Concerts

FIJM 2018 – Archie Schepp 30.06.18

Troisième soirée de FIJM avec Wray Downes et Archie Schepp.

 

Wray Downes

Une légende du jazz était précédée d’un power trio de conservateurs endurcis hier à la maison symphonique. Autrement dit, Wray Downes faisait la triste première partie d’Archie Schepp, et je ne vous décrierai pas mon soulagement quand ça s’est enfin terminé. Les trois hommes en veston cravate nous ont mal interprété du vieux swing pendant un énorme cinquante minutes. La grossièreté de l’interprétation des trois instrumentistes leur manque d’écoute et l’étroitesse et l’ancienneté endormante de leur site stylistique m’ont franchement donné le goût d’aller me louer un sac de couchage permanent à la Casa del Popolo.

Je ne comprends pas comment un tel trio peut être programmé ailleurs qu’à l’Upstairs. Le pianiste jouait avec autant sinon moins de finesse que la grande majorité des étudiants en jazz que j’ai entendus, le bassiste faussait, ne savait pas se servir d’un archet et poussait les walkings les plus génériques et chancelants que possible, et le batteur, bien qu’il n’était pas mauvais à faire ce qu’il faisait, il était très inégal dans son jeu, qui n’avait de toute façon aucune personnalité. Leur jazz trépassé avait comme seule consolation, sa place dans ce gigantesque musée inavoué.

Archie Schepp

Archie Schepp s’est lentement approché du centre de la scène vingt minutes plus tard du haut de ses 81 ans. L’apparence qu’il dégageait pendant ce moment était complètement contre-intuitives, compte tenu de la puissance que son saxophone et celle de sa voix a laissé entrevoir peu après. Bon, ça se voyait qu’il n’avait plus les 27 ans de Four for Trane, mais il est étonnant de voir à quel point son jeu est préservé. Le sax n’était malheureusement pas assez fort à mon goût, un peu à cause du technicien de son, mais beaucoup à cause de son batteur, qui en mettait un peu trop. Ce n’était pas dramatique néanmoins, surtout qu’il faisait un duo de feu avec le pianiste, qui lui-même faisait la job en titi en tant que section rythmique. Pour les solos, c’était plus inégal, mais pas mauvais pour autant. Il y avait une relativement belle chimie entre les trois musiciens qui accompagnaient Schepp, qui pouvait se distancer un peu de leur contact visuel vu le caractère un peu impressionniste de son jeu et la découpe très inégale et presque arythmique de ses phrases (au saxophone).

J’aurais préféré une section rythmique un tantinet un peu plus moderne, mais ça ne détériorait pas l’expérience, vu qu’ils étaient d’excellents musiciens — le batteur a tout un swing en tout cas. Vraiment, c’était un spectacle assez réussi, bien qu’un peu conservateur à mon goût, compte tenu de ce que je sais et que j’aime de Schepp… Mais bon, c’est peut-être la première partie qui a handicapé ma capacité à apprécier de la vieille musique. Mettons que René Lussier va me remettre les idées en place demain soir.

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