Concerts

FMEAT 2014

_DSC1042Cette année, et ce pour la douzième édition, se tenait le Festival de musique émergente de l’Abitibi-Témiscamingue lors du long week-end de la fête du Travail. Je me suis donc sacrifié (ce n’est pas facile la vie) et j’ai traversé le Parc de La Vérenderye pour me rendre à Rouyn-Noranda.

Dès jeudi soir, les festivités étaient bien entamées. Après le 5 à 7 d’ouverture animé par DJ Michaël Bardier, je me suis retrouvé devant un Jimmy Hunt bien en forme qui a livré les pièces de Maladie d’amour avec une fougue délicieuse. Parmi les moments savoureux, on retient Marie-Marthe avec une fin de feu et les derniers moments du spectacle alors que Hunt et ses musiciens se sont lancés dans une improvisation musicale qui a fait dandiner bien des bassins. Puis, c’est Rich Aucoin qui a pris la scène principale pour livrer les pièces de son album Ephemeral qui paraîtra le 9 septembre prochain. Rapidement l’homme a conquis la foule. Aucoin est un showman doué qui crée une communion avec les gens présents. Accompagné d’un batteur, il est descendu maintes fois dans la foule, a chanté sur le toit d’une remorque et a littéralement «crowdsurfer». J’entends par là qu’il a embarqué sur une planche de surf qui a été portée par la foule. Un moment haut en émotion et en énergie.

Puis, sur une presqu’île offrant en spectacle une Rouyn-Noranda illuminée en pleine nuit, Dear Criminals a donné un concert devant une foule emmitouflée dans des couvertures. Un bonbon pour les yeux alors qu’ils nous servaient leur électro-pop intimiste. Enfin, au Cabaret de la dernière chance, Dany Placard venait présenter les pièces de Santa Maria à paraître sous peu. Sa première partie était officiée par les jeunes fous de Deux Pouilles en Cavale qui ont conquis rapidement la foule nombreuse avec leur rock déjanté. Puis Placard, après deux pièces, a enfilé le nouvel album dans son entièreté. Rapidement les gens chantaient en compagnie du sympathique barde barbu.

Vendredi, c’était au tour d’Antoine Corriveau de venir faire son tour au festival. Les cent premières personnes arrivées avaient même droit à un vinyle gratuit des Ombres Longues. Celui-ci d’ailleurs a fait plusieurs boutades sur la chose. Il a livré Le Nouveau Vocabulaire en duo guitare/violoncelle; un moment d’une grande beauté. Un concert authentique, chaleureux et généreux. Puis, Bernhari venait présenter les pièces de son premier album paru la semaine dernière. Plus rock qu’en version CD, la formation a donné une solide performance.

Les rockeurs des Indiens ont ensuite pris la scène le temps de nous envoyer un Tomahawk Chopper; leur reprise de Kashtin intitulée la Chanson du diable, une reprise passablement lourde de Repas Repus de Ponctuation et une nouvelle pièce. Les Belges de The Feather ont quant à eux conquis la foule présente à l’Agora des arts. Ils ont présenté les pièces de l’album Invisible qui, dans le décor de cette église désacralisée, prenait une ampleur majestueuse. Ils ont terminé sur la chanson-titre de l’album et ses «living forever» lancés avec une douce puissance. La formation était suivie de Fontarabie qui venait livrer la pop orchestrale de Julien Mineau. La soirée s’est clôturée sur Thee Silver Mount Zion qui a pris la scène Paramount. Le combo a été généreux en terme de temps, malgré que le tout sonnait un peu plus relâché qu’à l’habitude.

Samedi, l’après-midi commençait avec un concert de Mozart’s Sister déplacé à l’intérieur pour cause de pluie. En version duo, Caila Thompson-Hannant a livré son électro-pop avec intensité. Si la voix de la jeune femme était puissante, la trame musicale elle, n’arrivait pas à égaler celle de l’album. On sentait que certains éléments étaient parfois mis trop à l’avant. Ceci dit, elle s’est reprise avec une superbe prestation de Lone Wolf. Ensuite, c’est le groupe Propofol qui a pris la scène. Ceux-ci ont donné une performance enlevante qui a su conquérir bien des coeurs. La basse-piano (oui, oui, t’as bien lu l’ami) de Marie-Anne Arsenault était énergique alors que Jonathan Gagné joue de la batterie de manière inspirée.

Enfin, pendant l’apéro, Clément Jacques est venu livrer les pièces d’Indien, paru un peu plus tôt cette année. Plus lourde en version concert, le groupe a eu de bons moments, entre autres avec Manège. Pendant ce temps, au bar Le Groove, Ben Paradis Trio livrait son jazz funky à une foule nombreuse. Se faufiler à l’intérieur était toute une épreuve et je remerciais le ciel le jogging fait dans les derniers mois. Je me suis glissé à l’intérieur juste à temps pour Camping et La patate. Fidèle à son habitude, Paradis a charmé la foule et celle-ci s’est mise de la partie pour battre la mesure.

