elle est aussi musicienne. Elle déborde d’énergie et son interprétation est teintée d’une grande maîtrise de la scène et de la relation au public. Elle était accompagnée de musiciens fort capables : Gil Mortio à la basse, Nina Kortekass aux claviers, un guitariste dont le nom m’a échappé et Jao Lobo à la batterie. Sa pop est un peu datée, mais efficace et son interprétation équilibre le tout. En fin de concert, elle est passée de chanter sur scène, à chanter dans le public, à revenir sur scène pour terminer couchée sur scène en jouant des notes de trompettes comme à l’approche de la mort avant de se lancer dans une nouvelle folie musicale. C’était fort sympathique.
Trotski Nautique
Mon doux. Je n’étais pas prêt à Trotski Nautique. Le trio était assis face au public avant quelques claviers rudimentaires et quelques instruments pour nous présenter de la pièce qui joue sur un humour décalé. Pour donner une idée, la première pièce que j’ai entendue était présentée comme une pièce sur le cinéma et les premières lignes étaient : « S’il n’y avait pas eu de morale chrétienne / Marty McFly aurait pu niquer sa mère ». Un divertissement pour toute la famille comme on dit! Entre les pièces, le groupe répétait qu’il régnait une bonne ambiance, qu’il voulait remercier l’organisation (laquelle?) et qu’ils avaient des CD à vendre à 2 euros ( à perte). Je ne sais pas exactement comment traduire à quel point leur humour ironique est jouissif, mais je recommande vivement un concert de Trotski Nautique s’il passe au Québec.
On se reparle pour ma dernière journée de FrancoFaune.