Quiconque s’est déjà frotté à l’œuvre du cinéaste sait bien que la musique, particulièrement le rock, tenait une place importante dans son processus créatif.

Hier soir, c’est au Wilfrid-Pelletier que Beyries et Alex Vallée, le fils de l’autre, avaient convié les amateurs de musique et du cinéaste Jean-Marc Vallée pour plonger dans une passion qui lui tenait à cœur. Rappelons qu’il est parti beaucoup trop tôt en 2021. Le concert était mis en scène par Marc-André Grondin, ami et collaborateur du cinéaste. S’il y a une chose de sûre, c’est que l’amour envers le cinéaste était au rendez-vous à la Place des Arts hier.

Dans les beaux flashs de mise en scène, les moments d’entrevue de Jean-Marc Vallée qui intervenait entre deux chansons à l’occasion permettaient de faire couler ce concert qui comptait de nombreux invités. Comme c’est souvent le cas dans les concerts de variétés, il y avait certaines inégalités, mais dans l’ensemble ça tenait la route. Notamment en raison du groupe-maison particulièrement efficace composé d’Alexis Dumais au piano, Joseph Marchand à la guitare, Fabienne Gilbert à la basse et Jean-Phi Goncalves à la batterie. Le Quatuor Esca, Nic Boulay et Matthieu Van Vliet donnait de la profondeur avec des cordes et des cuivres. Notons aussi la présence d’un chœur formé de Marie-Christine Depestre, Mariève Proulx et JP Loignon mené par Franck Julien. Ce dernier a aussi livré une interprétation impeccable de Cold Little Heart de Michael Kiwanuka. Son grain de voix est tout simplement fait sur mesure pour la chanson et son interprétation était sans failles. Ce fut l’un des meilleurs moments musicaux de la soirée.

La fête

En plus de la finale, où tous les interprètes se sont réunis, il y avait une certaine notion de fête qui habitait l’événement. On était loin de la lourdeur des derniers au revoir. Il faut dire aussi qu’il y avait du talent à la pelletée sur scène. Pilou a épaté la gallerie avec son excellente performance de River de Leon Bridges. Martha Wainwright a aussi frappé dans le mille avec ses deux pièces, mais particulièrement avec Bloody Mother Fucking Asshole. Patrick Watson a eu de beaux moments entouré de la chorale des Petits chanteurs du Mont-Royal pour The Great Escape. Après une anecdote touchante sur sa relation amicale avec Jean-Marc Vallée, Alexandra Stréliski a livré Plus tôt et Le départ avec finesse.

Elisapie a opté pour Navvaatara qui avait joué dans Café de Flore et pour Crazy de Patsy Cline. Pîerre-Luc Brillant c’est aussi très bien tiré d’affaire en interprétant Space Oddity de David Bowie puis Wish You Were Here de Pink Floyd.

Maxime Le Flaguais a slamé Hier encore, dans un moment où des images de Jean-Marc Vallée, mais aussi de son père Michel Côté qui est décédé il y a un peu plus d’un an, défilaient. C’était touchant. Tout comme pour Alex Vallée qui n’a certainement pas une carrière musicale devant lui, mais qui a livré I’m Loosing You de John Lennon avec passion. Thom Yorke s’est peut-être réveillé en sueur quelque part en Angleterre quand il a senti que les Petits chanteurs du Mont-Royal chantaient Creep (en censurant un gros mot en plus). Drôle de choix si Jean-Marc Vallée était fan de Radiohead. En MC de la soirée, Beyries s’est bien tirée d’affaire liant les différents moments musicaux et assurant un déroulement fluide. D’ailleurs, à ce chapitre, l’équipe qui a créé le concert s’est assurée que ça progresse continuellement. Du bon travail de mise en scène et de direction artistique.

Comme dirait la madame à côté de moi en se levant de son siège pour quitter le Wilfrid-Pelletier : « Mon doux, c’était un bien beau spectacle. »

Crédit photo: Victor Diaz Lamich / FIJM