Samedi était aussi synonyme de soirée hip-hop. Ayant eu la chance de tendre l’oreille à l’album collaboratif d’Eman x Vlooper, j’attendais ce moment avec impatience. Serait-il capable de recréer sur scène le rythme qu’il tient sur l’album? Et bien la réponse est: «Un gros oui!». Eman a offert une prestation mémorable. Inspiré, rapide, concis et nuancé le rappeur de Québec nous a fait vivre un très bon moment. Par la suite, c’est Dramatik (ex-Muzion) qui est venu montrer ce qui ne s’acquiert qu’avec l’expérience. Celui-ci est rapidement devenu maître de la salle et d’une foule qui était pendue à ses lèvres. Puis enfin, c’est les nouveaux venus The Posterz qui ont fermé la marche avec leur rap inspiré de ce qui se fait chez nos voisins du sud. Si leur spectacle pouvait profiter d’un peu plus de rodage, les jeunes hommes tiennent des pièces intéressantes entre les mains. Un groupe qui sera à surveiller.

J’ai ensuite traîné ma carcasse à Pypy, en passant par Louis-Philippe Gingras, qui jouait à l’extérieur. Je connaissais la réputation d’Annie-Claude Deschênes sans jamais avoir la chance d’assister à un concert de la formation… et les rumeurs qui la précèdent étaient fondées. La jeune demoiselle est une bête de scène impressionnante. Pypy a donné un spectacle de grande qualité comme en témoignait le «mosh pit». Enfin, le tout se termina à la nuit électro où Millimetrik, accompagné d’un VJ et d’Alex Beaulieu (Les Indiens) sur trois pièces, a fait danser la foule. The Hacker et Surfing Leons ont pris la relève et ont fait danser les guerriers jusqu’aux premières lueurs de l’aurore.

Je peux vous dire qu’après trois jours de FMEAT, la levée du corps n’est pas chose aisée. Heureusement, les organisateurs ont pensé faire commencer la dernière journée en fin d’après-midi. Une attention que tous ont appréciée. La Salle de la légion accueillait le lancement de Mentana et la horde de mondes qui venait avec. Dans une salle comble, le groupe est venu présenter les pièces de Western Soil qui paraîtra cette semaine. Le charisme de Robin-Joël Cool est indéniable et la bande a livré les pièces entrecoupées d’histoire de petits cactus, de char abandonné au Texas et autres récits comiques. Ceux-ci ont eu droit à de chauds applaudissements et une ovation debout.

Puis, devant Chez Morasse (institution de la poutine abitibienne) Laetitia Shériff a donné un concert impromptu. La Française a rapidement attiré l’attention alors qu’elle livrait les pièces d’un album à paraître en octobre prochain. Celle-ci mélange les influences rock, punk et pop de manière habile et nous a offert toute une performance. Elle sera en spectacle au Divan Orange ce soir même et demain au Cercle à Québec, et je vous le recommande chaudement.

Alors que je croyais avoir eu le droit à ma part de moments musicaux marquants, Owen Pallett est venu tout chambouler. D’abord seul sur scène, puis rejoint par un guitariste et un batteur, le jeune homme a fait vivre un moment féerique aux mélomanes présents. Un moment d’une extrême beauté et d’une puissance magnifique. Pour vous donner une idée, celui-ci se faisait ovationner après chaque chanson. Sans exception. Un spectacle mémorable où il a attaqué autant des pièces d’In Conflict, paru plus tôt cette année, que le reste de son répertoire. Que dire du batteur Robbie Gordon (gros merci à Marie-Ève Muller et Émilie Rioux de CHYZ FM) qui n’est rien de moins qu’une machine derrière son instrument. Puis, c’est Daniel Bélanger qui est venu terminer la tournée Chic de ville de belle manière. En plus, d’envoyer les pièces de son dernier album, il a gratifié la foule de quelques classiques remixés dont une version rockabilly de Cruel (Il fait froid, on gèle) et Le Parapluie chanté à parts égales par Bélanger et la foule. Celui-ci était définitivement de bonne humeur et s’amusait ferme avec son humour absurde entre les pièces.

Enfin, c’était Ought qui fermait la marche au Cabaret de la dernière chance. Les jeunes punks étaient excellents, même si le son n’était pas très puissant. Ceci dit, les jeunes hommes ont livré avec fougue les pièces de …More Than Any Other Day et ont définitivement fait de nouveaux adeptes en cours de route.

Encore une fois cette année, le FMEAT nous a fait vivre des émotions fortes. Comme chaque année tout s’est déroulé dans la joie et l’allégresse. Le signe d’une organisation structurée et solide qui compte sur l’appui d’une équipe de bénévole dédiée et généreuse. Merci Rouyn! Tu m’as fait passer quatre jours de joie musicale et de moments magiques.

Coups de coeur:

Rich Aucoin, Propofol, Eman x Vlooper, Laetitia Shériff, Daniel Bélanger et Owen Pallett.

christianleduc.zenfolio.com/fme2014

www.fmeat.org/

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