FME 2018 : jour 4
Alors que le cœur de Rouyn-Noranda bat au rythme du FME, c’est déjà la dernière journée du festival qui s’en vient. Une belle programmation pour cette ultime journée avec, outre la nuit métal, une tendance électro-pop rêveuse qui se dégageait dans ce dimanche radieux.
Dans le secret des dieux
L’une des originalités de ce festival, c’est la présence de shows secrets disséminés un peu partout dans la ville. Le nom de l’artiste se produisant n’étant révélé, en général, qu’un peu avant le spectacle.
Il est presque 13 h et je viens de recevoir une alerte disant que Chances joue au Parc Botanique. En effet, le groupe montréalais s’est installé au milieu d’un joli kiosque en bois, entouré d’arbres verdoyants jouxtant le lac. Car c’est aussi ça le FME, plus que des concerts, ce sont de véritables expériences dans un cadre idyllique. Tout de rouge vêtus, les trois membres de Chances prennent place derrière leurs instruments. Le batteur au milieu et les deux chanteuses se faisant face. Sans transition, la formation attaque par Unlock The Rhythm, la première chanson de leur dernier opus Traveler. Aussitôt, des sonorités rappelant les chants antiques traditionnels s’entremêlent avec le son des claviers très aériens et le rythme lancinant de la batterie. C’est agréable, ça nous emporte tout de suite pour nous laisser retomber seulement à la fin du concert. Les chansons s’enchaînent, et je dois dire qu’en plus de compositions très inspirées, les harmonies de voix sont tout simplement superbes. D’ailleurs en guise de rappel, les deux chanteuses interpréteront un titre a cappellaqui laissera l’assistance fébrile et admirative. Un beau moment.
16 h 30, un autre spectacle caché, celui du duo belge Rive, au bord du lac (ça ne s’invente pas). Le groupe est visiblement heureux de son passage au Québec. Rive distille une pop-électro planante assez plaisante, idéale pour attaquer l’après-midi en douceur. Malheureusement, il est temps de quitter après quelques chansons, car c’est le début des 5 à 7 musicaux.
Je me dirige donc vers le pub L’Abstracto pour y écouter Félix Dyotte. Cool : s’il devait n’y avoir qu’un seul mot pour décrire le son et l’attitude du chanteur entourés de ses musiciens. L’artiste délivre ses compositions folk-pop dans une ambiance très relaxe. Petit bémol, la voix est très en arrière, ce qui fait qu’on a du mal à discerner les paroles et parfois même le chant. Ce qui n’empêchera pas le public de passer un moment très plaisant.
Un long dimanche de métal
On se rapproche de 21 h et du début de la nuit métal, mais malheureusement parfois dans la vie, il faut faire des choix et je me décide à aller voir le groupe français Holy Two suivi du duo montréalais Milk & Bone pour ensuite assister à la prestation de Cattle Decapitation. Mais chaque chose en son temps.
Résolument, les deux groupes étaient faits pour se rencontrer et partager une scène. C’est Holy Two qui lance les hostilités avec puissance et notamment la pièce Undercover Girls. La chanteuse est en feu, elle assure avec une présence scénique marquante et maîtrise sa voix à la perfection. Elle oscille parfois entre le presque lyrique et les intonations reggae muffin. Associée au jeu de lumière, la prestation du groupe est hallucinante et le public est haletant à la fin du concert. Quelle énergie! Holy Two a vraiment placé la barre haute pour cette introduction. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Car c’est au tour du duo Milk & Bone de prendre place sur la scène. La proposition du groupe est sympathique et travaillée, mais une mise en scène un peu trop statique et des rythmes redondants font retomber un peu le soufflé. C’est très carré, mais ça tourne un peu en rond malgré de beaux moments mélodiques parfois.
Métal hurlant
Direction le petit théâtre pour assister au spectacle du groupe californien, Cattle Decapitation. Le groupe de grindcore végan est énervé et entend bien le faire savoir. Chaque musicien maîtrise à la perfection son instrument notamment le batteur qui se laisse aller à la double pédale comme un forcené. La musique de Cattle Decapitation est intense, mais reste néanmoins mélodique. La voix schizophrénique du chanteur aide beaucoup, car celui-ci alterne growl et chant caverneux avec une voix aiguë presque stridente, si bien qu’on croirait entendre deux chanteurs se répondre sur scène. Petit moment savoureux lorsque le chanteur qui lance un crachat en l’air pour le rattraper avec sa main et l’ingurgiter à nouveau. Le recyclage, ça commence par des petits gestes.
En route pour la Cabaret de la Dernière Chance pour assister à la dernière prestation de la soirée avec le groupe de stoner The Death Wheelers. Look motard, barbes et cheveux longs, le quatuor donne immédiatement le ton. En dépit d’une légère fatigue générale qui se fait sentir dû à quatre jours de FME intense, le groupe réussit l’exploit, avec sa bonne humeur et ses chansons de road-rock instrumentales, de maintenir le public alerte. Certains iront même jusqu’à faire aller leur tête et leur crinière en avant de la scène. On notera que malgré une certaine décontraction apparente des musiciens, le set est impeccable et la technique au rendez-vous. Une belle découverte pour finir la soirée.
Ainsi se concluent quatre jours intenses de musiques, de partage et d’amour dans la charmante ville de Rouyn-Noranda. Une belle édition du FME qui restera dans les mémoires. Demain, huit heures de route nous attendent et il est temps de (faire le party) se reposer.
Mes coups de cœur :
Karkwatson et Chances
Une belle découverte :
Valery Vaughn sans aucun doute!
LP Labrèche fait dire pour sa part,
Ses coups de coeur:
J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises pendant Karkwatson. C’était puissant et le plaisir des musiciens sur scène était palpable. C’est toujours beau à voir.
TEKE::TEKE me faisait déjà tripper en EP, là en live, c’était la folie. J’ai dansé pendant tout le spectacle malgré la chaleur suffocante.
Qualité Môtel que j’ai attrapé en 5 @ 7 et en prestation à 2h du matin pour fermer la marche du festival. J’ai dansé ma vie. C’était parfait. Tout ce qui est à retenir c’est que c’est pas du romarin, c’est du basilic!
Une belle découverte:
Nakhane est un artiste à surveiller sans aucuns doutes. De grosses mélodies, de la voix incroyable et de la présence scénique assez unique. The Death Wheelers qui font semblant d’être les pires mottés, mais qui sont beaucoup trop tights sur leurs instruments pour être aussi idiots.
Merci le FME. Encore une fois, t’as rempli mes oreilles de bonnes musiques, tu m’as fait faire de belles rencontres musicales comme humaine et t’as rempli mon petit coeur d’une joie surdimensionnée avant la rentrée. On se revoit l’année prochaine sans faute.