L’acteur américain Jeff Goldblum, mieux connu pour ses rôles dans Jurassic Park et The Fly, était de passage au Festival international de Jazz de Montréal le 30 juin dernier. Son court séjour dans la métropole québécoise était l’un des arrêts de la tournée de son nouvel album Still Blooming.

C’était avec hâte que j’allais m’aventurer dans cette mystérieuse idée de voir le populaire acteur sur scène lors d’un festival de jazz. Bien franchement, j’ignorais qu’il soit aussi un artiste musical. Bon, il est clair que son casting dans l’adaptation cinématographique de la comédie musicale Wicked aurait pu me donner la puce à l’oreille, mais, en même temps, ils ont aussi donné le rôle de Madame Morrible à l’actrice récemment oscarisée, Michelle Yeoh, inconnue de la scène musicale, alors bon…

Nous avons été grandement accueillis par une fouille digne d’un aéroport, à l’entrée de la salle Wilfrid-Pelletier. De quoi apporter une certaine émotion d’incertitude et de questionnement face à la sécurité du festival, ou enfin peut-être que ce ne serait qu’à cause que le concert faisait place à une grande star américaine. Beaucoup de confusion a été ressentie par les spectateurs à cet égard. Qu’importe! 

Avant même que Goldblum n’effleure les touches de son piano, la soirée a été ouverte par Tyreek McDole, un jeune chanteur floridien au talent saisissant. Voix chaude, articulation impeccable, et présence élégante. McDole a su captiver l’attention du public. Ses interprétations ont communiqué une énergie raffinée qui a parfaitement lancé le spectacle. Il était sans conteste l’une des très belles surprises de la soirée, et l’un des moments forts.

Puis arriva Goldblum, impossible de ne pas succomber à l’énergie contagieuse de l’acteur. Il ne joue pas seulement du piano : il anime, il charme, il bavarde avec le public comme s’il était dans son salon, un verre de whiskey à la main et un éclat de rire prêt à jaillir. Ses anecdotes, ses improvisations, ses regards complices. Tout contribue à créer une ambiance chaleureuse et intime, presque cabaret. Il faut lui reconnaître un charisme indéniable, un vrai sens du spectacle et un amour sincère pour la musique.

Cependant, malgré cette énergie bon enfant, le concert peine parfois à maintenir l’attention. Le répertoire jazz choisi en est pour cause. Souvent classique, parfois trop lisse, il manquait un peu de variété ou de moments forts. Les morceaux, bien exécutés, mais sans réelle prise de risque, finissent par se fondre les uns dans les autres, surtout pour ceux et celles qui connaissent déjà l’album. À plusieurs reprises, j’ai senti l’ennui s’installer doucement, comme une note tenue un peu trop longtemps. Je pense que ce sentiment était partagé à voir d’autres spectateurs quitter la salle avant la fin du concert. Ce n’est pas tant une question de talent (les musiciens du Mildred Snitzer Orchestra sont tous excellents), mais plutôt une absence de tension dramatique dans le déroulement du spectacle. 

Le charme de Goldblum est là, mais il ne suffit pas toujours pour masquer le fait qu’on assiste davantage à une soirée sympathique entre amis qu’à un moment musical marquant. Pour les amateurs de jazz pur, l’expérience reste agréable, mais un peu sage. Quant aux adeptes de l’acteur, c’est un joli moment de proximité avec leur idole, sans promesse de vertige musical.

Pour conclure, Jeff Goldblum nous a offert une soirée généreuse et élégante, remplie de sourires et de swing… mais qui aurait peut-être gagné à prendre plus de risques. Une performance charmante, mais pas inoubliable.

Crédit photo: Eugénie Pigeonnier