FIJM 2022 | jour 1 : Makaya McCraven, Immanuel Wilkins, Tash Sultana et Hologramme
En cette soirée d’ouverture de la 42e édition du Festival de Jazz de Montréal, dans une Place des Arts plus fourmillante que jamais, c’est Tash Sultana qui fut chargé.e de partir le bal, mission qui fut accomplie avec brio. Outre ce flamboyant spectacle, la présence de Makaya McCraven, de Immanuel Wilkins et d’Hologramme a retenu l’attention.
Photos par Alexanne Brisson
C’est déjà la troisième année que j’assiste au Festival en tant que rédacteur et chose que je puisse dire c’est que cette programmation est l’une des plus intéressantes auxquelles j’ai pu assister dans ma jeune vie!
Makaya McCraven
Bien qu’il me soit impossible de retracer le moment précis de cette découverte, Makaya McCraven est pour moi un génie des percussions et c’est avec un énorme sourire au visage que je me suis déplacé au Gesù pour assister une seconde fois à l’une de ses prestations. À l’origine, il devait être accompagné de Madison McFerrin, mais pour quelconque raison, la chanteuse n’a pas pu se joindre au quatuor dans lequel figurait notamment le saxophoniste Immanuel Wilkins. À mon ouïe, la petite déception liée à son absence a rapidement été comblée par cette performance hyperactive et imprévisible, deux mots dignes des compositions du jazzman américain. De longues progressions expérimentales suivies d’une explosion free jazz où la basse, la trompette, le saxophone et de multiples percussions se juxtaposent pour créer un environnement sonore d’une grande qualité. Parmi les éclats notables, on retrouve l’agencement des cuivres, la performance du bassiste qui utilisait également son instrument comme percussion et la présence métronome de McCraven. Somme toute, une réussite!
Immanuel Wilkins
Je ne m’attendais pas à voir Immanuel Wilkins deux fois en une soirée, mais je me doutais que ce serait bien différent sachant que cette fois-ci, c’est ce dernier qui se trouvait en avant-plan. Sur la scène Molson, accompagné d’un contrebassiste, d’un pianiste et d’un percussionniste, ce dernier a offert un moment empreint de douceur avec des compositions enveloppantes qui ont fait un heureux mariage avec le soleil couchant. Ce qui a retenu mon attention, c’est l’équilibre des instruments : certains moments laissaient toute la place au jeune saxophoniste alors que d’autres permettaient aux trois autres musiciens de se mettre un peu plus en scène. Lorsque Wilkins ne jouait pas, il se positionnait à l’arrière afin que l’on puisse porter notre attention sur ces acolytes qui se complémentaient sans failles et ce, qu’importe la place occupée dans l’espace.
Tash Sultana
Plus l’heure approchait, et plus on sentait la fébrilité animer la fourmilière. Des milliers d’êtres attendaient impatiemment la venue de l’artiste d’origine australienne, qui, par sa popularité grandissante, rejoint un public hétérogène. Dès les premiers instants du spectacle, j’ai été ensorcelé par l’immense talent de l’artiste multi-instrumentiste. En solo dans son terrain de jeu, un peu à la manière de FKJ, Tash Sultana était entouré d’une poignée d’instruments qu’iel manipulait pour créer des boucles. La plupart du temps avec sa guitare en main, iel nous a montré l’étendue de son talent en jouant également des percussions, de la trompette, de la flûte et du saxophone en plus de ses multiples machines. Le tout était tantôt groovy, tantôt planant aux allures surf rock reggae dub qui donnaient envie de se déhancher, tout en conservant un œil bien attentif vers la scène principale du festival pour ne rien manquer du magnifique visuel et des multiples déplacements de l’artiste. En ce qui concerne sa voix, bien qu’il était parfois difficile de reconnaître les paroles, son registre de tonalités m’a impressionné. Somme toute, au travers de son concert figurant Jungle, Notion et Crop Circles, certains passages m’ont paru redondants, mais nul doute que Tash Sultana a offert une prestation digne de son génie créatif.
Hologramme
En fin de soirée, je me suis dirigé sur l’Esplanade de la Place des Arts pour assister au spectacle de Clément Leduc, alias Hologramme. En compagnie de deux amis musiciens, ils ont joué plusieurs compositions qui, tout comme Tash Sultana, ont donné envie de danser. Cette petite scène qui accueille des artistes issus de la communauté montréalaise m’a semblé parfaite pour accueillir un tel spectacle, quoique les compositions d’Hologramme ont clairement plus d’effets dans un lieu où l’acoustique est plus raffinée. Avec la présence surprise de Claudia Bouvette, d’AG Kone et de Geoffroy, le spectacle a pu prendre plusieurs tournures, ajoutant des teintes bigarrées au jardin musical de cette première journée du Jazz.
Crédit photo: Alexanne Brisson